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09 avril 2010

ADSL en zones grises : des élus locaux soutiennent France Télécom



Retoqués par l'Autorité de la concurrence, Les projets de l'opérateur historique de montée en débits dans les zones mal couvertes en haut débit reçoivent le soutien de certains députés et élus. L'affaire devient politique.


Certains élus ne comprennent pas pourquoi l'Autorité de la concurrence a rejeté les propositions de France Télécom afin d'améliorer les débits ADSL de 3,8 millions de lignes situées en zones grises. Et ils le font savoir.

Thierry Mandon, le président délégué du Conseil général de l'Essonne, a ainsi écrit une lettre au président du gendarme de la concurrence, Bruno Lasserre, pour "s'étonner de la méthodologie suivie par l'Autorité", révèle Les Echos.

De son côté, Bruno Retailleau, sénateur de Vendée est moins diplomate : "La montée en débit est nécessaire et utile. Il n'est pas question de laisser qui que ce soit priver les citoyens de mégabits. Une politique publique aussi importante que l'accès à Internet ne peut pas avoir comme seul critère la concurrence." Et d'appeler au "pragmatisme".

"Décision catastrophique"

Enfin, pour René Souchon, président de la région Auvergne, "la décision de l'Autorité de la concurrence est (...) une catastrophe. Aujourd'hui, tous les projets sont bloqués en Auvergne à cause d'une vision technocratique. Nous sommes favorables au plan de montée en débit de France Télécom.".

Apporter le triple play dans les zones grises, c'est à dire les endroits où les foyers sont trop éloignés des répartiteurs pour recevoir un débit suffisant, telle est la proposition de France Télécom qui entend mettre en place de nouveaux centraux téléphoniques construits avec l'aide financière des collectivités locales.

Ces nouveaux centraux (NRO) ont pour objectif de raccourcir la longueur des fils de cuivre entre les foyers et les répartiteurs afin de fournir plus de débit et donc permettre d'accéder au triple play.

Mais pour l'Autorité de la concurrence, les concurrents de France Télécom devront à nouveau investir pour être présents dans cette sous-boucle locale afin d'assurer la continuité du dégroupage dans ces zones. Or, elle craint qu'ils n'investissent pas, permettant à France Télécom de se retrouver à nouveau en situation de monopole.

Conclusion, l'Autorité "recommande aux pouvoirs publics de privilégier le déploiement de réseaux en fibre optique jusqu'à l'abonné. Dans l'attente de ces derniers, les projets de montée en débit au travers des solutions d'accès à la sous-boucle locale de France Télécom doivent être réservés à des situations exceptionnelles, et en priorité aux zones non-dégroupables".

Pour Thierry Mandon, cette vision du marché est incomplète : "l'Autorité de la concurrence n'a réalisé ni diagnostic de l'insuffisance des débits ADSL ni consultation des collectivités locales. Ces préoccupations commerciales et de promotion technologique du très haut débit par la fibre optique sont éloignées du terrain.

Comment expliquer aux internautes privés de débit depuis plusieurs années qu'il n'y a pas d'autre solution que d'attendre une durée indéfinie le déploiement de la fibre optique, qui est à peine amorcée à Paris ?". Pas faux.

En savoir plus sur France Télécom dans l'Annuaire IT

France Télécom de son côté, pour une fois en situation de force face aux collectivités, rappelle le caractère d'urgence de la montée en débit. "Il existe un véritable enjeu à permettre à chaque consommateur d'accéder à un débit supérieur au seuil de 2 Mbit/s.

L'Autorité n'aborde l'impact concurrentiel des solutions de montée en débit que sous le seul angle de la préservation des marges à court terme des opérateurs alternatifs".

Reste désormais à savoir si cette pression des élus locaux permettra à l'opérateur historique de mener à bien ses projets. Il faudra également connaître la réaction de la concurrence. SFR a saisi en décembre dernier l'Autorité de la concurrence sur le même sujet. Il estime que France Télécom cherche à évincer la concurrence dans les zones grises en l'empêchant d'avoir accès à toutes les informations dont ils ont besoin.

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