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02 juin 2008

Viviane Reding appelle la France à plus de concurrence


Viviane Reding, Commissaire européenne à de la société de l'information et des médias, ouvre demain à Paris les Assises du numérique, aux côté de Eric Besson, secrétaire d'Etat chargé de la prospective, de l'Evaluation des politiques publiques et du développement de l'Economie numérique.
Ces assises, dont l'Usine nouvelle est partenaire, contribuent à l'élaboration du plan national de développement de l'économie numérique, qui doit être présenté au plus tard le 31 juillet.En avant première pour l'Usine nouvelle et usinenouvelle.com, elle livre ses pistes de réflexion pour développer l'usage des nouvelles technologies dans les entreprises. Quitte à bousculer le gouvernement français à elle demande plus de concurrence dans le secteur des télécommunications.


En Europe, et en France en particulier, les rapports succèdent aux commissions. Et pourtant nous faisons toujours le même constat : nous sommes en retard par rapport à nos principaux compétiteurs. A qui la faute : aux Etats ou aux entreprises ?


Viviane Reding : Permettez-moi tout d'abord d'exprimer tout de suite mon désaccord avec ce constat. L'Union européenne et particulièrement la France, ne sont pas du tout en retard en matière de nouvelles technologies et de télécommunications, bien au contraire ! Les dernières sources montrent que le haut débit se porte très bien en Europe: huit Etats membres devancent les Etats-Unis en termes de pénétration et quatre d'entre eux, le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas et la Suède, occupent les premières places mondiales avec des taux de pénétration supérieurs à 30%. Ces pays maintiennent nettement leur position de leaders mondiaux, loin devant la Corée, les États-Unis ou le Japon. Le chiffre d'affaires du secteur haut débit représente par ailleurs 62 milliards d'euros. Enfin, le nombre de lignes à haut débit dans l'UE est de 99 millions, soit 23,8 % de plus que l'année précédente et 20 % de la population européenne y a maintenant accès.
En ce qui concerne la France, je constate avec satisfaction que le marché du haut débit se développe bien. La France est dans le peloton de tête avec un taux de pénétration de plus de 23% en octobre dernier. J'ai aussi observé une baisse des prix et des offres de services plus variées. Le défi pour la France est maintenant de faire évoluer son modèle vers la fibre et le très haut débit. Loin de moi donc, l'idée de blâmer les Etats ou les entreprises. Notre avenir dépend de plus en plus fortement des nouvelles technologies; agissons en conséquence et construisons un marché unique européen qui soit encore plus performant et compétitif et qui réponde aux nouveaux défis de l'ère numérique.


Quels freins faudrait-il lever pour que les entreprises investissent davantage dans leurs outils ?


Viviane Reding : 2007 a été la 5ème année consécutive de croissance des investissements dans le secteur des télécommunications en Europe. Ils ont représenté plus de 50 milliards d'euros, soit un chiffre similaire à celui des Etats-Unis, et supérieur à celui de la Chine et du Japon réunis. Là encore, l'Europe fait preuve de dynamisme. Mais ce n'est pas suffisant, d'où mes appels répétés pour supprimer les obstacles à la concurrence en Europe.

C'est la concurrence entre les entreprises qui les poussera à investir davantage. Prenons par exemple le marché mobile : même si les tarifs de terminaison mobile ont baissé en 2007, ils varient toujours fortement d'un Etat à l'autre allant de 1,9 centime d'euro/minute à Chypre à 22 centimes d'euros en Estonie. En France, on a constaté des réductions de l'ordre de 20%, ce qui est significatif et très positif. En revanche, le taux de pénétration mobile en France (82%) reste en-dessous de la moyenne européenne (111%).

De surcroît, la croissance ralentit. C'est pourquoi je suis sensible à toute initiative qui contribuerait au développement de la concurrence en France; l'octroi d'une 4ème licence 3G est une piste qu'il ne faut pas négliger. Autre exemple: aujourd'hui encore, 86,5 % des clients européens ont accès à la téléphonie fixe via l'opérateur historique. En France, ce chiffre s'élève à plus de 88%. Ce n'est pas avec de tels chiffres que l'on pourra stimuler l'investissement !