La course contre la montre de Bouygues Télécom
Bouygues Telecom semble avoir réussi un bon coup grâce à son offre Ideo de quadruple play.
Mais l'arrivée d'un quatrième opérateur mobile 3G pourrait détruire tout l'édifice patiemment élaboré par Martin Bouygues avec en vue une toujours possible revente de l'opérateur.
A quelques jours du dépôt des dossiers de candidature à la quatrième licence mobile (date limite le 29 octobre), le groupe Bouygues n'a toujours pas renoncé à l'idée de faire capoter l'opération.
Malgré un premier échec au printemps devant le Conseil d'Etat, le groupe de BTP et de communication a relancé une nouvelle procédure devant la même instance pour contester l'ensemble des avantages dont bénéficierait le futur nouvel entrant.
Si l'argumentation du propriétaire du troisième opérateur mobile tricolore peut faire sourire, tant elle paraît dérisoire, sa démarche est à prendre, toutefois, très au sérieux.
Car pour Bouygues, la question de l'entrée ou non d'un quatrième acteur sur le marché de la téléphonie mobile est vitale.
Privilégiant la rentabilité financière de sa filiale mobile (devenue une véritable vache à lait pour l'ensemble du groupe), Bouygues a longtemps hésité sur sa stratégie dans les télécoms, conduisant les analystes à s'interroger sur une vente de Bouygues Telecom.
Une option qu'il ne semble pas avoir totalement refermée. Des sources gouvernementales affirment que le groupe aurait consulté, avant l'été, des ministres sur un scénario de rapprochement avec Iliad.
Dans le même temps, le groupe a décidé de repartir à l'offensive dans les télécoms, ce qui s'est concrétisé par le lancement de l'offre quadruple-play Idéo, plutôt bien accueillie.
Et pour de nombreux analystes, cette offre peut constituer une véritable planche de survie pour l'opérateur.
Ainsi, une récente étude du cabinet d'analyse financière américain Raymond James consacrée au marché français estime qu'Idéo peut permettre à Bouygues Telecom d'accroître à la fois sa part de marché dans le haut débit fixe, mais aussi dans la téléphonie mobile.
Dans le fixe, Bouygues Telecom pourrait ainsi avoir capté 400 000 à 450 000 abonnés haut débit en 2010 et atteindre une part de marché de 5 % en 2012 soit un million de clients.
Or selon l'étude du cabinet Raymond James, la migration des clients Bouygues Telecom vers Idéo est un bon coup financier pour l'opérateur : la marge brute s'élève à 33 € par mois pour les clients Idéo contre 28 € par mois par abonné mobile.
De plus, le risque de voir ses deux principaux concurrents mobiles, SFR et Orange, lancer des offres similaires à Idéo est faible.
Compte tenu de leur base cliente à la fois en mobile et en haut débit, ils prendraient le risque de voir la marge brute par abonné diminuer, un client GSM et haut débit (avec deux contrats distincts) rapportant 44 € par mois.
Potentiellement, Idéo pourrait donc permettre au groupe Bouygues d'améliorer de plus d'un milliard d'euros la valorisation de son activité télécoms !
Un beau scénario qui se produirait, surtout, s'il n'y a pas de quatrième acteur, où que les conditions d'entrée sur le marché soient telles qu'il oblige le nouvel entrant à limiter la guerre tarifaire qu'il pourrait provoquer.
Selon le cabinet Raymond James, un quatrième acteur, dans un scénario à l'anglaise, pourrait provoquer un véritable choc sur le marché.
Dans ce cas, le quatrième acteur détiendrait à terme (d'ici à 2020) 12 % du marché mobile, conduisant à une baisse du revenu moyen par abonné à 28 € (contre 35,5 € actuellement au deuxième trimestre 2009) et à une baisse de 5 à 6 points du taux de marge d'Ebitda.
L'impact sur la valorisation des trois acteurs serait négatif de 30 à 35 % (soit une baisse de 3,5 € par action Bouygues). C'est ce scénario noir que le groupe semble vouloir éviter. Par tous les moyens.
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