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30 avril 2009

Privatisation de la Sotelma : Comment éviter le rapt ?


MALI


Maroc Télécom, filiale de la française Vivendi, en lice pour l’acquisition de l’opérateur historique des télécoms au Mali, Sotelma n’a pas eu le triomphe modeste lorsque ses responsables se sont hasardeusement glissés sous les projecteurs, annonçant avoir été déclaré, par le gouvernement malien, adjudicataire provisoire des 51% du capital de la Société des télécommunications du Mali (Sotelma). Même si elle avait été retenue comme adjudicataire provisoire, le gouvernement Malien n’avait pas encore dit son dernier mot.

Aujourd’hui, le processus est en panne et les deux partenaires se regardent en chiens de faïence. En effet, si la situation en restait là, le gouvernement malien aura évité à la Sotelma un véritable holdup up. Hélas !

Pour rappel, la marocaine avait proposé 250 millions d’Euros pour les 51% du capital de la Sotelma, s’avouant ainsi adjudicataire. Après examen et discussions avec certains experts, le gouvernement malien a estimé que cette proposition était insuffisante et qu’il fallait un montant supplémentaire de 30 millions d’Euros. « Une enchère » jugée inadmissible par les responsables de Maroc Télécom, qui estiment que les contreparties demandées s’élevaient à trois fois les 3O millions.

Que veut le gouvernement malien ? Certains observateurs proches du dossier estiment qu’il s’agit d’une stratégie visant à faire revenir dans la course certaines sociétés comme le Koweitien ZAIN qui s’était retiré du processus au simple motif que les comptes de la Sotelma manquaient de transparence. « Nous voulons éviter le scénario HUICOMA où le repreneur a découvert après opération que le déficit s’élevait à 23 milliards FCFA contrairement à ce qui avait été communiqué dans les dossiers. » nous confie un cadre de la société qui a requit l’anonymat.

Il n’est pas également exclu que la sud africaine MTN vienne dans la course si l’on s’en tient aux indiscrétions qui nous sont parvenues des sources proches du dossier.

Quoi qu’il en soit, les travailleurs de la Sotelma doivent encore prendre leur mal en patience et pour longtemps. Car, indéniablement, le processus sera repoussé de plusieurs mois voire de plusieurs années, malgré les pressions des partenaires au développement.

Le rapt manqué En effet, les hésitations du gouvernement malien s’expliquent par la méfiance qu’il manifeste dans la gestion des dossiers de privatisation. Or, la triste réputation de Maroc Télécom au plan international justifie bien l’attitude des acteurs du dossier, côté malien.

Il y’a peu, qu’un réseau de trafic d’appels téléphoniques a été révélé à Casablanca mettant en cause huit sociétés poursuivies pour « escroquerie, faux et usage de faux, détournement d’appels internationaux et piquages anormaux sur des câbles coupés ». Celles-ci ont été entendues lors d’une audience, le 16 mars dernier. Les 8 entreprises sont accusées d’avoir monté des « stations pirates, détourné et transféré clandestinement des appels internationaux ». D’ailleurs, notre confrère tunisien « Affarie » titrait "L’opérateur Maroc Telecom ’’contrôlé’’ par des pirates » résumant ainsi les casseroles de Maroc Telecom. L’auteur de l’article dévoile comment un réseau de pirates a détourné le fonctionnement normal de l’opérateur et écouler à son profil les appels téléphoniques.

Au même moment, Le journal français de l’économie et des finances « La Tribune » écrivait que l’opérateur de téléphonie « Maroc-Telecom », est, de loin, la filiale la plus rentable de Vivendi, avec une marge d’exploitation de plus de 44 %, devant les 28 % de l’opérateur français SFR. "Seulement 10 % du chiffre d’affaires mais près d’un quart des bénéfices de Vivendi.

Autre révélation, non moins tonitruante : Pour renflouer les caisses du royaume, une première partie de l’entreprise avait été cédée.

Actionnaire majoritaire de l’entreprise, la couronne marocaine voit Maroc Telecom enregistrer de très grosses pertes sur les 3 dernières années et a cédé toutes ses actions. Ce qui aurait contribué à remettre les caisses de l’entreprise à flot.

La méfiance de l’Algérie Dans le même contexte ou presque, l’Algérie était sur le point de coopérer avec Maroc Télécom avant de tourner casaque. Les raisons sont simples : manque d’interlocuteurs crédibles et de compétences.

Bref, Maroc Télécom n’est pas une société fiable ; il faut donc chercher ailleurs, du moins si l’on veut éviter le rapt du siècle.

Abdoulaye Niangaly

Source : reussirbusiness.com