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24 octobre 2006



Les couacs de la télé via ADSL

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-651865,36-826644@51-821633,0.html

A t-on vendu à grande échelle une technologie qui marche mal ? Certains clients de la télévision via ADSL (Asymetric Digital Subscriber Line), transmise par la ligne téléphonique, se plaignent de la piètre qualité de la réception. Images figées, floues, couleurs criardes, écran noir, lenteur du démarrage du décodeur ou zapping interminable : des téléspectateurs au bord de la crise de nerfs pestent contre les fournisseurs d'accès à Internet (FAI), qui, depuis deux ans, offrent aussi l'accès à la télévision.
"Il ne faut pas tuer cette technologie, elle fonctionne", plaide Marie-Christine Levet, président de Club-Internet, qui lance un service de télévision par Internet à grand renfort de publicité mettant en scène les frères Bogdanoff, les gourous de la science-fiction à la télévision jusqu'au milieu des années 1980.
"La technologie est encore jeune, il est normal qu'elle soit encore en phase d'ajustement, mais il n'y a pas de problème structurel", juge pour sa part Yves Poilane, directeur de la TV sur ADSL France chez France Télécom.
Tout serait question de distance et de mégaoctets. Plus un abonné est proche d'un central téléphonique, plus le débit est important. "Le problème, c'est que certains abonnés sont trop éloignés des centraux et ne bénéficient pas d'un débit assez fort sur Internet pour profiter de cette technique", explique Mme Levet.
Mais les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) ne s'accordent pas sur le débit minimal nécessaire pour recevoir la télévision dans de bonnes conditions. Au moment de l'adhésion, Free indique simplement au client si celui-ci peut ou non profiter de ce service. Alice exige un débit minimal de 8 mégaoctets pour délivrer de la télévision via ADSL.
Et chacun y va de son chiffre : 6 mégaoctets pour Club-Internet et Orange, 5 pour Neuf Télécom. Qui a raison ?
Un technicien d'IP Label, une société indépendante qui mesure notamment la qualité de la réception de la télévision sur ADSL, fait le compte. Selon lui, "environ 3,5 mégaoctets sont nécessaires pour délivrer un service de télévision ADSL de bonne qualité, auxquels il faut ajouter au minimum 1 mégaoctet si l'on veut utiliser Internet, plus 0,1 mégaoctet pour le téléphone".
En clair, il faut 5 mégaoctets de débit pour recevoir ses émissions préférées dans de bonnes conditions. Et encore, il s'agit d'un minimum. Regarder la télévision pendant que l'on télécharge de la musique demande un débit supérieur.

Les fournisseurs d'accès à Internet eux-mêmes mettent la barre de plus en plus haut en proposant de nouveaux services, très gourmands en mégaoctets. Ainsi, les services de vidéo à la demande, qui permettent, par exemple, de visionner un film quand on le souhaite, nécessitent un débit important. Autre exemple : enregistrer une émission pendant que l'on en visionne une autre exige un débit deux fois supérieur (soit 7 mégaoctets), auquel on doit ajouter plus d'un mégaoctet si l'on veut surfer sur Internet et téléphoner. De même, l'arrivée des chaînes en haute définition nécessitera un débit plus important. "La solution, c'est la fibre optique", juge Michaël Boukobza, directeur général d'Iliad, maison mère de Free. Le FAI développe son propre réseau de fibre optique et a annoncé, le 20 octobre, le rachat de Citefibre, une société qui a développé le sien dans le 15e arrondissement de Paris. Cependant, disposer d'un bon débit ne suffit pas pour recevoir correctement la télévision par l'ADSL. La qualité du réseau, les équipements de télécommunication et les logiciels qui gèrent le décodeur peuvent affecter le résultat final tel qu'il s'affiche sur l'écran du téléviseur. Et les différences sont importantes selon les opérateurs.
IP Label mesure en permanence la qualité de la réception de la télévision sur ADSL selon différents critères (qualité de l'image, temps de zapping - c'est-à-dire le délai nécessaire pour passer d'une chaîne à l'autre -, taux d'image figée - autrement dit fluidité de l'image...) et attribue une note sur 100 pour chaque fournisseur.

Selon les observations réalisées ces trois derniers mois et publiées par le magazine 01 Informatique, Neuf Telecom se place en tête, avec une note de 84,8, tandis qu'Orange n'obtient que 74,3, Free 70,1 et Alice seulement 59,1.
Ce classement a quelque peu changé ces dernières semaines. Pour la période du 12 au 18 octobre, Club-Internet, nouveau venu à la télévision sur ADSL, se place en tête avec 90,3, Neuf Telecom obtient 87,5, Orange 85,1, Alice 83,1 et Free 83,1.
La bonne note de Club-Internet doit être cependant interprétée avec précaution. Si le temps de zapping est trois fois moins élevé que chez ses concurrents, la qualité de l'image y est moins bonne.
A l'inverse, Orange est pénalisé par un temps de zapping un peu long. Un handicap qui devrait être levé dans les prochains mois, car l'opérateur travaille à réduire d'une seconde le temps nécessaire pour passer d'une chaîne à l'autre.
Il n'y a pas que la télévision sur ADSL qui connaît des couacs. Les abonnés au câble se plaignent aussi. Certains évoquent la vétusté des installations et rappellent que le câblage, dans certaines régions, a débuté il y a près de vingt ans.
Du côté de chez Noos Numéricâble, numéro un de la télévision par câble, on réfute ces explications. "Des problèmes informatiques" ont certes entraîné des ruptures de service chez certains abonnés, mais ces problèmes seraient en passe d'être résolus. La société, qui vient de vivre une fusion avec des conséquences sociales importantes, affirme qu'elle va améliorer son réseau en investissant de grosses sommes. Noos Numéricâble a lancé, lundi 23 octobre, une nouvelle grille tarifaire pour résister à la concurrence des FAI.
Qu'il s'agisse de la télévision par câble ou par ADSL, l'arrivée du numérique a compliqué la vie du téléspectateur. "On rêvait de rendre l'ordinateur aussi simple que la télévision, on a rendu la télévision aussi compliquée qu'un PC", ironise un responsable des services de télévision chez un fournisseur d'accès. "Comme en micro-informatique, il faut savoir une chose : dans bien des cas, il suffit de débrancher son décodeur et de le rallumer pour résoudre les problèmes !", ajoute-t-il.