Orange Sport veut sauver sa peau en appel, la Ligue ses droits télés
Au-delà de l’affaire de l’offre "triple-play" d’Orange Sport, c’est toute la stratégie d’Orange pour pénétrer le marché de la télé qui est jugée devant la cour d’appel de Paris, jeudi, dans une audience sur le fond à laquelle participe également la Ligue de football (LFP), soucieuse de défendre l’avenir de ses droits télés.
Orange risque gros. L’interdiction de subordonner l’abonnement à Orange Sport à une souscription "triple play" (télévision, téléphone et internet), si elle était confirmée par la justice, pourrait remettre en question l’achat de contenus exclusifs, dans le sport ou ailleurs (cinéma, séries télés...).
Orange, qui "ne veut pas être un tuyau", selon le PDG de France Télécom, Didier Lombard, l’inspirateur de cette stratégie, paye par exemple 203 millions d’euros par saison pour diffuser notamment un match de L1 par journée.
Le jugement pourrait être connu début juin, mais les deux camps ne font pas mystère de leur volonté d’aller en cassation quel que soit le résultat. La Guerre des droits aura bien lieu.
Orange a sauvé l’appel d’offres 2008-12 de la baisse promise. Canal, se voyant seul, ne faisait pas mystère de sa volonté de payer moins que les 600 M EUR par an qu’il versait pour l’exclusivité entière (période 2005-08). La Ligue a alors cherché de nouveaux acquéreurs potentiels.
"Sans le soutien d’Orange, le foot français serait en faillite", a mis en garde le président de la LFP, Frédéric Thiriez.
Les droits sportifs servent de munitions entre deux camps : Vivendi/Canal +, cachés derrière Neuf (filiale à 56% de Vivendi) et Free, contre France Télécom/Orange. Canal +, qui s’était débarrassé de son concurrent TPS (qu’il a absorbé en 2005), conteste l’avantage que donne à Orange la puissance financière de France Télécom.
Pour Canal +, Orange pratique des prix prédateurs. "On ne souhaite pas qu’Orange sorte des contenus, avait assuré Bertrand Méheut, PDG de Canal +. On veut qu’ils fassent le même métier que nous, à armes égales, et cela implique de ne pas lier le produit à un autre dans lequel on est dominant (les droits sportifs, ndlr)".
Dans cette guerre, chaque camp compte ses divisions. Free et Neuf se présentent forts de la décision du tribunal de commerce en leur faveur, et du soutien de l’Arcep, l’autorité de régulation des télécoms, qui souhaite que les chaînes d’Orange soient disponibles chez les autres fournisseurs d’accès internet.
Orange compte sur le soutien du CSA, qui estime que l’exclusivité, sur une période limitée, peut "dynamiser les marchés", et sur une interprétation favorable d’un avis de l’autorité de la concurrence datant de 2006 et de la fusion Canal +/TPS. Il s’agit d’un texte évoquant l’arrivée dans le monde de la télé de nouveaux acteurs "câblo-opérateurs ou opérateurs de télécommunications", comme Orange, donc.
La LFP mettra en avant un arrêt récent de la Cour de justice des communautés européennes (CJCE) rappelant, dans une affaire d’abonnement à un contrôle technique offert contre de l’essence en Belgique, qu’interdire les offres liées est contraire à une directive européenne de 2005.
Source : AFP
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