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07 février 2011

Guinée: Contentieux Areeba- ARPT, Areeba prête à fermer plutôt que de payer 15 millions d’euros


Suite à la lettre de sommation l'Autorité de régularisation des postes et Télécommunications (ARPT) en date du 31 janvier intimant la compagnie Areeba Guinée de payer 15 millions d'euros dans 15 jours sous peine de retrait de licence, Guinéenews© a approché la compagnie de téléphonie cellulaire et quelques personnes au ministère des PTT.


En résumé, l'Etat guinéen, lié par une convention de téléphonie GSM depuis aout 2005 avec la société Investcom, détentrice d'Areeba, reproche à cette dernière d'avoir fusionné en mai 2006 avec le groupe sud africain MTN sans l'avoir averti.


« C'est faux, ils étaient au courant. L'information de reprise a été annoncée sur la bourse de Johannesburg, de Dubaï et de Londres le 2 mai 2006. L'Etat guinéen a été informé par courrier officiel le 4 mai 2006.


La convention dit qu'on a 45 jours pour attendre une objection de l'Etat, s'il n'ya pas d'objection, nous pouvons faire le rebranding (ndlr : changement de nom ou de marque).


Investcom Guinée a informé l'Etat guinéen qu'Invescom International a fusionné avec MTN, avec achat d'actions à hauteur de 15 pour cent des parts dans MTN. L'Etat n'a envoyé aucune objection », conteste-t-on à Areeba.


« Nous ne souhaitons pas communiquer sur cela, mais nous sommes prêts à fermer plutôt que de payer un montant que nous ne devons pas », nous racontent en chœur des responsables d'Areeba requérant l'anonymat.


Selon nos enquêtes, Areeba a décidé de ne plus négocier, estimant avoir déjà assez payé pour rien pour le changement de nom pour devenir MTN. En réalité, Areeba se dit être trompée dans cette affaire : « Nous avons déjà payé beaucoup d'argent pour régler cette histoire à l'amiable dans le cadre d'un protocole d'accord sur le rebranding que nous avons signé avec l'ancien ministre des PTT Mathurin Bangoura, c'est ainsi nous qui avons reconstruit le siège de l'ARPT, qui nous réclame aujourd'hui cet argent, c'est Areeba qui a construit le siège du ministère des PTT et a payé beaucoup d'argent pour offrir à la Guinée les images de la coupe d'Afrique Angola 2010 et de la Coupe du monde, rien que pour ce rebranding. C'est ce que le protocole disait.


Nous avons rempli notre part du contrat. Mais, chaque fois qu'un nouveau ministre vient, il nous fait chanter et tente d'abuser d'Areeba. Nous ne payerons plus rien ! Nous avons financé le voyage des gens de l'ARPT pour qu'ils aillent dans les autres pays pour voir comment le rebranding se passe », ajoute une source proche de la compagnie.


« De toutes les façons, cela fait 5 ans que nous sommes là, sans réaliser le moindre bénéfice avec l'économie du pays qui n'était pas bonne, avec le franc guinéen qui ne fait que dégringoler.


Nous sommes la seule compagnie de téléphonie en Guinée à avoir payé 30 millions d'euros pour avoir sa licence. Spacetel et Intercel payaient ici cinq cent millions de francs guinéens par an pour leur licence. C'était dérisoire, c'est depuis que Areeba est là qu'on parle de millions d'euros. Nous avons payé 30 millions d'euros ! » , ajoute la même source.


« En plus, il y a l'article 12 de notre convention qui stipule qu'avant 2010, l'Etat ne devait donner aucune autre licence GSM pour nous permettre de recouvrer notre investissement. Mais, en 2007, l'Etat a violé cette convention en octroyant une autre licence à Cellcom.


Donc, si l'Etat veut aller au clash, on est prêt ! L'Etat ne peut pas nous facturer 50 pour cent du prix de notre licence pour rien du tout ! On devait devenir MTN avec tous les avantages qui vont avec, on est toujours Areeba. Celtel a été racheté par Zein, sans payer aucun droit particulier à l'Etat », argumente-t-on du côté d'Areeba.

« En plus, dans la convention, les délais sont clairs, c'est 6 mois avant, pas 15 jours ! Et il est stipulé qu'en cas de litige, c'est la chambre d'arbitrage de Paris qui est compétente. La chambre d'arbitrage établira le préjudice que nous avons subi par l'arrivée prématurée de Cellcom, et l'Etat va nous rembourser cela », renchérit notre source.


« On a aujourd'hui 45 pour cent de part du marché, on a au moins le double du parc clients de chaque opérateur, et si on ferme personne ne peut récupérer à lui seul l'ensemble de nos clients, techniquement parlant !


Et nous payons dix milliards de TVA chaque mois à l'Etat guinéen, nous sommes la seule société à le faire en Guinée ! Donc, s'ils veulent arrêter tout ça, ils peuvent le faire.


C'est une grosse épine qu'on nous enlève du pied. Le Groupe voulait fermer la filiale Guinée depuis 2009. Donc, c'est une très bonne occasion. Nous ne négocierons avec personne, s'ils veulent fermer, qu'ils le fassent ! », Fulmine-t-on à Areeba.


Le nouveau ministre des PTT et nouvelles technologies de l'information Oyé Guilavogui serait derrière cette affaire, selon des sources proches du ministère. Comme Papa Koly, le ministre de l'énergie a menacé avec EDG, le ministre des PTT pense que cela peut marcher avec Areeba, ajoute notre source du ministère des PTT.


A Areeba, on se dit ne pas être impressionné : « nous, nous ne sommes pas une société d'Etat. On attend, dans quinze jours qu'ils viennent fermer ! L'assurance va rembourser MTN et nous allons poursuivre la Guinée sur les tribunaux internationaux. On ferme, on se fera rembourser par notre assureur qui va poursuivre la Guinée et éventuellement faire saisir ses fonds à l'étranger. Et aucun investisseur ne viendra ici ! »


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