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09 avril 2010

Avec iAd, Apple veut doper la publicité sur les téléphones mobiles


Apple entre sur un nouveau marché, celui de la publicité pour mobile. Jeudi 8 avril, à l'occasion de la présentation de la 4e version du "système d'exploitation" de son téléphone iPhone, Steve Jobs, le patron d'Apple, a annoncé le lancement prochain d'iAd, la propre régie publicitaire du groupe américain.


Elle proposera aux éditeurs de commercialiser auprès des annonceurs les espaces publicitaires disponibles dans les applications (jeux, fils d'actualité) qu'ils mettent à disposition sur l'iPhone. Moyennant une commission : 40% des revenus publicitaires iront à Apple.


En outre, iAd permettra aux éditeurs d'afficher plus "proprement" les publicités : quand un utilisateur de l'iPhone ouvrira l'une d'elles à l'avenir, il ne sera plus obligé de sortir de l'application visitée, comme c'est le cas aujourd'hui, ce qui l'oblige à des manipulations supplémentaires pour y revenir…

Pour Apple, qui reste avant tout un vendeur de matériel, "le but est moins de faire de l'argent en vendant de la publicité, que de chouchouter les éditeurs d'applications, pour les encourager davantage à travailler pour l'iPhone, en leur permettant de mieux valoriser leur contenu", estime Thomas Husson du cabinet Forrester.

De fait, le succès de l'iPhone (85 millions d'iPhones et d'iPod Touch écoulés depuis le lancement, mi-2007), outre son ergonomie et son design, est dû à la richesse de son "magasin" d'applications. Il en contient 185 000. Or, selon les spécialistes, pour choisir, les consommateurs se basent sur les téléphones qui ont les magasins les plus attrayants.

Pour les professionnels de la publicité et les analystes, iAd pourrait aussi signifier le décollage de la publicité sur les mobiles, toujours balbutiante. "L'arrivée d'iAd va crédibiliser cette forme de publicité auprès des annonceurs. L'année 2010 sera une année décisive", se réjouit Gonzague de la Tournelle, qui dirige la régie MBrand3.

"Le pari d'Apple, c'est que les utilisateurs de l'iPhone passent de plus en plus de temps à consulter des applications, qu'il y a une vraie audience sur certaines d'entre-elles qui peuvent être du coup exploitées par des annonceurs", selon Cédric Foray, directeur associé du cabinet Greenwich Consulting.

"Les annonceurs pourraient aussi être intéressés par le potentiel, énorme, des annonces géolocalisables" ajoute le spécialiste.

ENJEU CONSIDÉRABLE

Même s'il paraît probable qu'Apple va jouer un rôle de catalyseur, la publicité mobile "va rester modeste pendant encore quelques temps, bien moindre que celle en ligne sur le Web. Elle ne concernera probablement que les annonceurs qui cherchent des clients haut de gamme", pense Andrew Franck, du cabinet Gartner Group.

De fait, les freins à la publicité mobile demeurent : l'affichage des réclames sera toujours contraint, en raison de la taille limitée de l'écran. Et même s'il est en expansion, le parc installé d'iPhone pèse encore peu par rapport au marché mondial de la téléphonie mobile (quelques pourcents seulement).

Il n'empêche: l'enjeu reste considérable. Car ce qui se dessine aussi, déjà, avec la publicité sur les téléphones, c'est le futur marché de la publicité sur les tablettes numériques, l'iPad, celle d'Apple, mais aussi les terminaux concurrents qui débarqueront dans les mois qui viennent.

La preuve : la publicité mobile est le nouveau terrain d'affrontement entre Apple et Google. Ce dernier qui réalise presque 100 % de ses énormes revenus (23,6 milliards de dollars en 2009 soit 17,6 milliards d'euros), en vendant de la publicité sur le Web, se doit d'être présent sur le mobile, présenté comme le principal terminal d'accès au Net d'ici quelques années.

En 2009, les deux sociétés se sont disputées la régie publicitaire AdMob, spécialisée dans le mobile. C'est Google qui l'a emporté, pour 750 millions de dollars. Apple s'est retourné vers Quattro Wireless, acquise 275millions de dollars. C'est sur l'expertise de Quattro Wireless, qu'Apple a bati iAd.

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