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28 juillet 2010

L’Artp n’a pas les moyens de contrôle sur le marché international


Il y avait 26.000 lignes de fraude en Guinée. C’est quelque chose qui a engendré la perte en millions de dollars à des gens qui sont à l’extérieur et qui faisaient leur nid sur le dos de l’Etat guinéen.

La Sonatel et Orange Guinée faisaient partie de ce lot de fraudeurs, selon le vice-président de Global voice qui accompagnait la délégation de l’Artp en visite au Soleil. Ces derniers auraient été coupés, dévoilant 20 à 30 millions de minutes qui n’étaient pas comptabilisés, qui passaient hors système, alors que l’argent restait en France. « C’est de l’argent qui va revenir dans le système comptabilisé et payé.

Et c’est un chiffre d’affaires pour les opérateurs de téléphonie mobile au Sénégal », dit M. Niang qui rappelle que c’est le deuxième aspect de sa mission. Il s’agit pour lui d’abord de quantifier les appels entrants. « Je peux aussi savoir si la qualité est bonne, moyenne ou mauvaise ; c’est en fonction de cela que je peux dire à l’Artp que tel réseau a une telle moyenne par échec, par terminaison d’appel, etc. Eux, ils peuvent alors prendre toutes les dispositions nécessaires », ajoute-t-il. Et de rappeler le temps où, au Sénégal, l’appel faisait un bip discontinu avant de tomber.


Au lieu des 85 millions déclarés, le trafic est estimé à 150 millions de mn

Ce système est complètement déphasé et, aujourd’hui, dès que vous composez l’appel passe. Pour cela, il vous faut une bande passante via le satellite. Il y a ensuite un système de compression qui permet de faire passer jusqu’à 150.000, 200.000, 300.000 appels voire plus, selon le taux de compression. Mais plus il y a de la compression, moins la qualité est bonne.

Si un opérateur téléphonique décide de faire une forte compression pour économiser la bande passante et faire passer plus d’appels, la qualité sera très mauvaise. Selon Ben Niang, il revient à l’Artp de le dire afin de faire diminuer la compression ou ouvrir d’autres voies supplémentaires. En ouvrant la voie, l’opérateur est obligé de prendre encore de la bande passante.

Et cela coûte cher. « C’est notre rôle de venir dire à l’Artp, voilà où on s’arrête », ajoute-t-il. Le deuxième aspect qui pose problème est celui financier. Dans son décret, le président a dit qu’il veut un tarif seuil de 0,215 la minute. C’est-à-dire qu’à partir d’aujourd’hui, tous les appels qui rentrent au Sénégal ne peuvent pas entrer pour moins. C’est dire que l’Etat sénégalais impose une redevance de 0,75 euro qui sera versé tous les mois à l’Artp pour financer ses projets de développement.

Le reste appartient aux opérateurs. La Sonatel, par exemple, aura 14 centimes sur chaque minute qu’elle fait rentrer. Mais si elle le désire, elle peut charger 15, 16, 17 centimes. L’essentiel, selon notre interlocuteur, étant qu’à la fin du mois, les 7,5 centimes d’euro reviennent à l’Etat. Donc on n’impose pas un tarif plafond. Maintenant, ce seuil pose problème. On a parlé des appels internationaux et de la Sonatel. Mais celle-ci n’est pas notre interlocutrice dans ce problème. Ils sont en tarin de nous diaboliser pour une raison très simple.

Selon les explications de Serigne Ben Niang, l’Artp est aveugle et sourde. Parce qu’elle n’a pas les moyens techniques de voir ce qui se passe et elle n’a pas la présence internationale pour contrôler et superviser le marché des minutes parce que c’est comme une bourse.

Aujourd’hui, si vous allez en France, vous prenez un téléphone, vous appelez, on vous charge un minimum de 50 centimes d’euro par minute pour rentrer au Sénégal. Jusqu’en septembre 2009, à 50 centimes quand l’appel est transporté par France télécoms, il demande à tous les clients 50 centimes d’euro.

Quand l’appel arrive au Sénégal, la Sonatel reçoit 10 centimes de cet appel, alors que les 40 centimes restants sont empochés par les transporteurs occidentaux. Et si vous quantifiez le volume de minutes du Sénégal à 100 millions à multiplier par 40 centimes, ce sont 40 millions d’euros qui restent en France, aux Etats-Unis, au Canada, etc.

Selon lui, c’est cela que le président de la République du Sénégal a voulu rectifier. Il a dit, vous gardez 30 ou 40, vous qui avez les moyens de transporter, mais j’en veux 7 centimes 50 d’euro tous les mois. Si on calcule aujourd’hui le volume de trafic, et on calcule toujours à 100 millions de minutes, on est à 7, 5 millions d’euros que l’Etat du Sénégal doit gagner tous les mois.

Alors que Global voice estime que le trafic au Sénégal est à peu près de 150 millions de minutes. « Chaque année, ce sont donc 90 millions d’euros sur la durée du contrat qui est de 5 ans. Soit totalement 450 millions d’euros disponibles à l’Etat sénégalais pour financer ses projets de développement.

« C’est la raison pour laquelle la Sonatel se bat contre nous. C’est parce que cet argent était volé, dans une certaine mesure, avant l’imposition de ce système et qu’on va y mettre fin. Faites le calcul, à 80 millions de minutes, si chaque minute qui rentre au Sénégal est facturé à 10 centimes d’euro, ce sont 7 millions d’euro tous les mois qui disparaissaient et que l’Etat ne pouvait pas voir.

Sur les 10 ans du président Wade, ce sont 840 millions d’euros qui ont disparu dans la nature. Cette pratique va finir », selon le numéro 2 de Global voice. Parce que, selon lui, quand le système va démontrer qu’au lieu des 70 millions de minutes déclarées et ces sont 120 ou 150 millions de minutes, ils ne pourront pas l’expliquer, ajoute-t-il. Pourtant, leur problème n’est pas de savoir s’ils vont ou non subir un redressement financier.

« Mon problème, c’est de faire mon travail technique. L’essentiel, c’est qu’à partir d’aujourd’hui tout ce qui rentre dans ce pays soit quantifié et calculé. Et que cet argent revienne à l’Etat sénégalais. Quand je fais le calcul, ils disent que je partage, alors que je ne partage rien. Je ne touche pas à l’argent en tant que Global voice.

Cet argent c’est l’Artp qui facture les opérateurs. Et en facturant les opérateurs, l’Artp met l’argent dans le compte du Trésor sénégalais. Moi, c’est le Sénégal qui me paie, je ne partage pas ni de touche à l’argent », précise M. Niang.

Un marché en Afrique et en Amérique latine

« Maintenant, pour en venir aux attaques personnelles contre Global voice, ils me disent que je n’opère que dans des Etats à problème comme la Guinée. J’ai personnellement aidé Guinétel à acquérir sa licence. C’est pendant la révolte en Guinée, de décembre 2007-janvier 2008, au temps du président Konté, qu’on était dans une salle en train de signer le contrat Gsm-Orange », dit le représentant du contrôleur. Il souligne d’ailleurs que tous les Etats à problèmes dont ils parlent où ils sont, Orange est présent.

« Alors qui est voyou dans cette histoire ? Ils m’ont toujours trouvé dans ces Etats, alors pourquoi disent-ils que nous opérons dans des Etats voyous ? » Ce qui intéressant, c’est qu’Orange opère dans ces Etats ; ils respectent la loi et le contrat et paient à l’Etat tous les mois. « Ils sont les meilleurs payeurs dans ces Etats-là et quand ils viennent au Sénégal, ils s’y opposent.

En Guinée, dans le cadre de la fraude, on a déconnecté plus de 25.000 lignes frauduleuses, sur ces 25.000 lignes, la moitié était opérée par Orange. Ils le faisaient à travers les « Sim boxes », des boîtes de la dimension d’une vidéo, où ils mettent jusqu’à 400 à 500 puces.

Selon lui, chaque puce est capable de générer 500.000 appels et c’est Orange qui les installait. Parce que si nous découvrons la fraude après le test et qu’on les coupe, ce sont 400 lignes qui disparaissent et, dès le lendemain, 400 autres lignes réapparaissent dans le même réseau, ainsi de suite.

On a demandé à Orange comment se fait-il que vous n’ayez pas un contrôle des puces pour qu’elle puissent, coupées, être régénérées du jour au lendemain. Ils nous disent qu’ils ne savent pas. C’est parce que ce sont eux qui faisaient la fraude en Guinée. Quand on est allé les voir, il y a eu des mouvements.

Certains employés qui étaient en charge de ces puces, du trafic international, ont été déplacés et de nouveaux sont venus. Peut-être est-ce une coïncidence. En Côte d’Ivoire, tout le monde connaît le problème entre le président Gbagbo et Alassane Ouattara. Ahmed Bakayoko, qui a signé le contrat du temps où il était ministre des Télécoms, étant un nordiste du parti de Ouattara.

Quand il a signé le contrat, face à Côte d’Ivoire télécoms contrôlé à 51 % par France Télécom. Ils ont activé des réseaux, ils sont allés voir le président Gbagbo. Et celui-ci a coupé Global voice. Le vendredi passé, on a été reçu par Gbagbo à qui on a expliqué le problème. Il est en train de reprendre le décret de suspension de l’opération. « Voilà ce que l’opinion doit comprendre », conclut-il.

En dehors de l’Afrique, nous intervenons en Amérique latine. Mais nous n’intervenons nulle part en Europe. Parce que la loi ne le permet pas. Ils ont un système de libéralisation qui ne permet pas, aujourd’hui, au-delà des impôts que l’Etat reçoit.

Ce qui ne permet pas à ces gens de l’installer. Nous nous apprêtons à ouvrir nos opérations au Burkina, au Mali, en Mauritanie, au Rwanda, en Ouganda, en Ethiopie et en Tanzanie.

La demande est trop forte en ce moment par rapport à nos capacités. C’est pour cela que nous procédons pays par pays. Nous sommes opérationnels au Ghana, au Togo, au Congo, en Guinée, en République Centrafricaine, au Gabon ».

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