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22 avril 2009

"Les lobbies français ne veulent pas réduire la puissance des antennes pour des raisons financières"



Dans un chat au Monde.fr, Michèle Rivasi, vice-présidente du Centre de recherche et d'information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem) et tête de liste d'Europe Ecologie dans le Sud-Est, déplore l'utilisation intempestive d'appareils mettant en œuvre des ondes électromagnétiques dont on ne sait rien sur l'impact sanitaire pour les populations.

Xavier_Grenoble : Les élections européennes arrivent. Si elle est élue qu'est-ce que Michèle Rivasi fera au niveau européen sur la question des antennes relais ?

Michèle Rivasi : Si je suis élue, j'essaierai de constituer un rapport de force pour qu'il y ait une directive européenne qui harmonise les normes sur le plan européen concernant la téléphonie mobile. Et ce que je revendique, ce sont les normes édictées par des scientifiques indépendants, à 0,6 volt par mètre, une meilleure information des riverains et des élus concernant l'installation des antennes ; et une prise en compte de l'électrosensibilité au niveau de la population.

andma_doubs : Pourriez-vous présenter la Criirad [Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité, dont elle est également la fondatrice] et le Criirem et nous en dire un peu plus sur leur mode de financement dans les recherches effectuées ?

Michèle Rivasi : La Criirad est un laboratoire indépendant que j'ai fondé en 1986 suite à l'accident de Tchernobyl. Il est financé par les adhérents et par les contrats que ce laboratoire a avec les différentes collectivités qui lui demandent de faire des études indépendantes. Le Criirem est un centre de recherche et d'information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques. Il a un conseil scientifique européen et est cofinancé par les adhérents et les études demandées, soit par des particuliers soit par des entreprises.

fbernard : L'argument des "pro-Wi-Fi" selon lequel aucune étude sérieuse n'aurait prouvé de danger lié aux micro-ondes à des doses équivalentes à celles que nous recevons tous les jours est-il recevable ? Dans quelle mesure ?

Michèle Rivasi : Sur le Wi-Fi, il y a eu des études qui ont montré qu'à ce type de fréquence - 2 450 MHz - on observe des effets sur la génotoxicité (rupture des brins d'ADN), mais il n'y a pas eu d'étude sanitaire à grande échelle au niveau de la population. Par contre, on a observé chez des personnes dans des bibliothèques à Paris qui avaient des bornes Wi-Fi à proximité le syndrome des micro-ondes (insomnies, maux de tête, manque de concentration, nausées...), caractéristique des effets des hyperfréquences.

Sasha : Pouvez-vous nous expliquer brièvement les différences entre les natures des ondes émises par les antennes-relais et le Wi-Fi ?

Michèle Rivasi : Les antennes-relais ont des fréquences qui varient de 900 MHz (GSM) à 2 250 MHz (UMTS 3G, 3e génération). Le Wi-Fi est à 2 450 MHz et a la même fréquence que le micro-ondes. Sauf que la puissance est beaucoup plus faible. On commence également à installer des antennes Wimax dont la fréquence est de l'ordre de 3 GHz (3 000 MHz).

couturier : Un téléphone portable ouvert et allumé émet-il des ondes électromagnétiques, et, si oui, dans quel rayon ?

Michèle Rivasi : Le téléphone mobile émet même lorsqu'il est en veille, puisque sans arrêt il va chercher l'antenne la plus proche pour se connecter. Et il émet sur la face avant, côté clavier. Le micro-ondes émet également, mais uniquement lorsqu'il est allumé.

salome : 3G+, 3G, EDGE, WI-FI, WIMAX. Toutes ces technologies sans fil sont-elles associées a des risques pour la santé des jeunes enfants ?

Michèle Rivasi : Pour les jeunes enfants, on applique le principe de précaution et on essaie de les soumettre le moins possible aux ondes électromagnétiques, car les cellules qui sont en voie de division sont les plus sensibles à la génotoxicité et à la fabrication de protéines de stress.

Mazag : Y a-t-il un lien qui se dessine entre tumeur du cerveau (même non cancéreuse) et la présence d'antenne(s) Wi-Fi et/ou relais ?

Michèle Rivasi : Il y a plusieurs études qui ont montré une présomption de preuve entre l'apparition de tumeurs et la présence d'antennes. Il est très difficile d'établir une relation de cause à effet directe dans ces phénomènes, et on parle plutôt de présomption de preuve, élément suffisant pour l'application du principe de précaution.

canadien : La recherche sur les ondes électromagnétiques et leurs répercussions sur la santé publique rencontre-t-elle autant d'embûches de la part des secteurs public et privé que pour les OGM ? Je fais allusion aux livres de Marie-Monique Robin par exemple ?

Michèle Rivasi : Sur l'ensemble des études, on a remarqué que celles financées par les opérateurs montraient toutes qu'il n'y avait aucun effet, ou que les effets étaient neutres. Les études cofinancées par opérateurs et recherche publique montraient qu'il y avait 25 % d'études qui montraient qu'il y avait un effet. Et les études cofinancées par le public et des financements indépendants (non dépendants des opérateurs) montraient qu'il y avait au moins 40 % d'effets. D'où un doute très fort, comme pour le nucléaire, comme pour l'amiante, d'un lien de causalité entre les lobbies et les études montrant qu'il n'y a pas d'effets.

esculape_1 : Pour certains scientifiques, les effets du Wi-Fi sur les noyaux cellulaires semblent fort différents du simple effet thermique "micro-ondes". Que penser alors de l'application de réglementations qui ne prennent en compte que l'effet thermique du Wi-Fi ?

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