Non Ségolène ! Sarkozy a raison « L’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire »
L’allocution que le Président français Nicolas Sarkozy a prononcé à Dakar le 26 juillet 2007 a, par cette phrase, « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire », soulevé l’ire de toute l’intelligentsia africaine.
Sarkozy étaye son analyse en posant entre autres thèses, que « l’idée de progrès » est étrangère à l’homme africain, que « jamais il ne lui vient l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin ».
Le Bradage de Sonatel à France Télécom qu’annonce le communiqué du 8 avril 2009, lui donne malheureusement raison.
Lors de la privatisation de Sonatel en 1997, France Télécom a d’abord acquis 33, 33% en concluant en même temps avec l’Etat une option d’achat de 9% du capital à exercer par la suite. France Télécom a exercé son option en juillet 1999. Nous pouvons donc dire que la privatisation de SONATEL a été conclue sur la base d’une participation de France Télécom à hauteur de 42,33%. Ce niveau de participation ne devrait lui assurer en aucun cas le contrôle du destin de l’entreprise pour autant que les autres actionnaires, en particulier l’Etat du Sénégal, qui détiennent 27,67 jouent effectivement leur rôle dans les orientations de l’Entreprise.
La privatisation de 1997 apportait à SONATEL « un partenaire stratégique » alors que le protocole du 08 avril 2009 fait de France Télécom « un repreneur stratégique » du fleuron de l’économie sénégalaise et ouest africain, une entreprise saine, non endettée, viable donc, qui n’a besoin que de prières pour continuer à prospérer.
A 52,2% du capital France Télécom met ainsi la main outre sur Sonatel au Sénégal, mais aussi sur ses filiales au Mali, en Guinée Conakry et en Guinée Bissau. France Télécom met aussi la main sur les recettes d’exportations de tous ces pays sur les services de télécommunications internationales à savoir les balances de trafic libellées en devises (plus de 100 milliards).
On nous parle d’un droit de préemption pour justifier « ce crime » alors que celui-ci est caduc depuis que les règles de la Bourse s’appliquent aux sociétés cotées dans l’espace de l’UEMOA.
Même si ce droit était d’actualité, on pouvait s’attendre à ce que l’Etat le remette en cause avec la même hargne qu’il utilise pour faire payer à Tigo le prix sa licence. Une licence qui lui avait été pourtant octroyée par décret en 1998.
Pour ce manque de discernement sur le droit de préemption, Oui Sarkozy a raison !
Il paraîtrait que France Télécom n’est pas demandeur dans cette opération de s’accaparer de Sonatel. Que c’est le gouvernement qui a un besoin urgent de trésorerie, qui lui demande de prendre le contrôle de Sonatel contre « quelques poignées de milliards en CFA».
Un gouvernement symbole de la fierté de tout un pays ne doit pas offrir ce visage de faillite, de déliquescence à une société étrangère, Oui Sarkozy a raison !
Comment peut-on à l’insu du peuple, de sa représentation à l’Assemblée Nationale conclure un tel « deal ». Un député communément appelé « député du peuple » a d’ailleurs saisi son Président en ses termes « Alors que la SONATEL est une entreprise extrêmement rentable, mais également, stratégique, pour ne pas dire une entreprise de souveraineté, j’aimerais que le gouvernement vienne expliquer aux députés, le pourquoi de cette décision, ainsi que les avantages et inconvénients en découlant».
Dans les démocraties modernes qui se respectent, le peuple est associé aux décisions qui façonnent sa destiné, Oui Sarkozy a raison !
Comment peut-on se priver d’un instrument de développement interne et externe. Sonatel est un opérateur historique qui a une âme fortement ancrée dans le développement du Sénégal, faite de transformations, de défis relevés, de paris essentiellement basés sur des compétences africaines.
Dans sa volonté de progrès, elle s’est forgée un destin panafricain comme MTN, en acquérant des licences dans la sous-région pour créer ex nihilo des entreprises capables de relever les défis de télécommunications de ces pays, aux côtés de leur opérateur historique.
C’est faire montre d’un manque de vision stratégique de développement que de considérer Sonatel comme « une bête » à dépecer pour se faire de l’argent dans l’urgence.
Sonatel est un exemple unique qui doit faire la fierté d’un gouvernement. Ce dernier doit l’accompagner dans le destin qu’elle s’est forgé et non la livrer « pieds et poings liés » à celui là même qui lui dit qu’il est incapable de « s’inventer un destin ».
Si une partie du capital doit être cédée, elle doit l’être au profit des populations africaines pour que les fruits de cette entreprise restent en Afrique pour générer d’autres fruits. Les 42,33% des milliards de profits de cette entreprise qui sont rapatriés en France chaque année, heurtent déjà la conscience de chaque africain, en particulier s’il travaille à la BCEAO. Ce rapatriement massif est le contraire de ce que devrait être le sens des flux financiers Nord-Sud.
Le gouvernement sénégalais estime que cela n’est pas suffisant, qu’il faut permettre à France Télécom de rapatrier les bénéfices de Sonatel à hauteur de 52,2%.Alors qu’il aurait dû se donner les moyens de ramener la participation de France Télécom de 42,33% à moins de 20% pour associer plus de populations africaines aux résultats de l’entreprise, Oui Sarkozy a raison !
Comment peut on se délester d’une entreprise qui n’a jamais sollicité les finances publiques pour son développement et qui rapporte des milliards à la nation, fait vivre plusieurs PME et PMI, plus de 40 000 distributeurs à travers le Sénégal.
Un chiffre d’affaires de 530 Milliards en 2008
500 milliards de capitaux propres en 2008
Plus de 7 millions de clients
Un bénéfice net de plus de 156 milliards
Des revenus tirés du trafic international entrant au Sénégal de plus de 100 milliards de cfa payés en devises chaque année.
Comment un pays pauvre très endetté (PPTE) qui dit avoir une stratégie de croissance accélérée peut-il faire cadeau de son champion national à la France ? Oui Sarkozy a raison !
Comment comprendre que le gouvernement du Sénégal veuille brader sa société phare, la Sonatel à France Télécom qui la lui réglera avec les fruits de cette société.
Dans le communiqué faisant part du protocole d’accord signé avec l’Etat du Sénégal et France Télécom le 08 avril, il est mentionné une distribution exceptionnelle de dividende de 50 milliards puisée dans les réserves de Sonatel qui vont s’ajouter aux dividendes 2008. Avec l’argent tiré des réserves de Sonatel et avec ses dividendes 2008, France Télécom peut payer une grande partie de son deal avec l’Etat.
Pour l’autre partie, il lui suffit de réaliser un emprunt bancaire dont le remboursement entre 2009 et 2011 sera indexé sur les dividendes 2009 et 2011 de Sonatel. En effet on a fait voter lors de l’Assemblée générale de la SONATEL du 08 avril une résolution n°6 autorisant Sonatel à s’endetter pour 200 milliards entre avril 2009 et avril 2011.
Pour une entreprise habituée à autofinancer ses investissements, cet endettement permettra de dégager de confortables dividendes dans les années à venir dont France Télécom aura les 52,2% pour pouvoir assurer le remboursement en trois ans le prêt qui lui aura permis de s’assurer le contrôle,pour l’éternité, de Sonatel. Oui Sarkozy a raison !
Dans le communiqué du 08 avril, il est mentionné que France Télécom paye le prix de l’action à 156 273 FCFA contre 110 000 FCFA le cours de bourse.
Aujourd’hui, toutes les banques d’affaires sérieuses estiment la valeur de l’action de Sonatel à plus de 350 000 FCFA. C’est dire donc que le prix payé ne représente que 44% de la valeur.
De plus France Télécom va s’assurer le contrôle de SONATEL sans en payer comme il est d’usage dans la finance internationale, une prime de contrôle.
En effet nous assistons à une prise de contrôle rampante de Sonatel cotée à la BRVM, sans toutefois que France Télécom ne propose à l'ensemble des actionnaires une offre sur la totalité du capital avec une prime de contrôle.
En Europe, la réglementation boursière se fixe pour objectif de rendre impossible la prise de contrôle rampante, sauf accord de tous les actionnaires de la société visée.
Si les sénégalais et les africains laissent se perpétrer devant leurs yeux ce « crime économique » que dénoncent de toutes leurs forces les travailleurs de la SONATEL, la société civile, les partis politiques, alors, que Ségolène ne vienne pas se promener au Sénégal pour dire Sarkozy a tort, je demande pardon.
Oui, Oui, Sarkozy aura mille fois raison de dire « L’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ».
Auteur: NDOFFENE FALL
CONSULTANT INTERNATIONAL EN
STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL
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