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06 septembre 2007

Exclue des consultations restreintes : Wireless-Sénégal charge l’Artp


Est-ce une attitude de mauvaise perdante ? En tout cas, Wireless Sénégal qui a été exclue des consultations pour l’attribution de la deuxième licence globale ne se fait pas de gêne pour dénoncer ce qu’il appelle un ‘abus de pouvoir’ de la part de l’Artp. Ne comptant pas s’arrêter en si bon (ou mauvais) chemin, les responsables de Wireless qui revendiquent des connexions à Washington, n’excluent pas de sasir le Conseil d’Etat.Les responsables de la société Wireless Sénégal S.a (Ws) n’ont pas fait dans la dentelle, hier, pour dire tout le ‘bien’ qu’ils pensent des autorités de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp). Ces derniers qualifiés d’ ’oligarchie’ en ont véritablement pris pour leur grade. Et pour cause ! La direction n’a pas digéré d’avoir été mise ‘arbitrairement’ sur la touche dans l’attribution de la deuxième licence globale de télécommunications par l’Artp. Pourtant, l’Administrateur général de Wireless qui faisait face, hier, à la presse soutient que toutes les conditions exigées par l’agence de régulation ont été remplies par sa société.

‘Les conditionnalités requises étaient que l’opérateur soit constitué en société de droit privé, qu’il propose un réseau distinct et indépendant de celui de l’opérateur historique et qu’il n’ait aucun rapport avec les deux déjà existants. Or, Wireless est une société de droit privé et les documents le prouvant existent ; nous avions également proposé, dès le départ, à l’Etat Sénégalais de lancer dans son espace aérien nos satellites pour arroser l’ensemble du territoire en télécommunications totalement indépendantes de la Sonatel, enfin n’avons aucune connexion ni avec Sonatel, ni avec Sentel encore moins avec leurs filiales ou partenaires stratégiques’, a expliqué Cheikh Tidiane Faye. Le courroux de ce dernier est d’autant plus grand que, soutient-il, l’Artp avait déjà reconnu la société dont il a la direction en tant qu’opérateur en télécommunications. Et pour corroborer ses propos, l’administrateur général exhibe les différentes correspondances que sa société a envoyées à la structure régulatrice dans le cadre de l’attribution de la deuxième licence globale. D’ailleurs, dans l’une d’elles, Wireless soutient être capable de satisfaire techniquement aux exigences de l’Artp et propose une offre financière de 30 milliards pour gagner le marché.

En outre, confie Cheikh Faye, sa société a été associée à toutes les activités de l’Artp à son démarrage. C’est ainsi que, dit-il, Wireless a participé à la tenue des concertations sur les télécommunications, demandées par le Président de la République. ‘Nous avons même été cooptés dans le comité de pilotage qui a élaboré le document final de ces journées dont les documents finaux avaient servi de base à la rédaction de la lettre sectorielle sur les télécommunications’, confie le patron de Ws. Qui se désole que l’Artp n’ait plus fait signe de vie jusqu’au moment où sa société apprend que la procédure des consultations restreintes avait été enclenchée. Et c’est ainsi que, en dépit de la violation du code de procédure d’attribution des marchés, Wireless a tenu à faire acte de candidature (il exhibe de nouveau un accusé de réception de l’Artp mentionné dans un cahier de transmission en faisant foi). ‘Mais le 30 Août par extraordinaire, nous recevons un fax de l’Artp pour nous dire que Wireless ne peut participer à cet appel d’offres parce que ce dernier ne concerne que ceux qui ont eu à répondre à une manifestation d’intention que les autorités sénégalaises auraient exprimée au Sommet mondial sur l’information à Tunis’, explique Cheikh Tidiane Faye. Ce dernier soutient que cette explication servie par l’Artp est tirée par les cheveux car, à l’en croire, une manifestation d’intention ne peut, sur le plan juridique, remplacer un appel d’offres.
En tout cas, les responsables de Wireless-Sénégal n’entendent point laisser passer ce qu’ils appellent un abus de pouvoir dont ils sont victimes. Aussi, ont-ils saisi leurs conseils juridiques pour porter l’affaire devant le Conseil d’Etat. Parallèlement, ils comptent en faire part à leur société mère établie aux Etats-Unis qui, soutiennent-ils, va tirer cette affaire au clair avec les autorités sénégalaises.
Reflet : Et si l’Artp avait raison ?
L’Agence de régulation des télécommunications et des postes n’aurait-elle pas finalement raison d’exclure Wireless-Sénégal de la course pour l’obtention de la deuxième licence globale de télécommunications ? Cette question a taraudé l’esprit de nombre de confrères au sortir de la conférence donnée, hier, par le patron de cette boîte. En effet, rien ne montre que celle-ci pourrait satisfaire au cahier de charges encore moins faire le poids devant ses concurrents annoncés. Comment une société n’ayant pas de fax, ni de téléphone fixe et dont le siége peut, à peine, contenir dix personnes, peut-elle prétendre gagner une licence globale de télécommunication ? L’absence de fax avait même amené l’Artp à envoyer sa réponse à la demande de candidature de Wireless- Senegal à une société mitoyenne pour transmission. Mais le plus cocasse, c’est quand le responsable moral de Ws reconnaît sans sourciler que sa société n’avait pas encore fait ses preuves en matière de téléphonie et qu’elle comptait sur l’obtention de cette deuxième pour arroser le Sénégal et développer ses tentacules dans la sous-région.
Par Aguibou KANE