Ouvrir un espace d'information et de veille stratégique en Afrique sur les télécommunications et les TICs. Promouvoir les échanges entre les acteurs qui s’intéressent à la convergence, le droit, l’économie, la veille concurrentielle, les réseaux, la stratégie des opérateurs et l'intelligence économique en télécommunications et TIC. Echanger et s'informer pour suivre l'évolution des communications électroniques qui sans cesse subissent la vitesse du changement.

20 novembre 2007

Google tenté par l'aventure des télécommunications


Le géant de l'Internet devrait participer à l'appel d'offres pour un nouveau réseau cellulaire aux Etats-Unis. Pour devenir un grand opérateur mobile, Google devra investir plusieurs milliards de dollars.
Le compte à rebours est sur le point de s'achever. Google, le géant de la recherche sur Internet qui ambitionne de devenir un acteur incontournable des télécommunications mobiles n'a désormais plus que quinze jours pour prendre une décision majeure : participer ou non à la vente aux enchères de fréquences hertziennes permettant d'inaugurer en 2009-2010 un nouveau réseau cellulaire aux Etats-Unis. Les dossiers de candidature doivent être déposés avant le 3 décembre au soir auprès de la Federal Communications Commission (FCC), le gendarme américain des télécoms. Les enchères elles-mêmes ne débuteront que fin janvier 2008 et les fréquences libérées par le passage de la diffusion analogique à la diffusion numérique des chaînes de télévision ne seront transférées au nouveau propriétaire qu'en 2009.
Selon le « Wall Street Journal », Google aurait déjà pratiquement arrêté sa décision en choisissant de participer aux enchères. Le pari s'annonce risqué et très coûteux puisque le bloc de fréquences nationales proposé à la vente devrait être mis aux enchères au prix plancher de 4,6 milliards de dollars (3,13 milliards d'euros). Au-delà de l'achat des fréquences, UBS estime que l'opérateur devra aussi investir entre 8 et 10 milliards de dollars dans la construction de son réseau. Google, qui a dégagé 3,5 milliards de dollars de résultat opérationnel l'an dernier, a certes les moyens de ses ambitions. Mais la communauté financière pourrait s'inquiéter de voir le groupe risquer une telle diversification. Très gourmandes en capitaux, les télécommunications mobiles sont un secteur ultraconcurrentiel sur lequel les opérateurs installés disposent d'une avance considérable. Sur ce marché oligopolistique, seuls les deux ou trois premiers parviennent à dégager des marges confortables et les nouveaux entrants sont souvent à la peine. Les déboires actuels du réseau Sprint-Nextel - qui vient de revoir à la baisse ses ambitions dans la téléphonie mobile de nouvelle génération WiMAX - sont là pour le rappeler. Google, le « pure player » Internet, risque de perdre de son aura boursière en s'aventurant ainsi dans les télécoms.
Mais la firme californienne, qui cherche des relais de croissance et a annoncé ce mois-ci son intention de développer une plate-forme logicielle pour les terminaux mobiles, pourrait se laisser tenter : le marché américain des télécoms mobiles flirte désormais avec les 100 milliards de dollars...
Vers un téléphone sponsorisé ?
Google pense pouvoir s'y imposer grâce à la puissance de sa marque et aux recettes qui ont fait de son moteur de recherche le numéro un de l'Internet. Adepte des systèmes ouverts, le groupe pourrait ainsi favoriser l'émergence de nouveaux types de terminaux adaptés à ses logiciels : on spécule depuis des mois sur le lancement d'un « gPhone », qui pourrait faire pièce au fameux iPhone d'Apple...
Si Google se décide à devenir un opérateur mobile, c'est tout le « business model » traditionnel des opérateurs basé sur un abonnement et des tarifications à l'usage qui pourrait être remis en cause : la star de l'Internet fonde toute sa stratégie sur la manne publicitaire. Le téléphone « sponsorisé » par la pub mobile est peut-être pour demain...
DAVID BARROUX