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11 avril 2008

La guerre des portables à bas coût aura lieu


Un des piliers de la stratégie de Dell a toujours été de fournir des matériels aux prix les plus bas. L'information fournie par le Wall Street Journal selon laquelle Dell pourrait investir le « marché » des PC portables à bas coût n'a donc rien de surprenant. Plus précisément, Dell introduirait prochainement un portable à 399 dollars. Ce futur matériel serait fabriqué par l'assembleur taïwanais Compal, déjà sous-traitant de Dell. Les prévisions pour cette année sont déjà assez élevées puisque l'on parle d'un à deux millions d'unités livrées en 2008.

Cette annonce semble être une réplique à celle d'HP avec son modèle HP 2133 introduit cette semaine. Doté d'un écran de 8,9 pouces et de capacités de connexion sans fil Wi-Fi, ce matériel HP étant pour l'instant limité au secteur de l'éducation. Mais dans ce nouveau domaine des portables à format réduit et à faible prix, la vedette est pour l'instant l'Eee d'Asus. Le matériel avait fait une entrée tonitruante en France à grand renfort de promotion de la part de SFR en janvier dernier. Celui-ci s'était en effet associée avec Asus pour une offre à 199 euros incluant l'EeePC et de la clé Internet 3G+, pour surfer sur Internet partout. Associé à cet équipement, le Forfait Illimité EeePC était proposé à 29€90/mois pendant une période limité puis de 59 euros.

Il y a également les initiatives d'Intel et de Nicholas Negroponte baptisée respectivement Classmate PC et OLPC (One Laptop Per Child). Ces matériels sont également limités à des marchés spécifiques et des commandes en volume, principalement par des administrations nationales.

L'initiative n'est donc pas nouvelle. Fin 2004, Walmart avait mis à son catalogue un portable à moins de 500 dollars, 498 exactement. Ce matériel sous Linux était construit autour d'un processeur VIA C3 cadencé à 1 GHz et n'offrait pas de capacités de communication sans fil.

Le mieux est-il l'ennemi du bien ?

Ces différentes initiatives font la synthèse des tendances technologiques et des réflexions marketing des constructeurs. Cela rappelle celle d'une autre firme texane, Convex dans le calcul scientifique vers la fin des années 80 avec le lancement des minisupercalculateurs. Elle visait à offrir le quart de la puissance des supercalculateurs de l'époque et surtout le premier d'entre eux, Cray, pour le dixième du prix. Ou encore dans le domaine du logiciel, celle de MySQL dont l'idée simple est de proposer 90 % des fonctionnalités de la base de données d'Oracle pour le dixième du prix.

Jusqu'à une date récente, les PC ont toujours évolué dans la même direction : plus de performances et plus de fonctionnalités. Vista étant le dernier avatar de cette évolution. En dépit des déclarations de Microsoft, les résultats actuels avec Vista ne sont pas à la hauteur des espérances de l'éditeur et traduisent des tendances qui se sont accentuées ces derniers mois.

Le marketing entre en jeu

Ces mouvements récents sont à l'origine de la décision récente de Microsoft de repousser à juin 2010 la date limite de la disponibilité et du support de Windows XP SE (Standard Edition) aux fournisseurs de cette nouvelle catégorie - comme les aiment les spécialistes marketing - de l'ULC PC (Ultra-low-cost PC), autrement dit des PC à bas coûts, ou 12 mois après l'introduction commerciale de la prochaine version de Windows, référencée actuellement Windows 7 et qui devrait remplacer Windows Vista.

Il n'est d'ailleurs pas impossible que les constructeurs commercialisent des « Portables normaux » à ces nouveaux tarifs, mais ce serait aller trop vite et se couper d'une partie importante de leur revenu. D'où l'idée de créer une nouvelle catégorie de matériels qui s'ajoute à l'existant et ne la remplace pas.


On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif

Selon le cabinet Saugatuck (dans une note intitulée Shifting IT Realities Force XP Extension - But Is It Enough for Microsoft?), cette décision résulte de tendances récentes sur le marché des PC et de l'informatique en général qui sont peut être intervenues plus vite que les spécialistes l'auraient pensé.
Avec sa dernière version de Windows, Vista, Microsoft s'est inscrit dans la tradition « plus c'est mieux ». Cela fait un peu penser à une étude faite aux Etats-Unis qui montrait qu'une proportion importante des américains chaussaient des Nike ou des chaussures de sports équivalentes non pas pour faire de la course à pied mais pour des tâches toutes simples comme sortir leur poubelle.
Depuis 15 ans, les deux partenaires objectifs de la plate-forme Wintel ont évolué de concert. Au fur et à mesure qu'Intel (et AMD) proposait des processeurs plus puissants, Microsoft s'empressait d'en « pomper » une partie pour développer de nouvelles fonctionnalités à foison. Il n'y a qu'à utiliser Office 2007 pour s'en rendre compte. De telle sorte que l'utilisateur lambda met en oeuvre 5 % du logiciel. Vista est le dernier avatar de cette course poursuite entre le matériel et le logiciel. S'il offre de nombreuses fonctionnalités nouvelles, il est très consommateur en ressources machines et ne peut donc pas convenir pour cette nouvelle catégorie de matériels.

L'extension de la disponibilité et du support de Windows XP est le signe que les machines à faible coût ou « good enough » selon l'expression américaine répondent peut être aux besoins du moment. Il faut aussi prendre en compte les évolutions de la disponibilité de la bande passante des réseaux, et de l'accélération du cloud computing qui offre, via le réseau, toutes sortes de services : applications, puissance de calcul, stockage, sauvegarde, solutions d'administration... Plus généralement, les architectures SOA qui fournissent les applications sous forme de services Web participent aussi à ce mouvement.

En développant Windows Vista, Microsoft a conçu le phénomène des mobiles comme un phénomène à part, alors que, de plus en plus, il est intégré à l'informatique globale de l'entreprise. De telle sorte que les besoins des DSI sont toujours à plus d'intégration et d'interopérabilité entre les différents systèmes.

Les pays émergents entre en scène

Il faut aussi prendre en compte la présence croissance de logiciels Open Source dans le domaine de la mobilité : Le phénomène Android de Google et le projet LiMo (Linux Mobile).

Dernier élément à prendre en considération, la montée inexorable des marchés émergents qui prennent de plus en plus d'importance dans les chiffre d'affaires des fournisseurs, surtout de matériel (dans le domaine du logiciel, le piratage fausse un peu la situation) et qui n'ont pas connu tout l'historique de l'informatique des années 60 à 90. Dans ces marchés, la réalité technologique liée à la bande passante élevée et au Cloud Computing ainsi que le plus faible pouvoir d'achat de leurs utilisateurs militent dans l'expansion de ces nouvelles machines à bas coût.

Toutes ces considérations étant prises, le cabinet Saugatuck qualifie la décision de Microsoft d'intelligente et de réaliste. Mais il conseille au numéro Un du logiciel de l'étendre au-delà des machines ULC PC pour l'étendre à l'ensemble des machines de la catégorie PC. A la lumière de ces phénomènes, Microsoft est peut-être en train de réévaluer le développement de Windows 7. Mais ce ne sont là que pures spéculations.