Ouvrir un espace d'information et de veille stratégique en Afrique sur les télécommunications et les TICs. Promouvoir les échanges entre les acteurs qui s’intéressent à la convergence, le droit, l’économie, la veille concurrentielle, les réseaux, la stratégie des opérateurs et l'intelligence économique en télécommunications et TIC. Echanger et s'informer pour suivre l'évolution des communications électroniques qui sans cesse subissent la vitesse du changement.

16 avril 2009

Le Wimax, l'autre technologie permettant de surfer sur Internet sans fil, est au point mort en France


Les Français, particuliers ou entreprises, qui bénéficient d'une connexion sans fil à Internet haut débit grâce au Wimax font figure d'exception. Et pourtant. Pas moins de 49 licences régionales Wimax avaient été attribuées en juillet 2006 par l'Autorité de régulation des télécommunications (Arcep) pour offrir le service. Le 9 avril, le régulateur a publié un communiqué dont le constat est sans appel. Cette technologie n'a toujours pas "décollé".

Sur le papier, le Wimax promettait d'être une version améliorée du Wi-Fi, en offrant un accès au Web par ondes radio avec des débits plus élevés et une portée plus large, pouvant atteindre plusieurs dizaines de kilomètres. Toutefois, contrairement aux réseaux de téléphonie mobile classiques UMTS, elle ne permettait pas une véritable mobilité. L'idée était d'en faire un complément de l'ADSL dans les régions rurales peu peuplées, et d'offrir des connexions Internet à moindre coût dans les cafés, aéroports, gares ou quartiers d'affaires.

Le groupe Bolloré était sorti vainqueur de l'appel d'offres de l'Arcep en juillet 2006. Il s'était arrogé une grosse part des licences attribuées, affichant des ambitions sur ce marché des télécommunications. Bolloré avait déboursé 78 millions d'euros pour décrocher douze licences. L'autre grand gagnant était la société Maxtel, aujourd'hui disparue. Elle a cédé, quelques mois plus tard, l'essentiel de ses fréquences à Altitude. Mais le réseau que devait créer Bolloré Télécom comme celui d'Altitude sont loin d'avoir atteint la taille prévue.

Pourtant, tous les détenteurs de licence s'étaient engagés à déployer leur réseau selon un calendrier préétabli. La première échéance était fixée au 30 juin 2008. En septembre, l'Arcep a procédé à une évaluation et a constaté que les cahiers des charges n'avaient pas été respectés. Pour autant, l'Autorité n'a pas souhaité reprendre les fréquences attribuées et laissées en jachère. Elle a accordé un délai - jusqu'en juin 2010 - en plaçant sous surveillance les détenteurs de licence.
Tous les six mois, l'Arcep publie un état des lieux. Le 9 avril, elle a communiqué le bilan établi au 31 décembre 2008. Et il n'y a pas de quoi pavoiser. Car celui-ci démontre que les détenteurs de licences ont collectivement installé 675 sites sur les 3 562 qu'ils auraient dû mettre en place au 30 juin 2008. Bolloré Télécom n'a ainsi installé que 13 % de ses sites et Altitude 15 %.

Pour expliquer cette situation, les opérateurs dénoncent le retard pris par les équipementiers en télécommunications dans le développement de la technologie Wimax. De leur côté, ces derniers, secoués par la guerre des prix qui sévit sur leur marché et par le ralentissement des ventes, ne sont guère enthousiastes à l'idée d'investir dans une technologie qui ne correspondrait pas à une forte demande.

Contraints de faire des choix, certains, comme le canadien Nortel, ont déjà jeté l'éponge. Placé sous la protection de la loi américaine sur les faillites, l'équipementier a d'ailleurs annoncé, en janvier, qu'il abandonnait le Wimax. En décembre 2008, Alcatel-Lucent avait précisé qu'il réduisait ses investissements dans cette technologie, privilégiant les partenariats. Quant au finlandais Nokia, il a affirmé, en janvier, qu'il arrêtait la production de téléphone mobile Wimax.
Pour autant, Vincent Bolloré s'est déclaré "optimiste", en évoquant cette technologie lors de la présentation des résultats de son groupe le 9 avril. "Nous sommes satisfaits d'avoir mis 120 millions d'euros de fréquences télécoms dans nos actifs. Le Wimax nous coûte 15 à 20 millions d'euros par an. On pourra peut-être faire autre chose de ces fréquences, qui restent une ressource rare", a-t-il déclaré. Pour compléter sa couverture géographique, Bolloré a racheté, en 2008, huit licences Wimax détenues par TDF.

L'objectif est d'exploiter ces fréquences dans le cadre de la quatrième génération (4G), synonyme de très haut débit mobile, aujourd'hui au coeur des réflexions. Un raisonnement qu'a dû aussi tenir Iliad (maison mère de Free), soucieuse de développer une activité mobile. Le groupe a pour sa part acheté à Altitude, en 2005 et pour une vingtaine de millions d'euros, la seule licence nationale Wimax attribuée par l'Arcep, sans déployer le réseau.

Laurence Girard LE MONDE