Ouvrir un espace d'information et de veille stratégique en Afrique sur les télécommunications et les TICs. Promouvoir les échanges entre les acteurs qui s’intéressent à la convergence, le droit, l’économie, la veille concurrentielle, les réseaux, la stratégie des opérateurs et l'intelligence économique en télécommunications et TIC. Echanger et s'informer pour suivre l'évolution des communications électroniques qui sans cesse subissent la vitesse du changement.

30 juin 2008

Western Union : le transfert de fonds mobile prend forme et risque de doper la concurrence sur le sujet !

La GSMA et Western Union annoncent une collaboration sur un cadre technique mis à disposition des opérateurs pour développer les services de paiement mobile.

L'activité mobile bancaire est un axe que les experts estiment crucial pour le développement de l'activité économique des marchés émergents. Là où les infrastructures bancaires manquent, le téléphone portable pourrait assurer un certain nombre de transactions sécurisées, facilitant ainsi la création d'un tissu économique local.Mais la question d'un cadre technique commun reste posée, notamment pour les transactions allant d'un pays à un autre ( transfert d'un salaire à une famille restée au pays, par exemple ). C'est pour apporter un début de réponse à ce problème que la GSMA, organisation regroupant 700 opérateurs, et Western Union, spécialisée dans les transferts de fonds, viennent d'annoncer une collaboration pour faciliter l'accès et la mise en place par les opérateurs d'une solution de transfert d'argent via mobile.Développer les économies locales
Ces transferts d'argent transfrontaliers constituent l'un des aspects de la banque mobile que souhaite développer la GSMA et représente une opportunité pour la stratégie mobile de Western Union. Le cadre technique et réglementaire proposé permettra aux clients des opérateurs mobiles participants de disposer d'un moyen simple et rapide de transférer de petites quantités d'argent au travers d'un système contrôlé, qui se posera en extension du réseau d'agences Western Union présentes dans 200 pays.

" Les réseaux mobiles couvrent désormais 80% de la population mondiale et 3 milliards de personnes disposent d'un téléphone portable, ce qui représente une opportunité sans précédent pour étendre les services bancaires à un très grand nombre de familles dans le monde ", estime Rob Conway, CEO de la GSMA.
" Les transfert de fonds mobiles sont un élément clé du développement d'un immense marché pour les services bancaires sur téléphone portable ", poursuit-il. Et le choix d'une alliance avec Western Union n'est pas anodin puisque l'institution bancaire a traité 17% du volume mondial des versements en 2006.

Un point d'accès dématérialisé

L'idée est de laisser les opérateurs accéder au système de transfert d'argent de Western Union et d'utiliser une application faisant office de portefeuille mobile pour assurer les échanges de personne à personne, tandis que Western Union gérera les transformations de l'argent physique en argent mobile et inversement dans ses 312.000 agences.35 opérateurs, représentant 800 millions de clients et 100 pays, participent au programme Mobile Money Transfer de la GSMA, avec la supervision d'un conseil comprenant des représentants des opérateurs Bharti Airtel, MTN, Orange, Orascom, Smart, Telenor et VimpelCom.
Le programme Mobile Money Transfer devrait aboutir à de premières réalisations commerciales dès le deuxième trimestre 2008, en Inde notamment.



Après Mc Donald, le paiement par mobile sur les distributeurs Coca au Japon

Coca-Cola Japan a annoncé qu'il allait équiper ses distributeurs dès le 31 octobre prochain, d'un système de paiement par mobile sans fil développé par les groupes NTT DoCoMo et Sumitomo Mitsui Card.
Il sera donc possible de payer ses boissons grâce à la puce Felicia qui permet de régler ses achats en effleurant le terminal à une distance de 10 centimètres au maximum. Le montant est ainsi directement prélevé sur le porte-monnaie préalablement rechargé de l'usager. Il peut également être prélevé sur le compte bancaire du client en paiement différé et règlement mensuel.
D'ici fin 2006, ce seront 10.000 distributeurs qui accepteront les paiements grâce aux mobiles et d'ici fin 2008, Coca-Cola espère avoir déployé ce système sur 200.000 appareils. Le groupe compte 980.000 machines au Japon. A la fin 2005, le Japon recensait 2,77 millions de distributeurs de boissons, ce qui laisse entrevoir un potentiel important, car il est beaucoup plus rentable pour des sociétés comme Coca-Cola d'accepter les paiements électroniques que de gérer la maintenance des pièces.

16 juin 2008

Législation numérique au Sénégal : Tidiane Seck, Directeur de l’ADIE (Agence De l’Informatique de l’Etat)



« La règlementation assure les garde-fous nécessaires aux abus pouvant mettre en danger la liberté individuelle, l’intégrité des mineurs, et la viabilité du commerce électronique ».

La Sentinelle : quelles sont les motivations de la nouvelle réglementation intervenue dans le secteur des TICS au Sénégal. ?

Tidiane SECK : Le nouveau cadre juridique des TIC au Sénégal répond à plusieurs exigences :


D’abord c’est un préalable à une société de l’information inclusive. Cette société nouvelle est à la fois le lieu de toutes les opportunités offertes notamment par l’Internet et de toutes les menaces à cause de l’anonymat lié à l’usage du net.
Ensuite pour des raisons évidentes liées à la protection des plus faibles. La règlementation assure les garde-fous nécessaires aux abus pouvant mettre en danger la liberté individuelle, l’intégrité des mineurs, et la viabilité du commerce électronique.
En outre pour ce qui concerne les transactions, les documents et la signature électroniques, il s’agit d’une véritable révolution car les impacts seront très importants dans le fonctionnement de l’administration et dans les relations commerciales entre les acteurs économiques.
Enfin le nouveau cadre juridique contribuera à l’amélioration de la sécurité juridique de notre environnement des affaires, ce qui aura pour conséquence l’accroissement de l’attractivité du Sénégal pour les investisseurs étrangers.

La Sentinelle : Quelle sera concrètement la forme de collaboration à mettre en place entre la justice et les FAI pour appréhender les « délinquants électroniques » ?


Tidiane SECK : Les FAI doivent s’imprégner du nouveau cadre juridique et prendre les mesures idoines dans les cyber café et les services d’hébergement pour tout simplement être en phase avec les nouvelles lois.
Ainsi, la collaboration avec la justice pourra se faire au plan national et international. C’est pourquoi il est fondamental d’harmoniser les législations afin rendre opérationnelle la traçabilité des actes et transactions électroniques.


La Sentinelle : Apres la règlementation des Tics, quel est le prochain défi de l’ADIE face à l’économie numérique ?


Tidiane SECK : Il y a plusieurs défis à relever. Il faut tout d’abord parachever le déploiement de l’infrastructure TIC à l’échelle nationale pour permettre à la grande majorité des agents du service public d’accéder à l’administration électronique. Ensuite il faut poursuivre l’évolution du site web des démarches administratives pour arriver à la mise en ligne intégrale des formalités administratives les plus utiles aux usagers afin de déplacer la citoyenneté du building aux populations.


AGN
(Source : African Global News, 6 juin 2008)

02 juin 2008

L'Arcep prudent sur la riposte graduée (LOI HADOPI)


Après les députés européens et plusieurs associations de consommateurs, c'est au tour de l'Arcep de pointer du doigt
le projet de loi prévoyant une riposte graduée pour les internautes coupables de téléchargements illicites. Le texte, rédigé sur la base des recommandations du rapport Olivennes, prévoit notamment de suspendre l'accès au Web des abonnés. Une coupure pouvant durer un an. Selon l'ARCEP, cette mesure ne saurait être mise en place dans la précipitation. Il convient alors, « au regard du principe de sécurité juridique », d'instaurer un délai avant de rendre applicables les sanctions qui seront prévues par le législateur.
Derrière cet avis de l'Arcep, publié par nos confrères des Echos, pas de critique sur le fond. L'idée du régulateur n'est pas de dénoncer l'éventuelle iniquité de la riposte graduée, mais de contribuer à ce que les FAI disposent d'assez de temps pour s'organiser. La suspension des abonnements des internautes adeptes du téléchargement illicite nécessitera en effet la collaboration des fournisseurs d'accès, notamment pour repérer les indélicats et conserver les logs de connexion.

De même, l'Arcep rappelle qu'il ne saurait être question que d'une suspension de l'accès à Internet et pas des formules triple play dans leur intégralité. Si le surf est rendu impossible, les services de télévision et de téléphonie sur IP devront donc perdurer. En avril, les eurodéputés s'étaient montrés moins tendres face à la riposte graduée française.
Ils votaient ainsi en faveur d'un amendement à un rapport pressant les Etats membres d'éviter « l'adoption de mesures allant à l'encontre des droits de l'Homme, des droits civiques et des principes de proportionnalité, d'efficacité et d'effet dissuasif, telles que l'interruption de l'accès à Internet. »

Dépêche : « l’ARCEP demande un délai d’application de la loi HADOPI »


Nouveau rebondissement dans l’affaire du projet de loi HADOPI. L’ARCEP, ancienne Autorité de régulation des télécommunications, vient en effet de demander au gouvernement un délai d’application de la loi « Création et Internet », qui devrait être présentée en Conseil des ministres le 11 juin prochain.

Raison invoquée : les FAI auront besoin de temps pour mettre en place tous les dispositifs prévus dans le projet de loi. Mise à jour des systèmes informatiques, prélèvement quotidien des adresses IP des internautes ou encore recherche d’un nouveau procédé permettant de couper l’accès à Internet sans rompre les services de téléphonie ou de télévision par ADSL ; autant dire que les FAI ont du pain sur la planche. L’Arcep porte donc un nouveau coup au projet de loi HADOPI, déjà fortement malmené.

Viviane Reding appelle la France à plus de concurrence


Viviane Reding, Commissaire européenne à de la société de l'information et des médias, ouvre demain à Paris les Assises du numérique, aux côté de Eric Besson, secrétaire d'Etat chargé de la prospective, de l'Evaluation des politiques publiques et du développement de l'Economie numérique.
Ces assises, dont l'Usine nouvelle est partenaire, contribuent à l'élaboration du plan national de développement de l'économie numérique, qui doit être présenté au plus tard le 31 juillet.En avant première pour l'Usine nouvelle et usinenouvelle.com, elle livre ses pistes de réflexion pour développer l'usage des nouvelles technologies dans les entreprises. Quitte à bousculer le gouvernement français à elle demande plus de concurrence dans le secteur des télécommunications.


En Europe, et en France en particulier, les rapports succèdent aux commissions. Et pourtant nous faisons toujours le même constat : nous sommes en retard par rapport à nos principaux compétiteurs. A qui la faute : aux Etats ou aux entreprises ?


Viviane Reding : Permettez-moi tout d'abord d'exprimer tout de suite mon désaccord avec ce constat. L'Union européenne et particulièrement la France, ne sont pas du tout en retard en matière de nouvelles technologies et de télécommunications, bien au contraire ! Les dernières sources montrent que le haut débit se porte très bien en Europe: huit Etats membres devancent les Etats-Unis en termes de pénétration et quatre d'entre eux, le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas et la Suède, occupent les premières places mondiales avec des taux de pénétration supérieurs à 30%. Ces pays maintiennent nettement leur position de leaders mondiaux, loin devant la Corée, les États-Unis ou le Japon. Le chiffre d'affaires du secteur haut débit représente par ailleurs 62 milliards d'euros. Enfin, le nombre de lignes à haut débit dans l'UE est de 99 millions, soit 23,8 % de plus que l'année précédente et 20 % de la population européenne y a maintenant accès.
En ce qui concerne la France, je constate avec satisfaction que le marché du haut débit se développe bien. La France est dans le peloton de tête avec un taux de pénétration de plus de 23% en octobre dernier. J'ai aussi observé une baisse des prix et des offres de services plus variées. Le défi pour la France est maintenant de faire évoluer son modèle vers la fibre et le très haut débit. Loin de moi donc, l'idée de blâmer les Etats ou les entreprises. Notre avenir dépend de plus en plus fortement des nouvelles technologies; agissons en conséquence et construisons un marché unique européen qui soit encore plus performant et compétitif et qui réponde aux nouveaux défis de l'ère numérique.


Quels freins faudrait-il lever pour que les entreprises investissent davantage dans leurs outils ?


Viviane Reding : 2007 a été la 5ème année consécutive de croissance des investissements dans le secteur des télécommunications en Europe. Ils ont représenté plus de 50 milliards d'euros, soit un chiffre similaire à celui des Etats-Unis, et supérieur à celui de la Chine et du Japon réunis. Là encore, l'Europe fait preuve de dynamisme. Mais ce n'est pas suffisant, d'où mes appels répétés pour supprimer les obstacles à la concurrence en Europe.

C'est la concurrence entre les entreprises qui les poussera à investir davantage. Prenons par exemple le marché mobile : même si les tarifs de terminaison mobile ont baissé en 2007, ils varient toujours fortement d'un Etat à l'autre allant de 1,9 centime d'euro/minute à Chypre à 22 centimes d'euros en Estonie. En France, on a constaté des réductions de l'ordre de 20%, ce qui est significatif et très positif. En revanche, le taux de pénétration mobile en France (82%) reste en-dessous de la moyenne européenne (111%).

De surcroît, la croissance ralentit. C'est pourquoi je suis sensible à toute initiative qui contribuerait au développement de la concurrence en France; l'octroi d'une 4ème licence 3G est une piste qu'il ne faut pas négliger. Autre exemple: aujourd'hui encore, 86,5 % des clients européens ont accès à la téléphonie fixe via l'opérateur historique. En France, ce chiffre s'élève à plus de 88%. Ce n'est pas avec de tels chiffres que l'on pourra stimuler l'investissement !