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19 février 2008




Téléphonie mobile: Voilà le réseau des consommateurs

L’exploitation à outrance et sans contrôle des consommateurs de téléphonie mobile par les opérateurs de la place a précipité la création du Réseau malien des consommateurs de la téléphonie mobile (Remacotem). C’est en septembre 2006 qu’un groupe de Maliens, conscient de la problématique, a décidé de prendre à bras le corps les préoccupations des utilisateurs de la téléphonie mobile. Sans tambour, ni trompette, ces hommes et femmes ont, avec leurs propres moyens, fait un travail de fond au niveau de la base à travers tout le pays pour comprendre et toucher du doigt les difficultés qu’a engendré l’exploitation à outrance des opérateurs de téléphonie mobile. Ils ont également procédé à des recherches et études sur le comportement, les gains et les agissements de chaque opérateur.
C’est pour partager les résultats de ce travail et se faire connaître par l’opinion nationale et internationale que les membres du réseau ont animé, le vendredi dernier, une causerie débat avec la presse. La conférence était animée par le président du Remacotem, Dr Adama Traoré. Le réseau a deux objectifs principaux notamment la défense des intérêts des consommateurs de la téléphonie mobile et la défense de l’opérateur historique.
Le président du réseau explique que le consommateur malien de téléphonie mobile est victime d’une escroquerie sur tous les services rendus par les opérateurs, qu’il s’agisse du calcul de la minuterie des appels, le non respect de la norme internationale en matière des délais de validité, c’est-à-dire le non cumul des délais. Chaque carte prépayée a une durée de validité qui revient de droit au consommateur. Alors si quelqu’un paye 10 fois les cartes de 5 000 F le même jour, il doit bénéficier de dix mois de délai de validité.
S’agissant de la défense de l’opérateur historique, la Sotelma, le président du réseau dira : « La défense de la Sotelma est un souci de préserver l’intérêt de la collectivité entière ». « Ce qui s’est passé au Mali dans de la libéralisation des télécommunication ne s’est produit nulle part en Afrique et particulièrement dans la sous région ouest africaine », a ajouté Dr Traoré.
Dans les autres pays, ils ont commencé par privatiser avant de libéraliser. C’est le contraire qui s’est produit au Mali. Une situation qui a mis l’opérateur historique dans une position délicate.
Les autorités maliennes ont commis l’erreur de libéraliser le secteur des télécommunications sans respecter certains préalables. Le Mali est le seul pays en Afrique qui a cédé tous les segments de la communication dans une seule licence et à un prix dérisoire si l’on fait la comparaison avec les autres pays de la sous région. Le Mali a donné le GSM, le fixe, le fax, l’Internet et L’international dans une seule licence à moins de 30 milliards de F CFA. Alors qu’au Sénégal, les Soudanais viennent de mettre 100 milliards de F CFA sur la table pour avoir uniquement le GSM ; la Côte d’Ivoire a livré le GSM à 50 milliards de F CFA, le Bénin à 30 milliards de F CFA.Dans tous ces pays, l’opérateur historique a gardé le monopole sur l’essentiel des segments de la communication.
Ensuite, le statut d’entreprise publique, dans lequel l’Etat a maintenu pendant ces années l’opérateur historique, l’a pénalisé vis-à-vis de ses concurrents qui ont la latitude de décider de la réalisation d’un projet et de son exécution le lendemain, contrairement à l’opérateur historique qui est obligé de passer par plusieurs instances de décision. Le réseau entend se battre pour remettre l’opérateur historique dans ses droits.
Mais son président a tenu à apporter une précision en ce qui concerne les produits offerts par les deux opérateurs aux consommateurs : « Les deux opérateurs seront traités à la même enseigne ».
Le Remacotem a déjà 596 000 adhérents (des deux opérateurs) identifiés sur l’ensemble du territoire national, excepté les 11 communes de Kidal. Il envisage de lancer ses activités dans les prochains jours par une série d’activités en direction de la presse, de la société civile, des parlementaires et des scolaires.
I. Maïga
L'Aube du 18 février 2008