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18 octobre 2010

Hadopi, 3G : Xavier Niel (Free) s'explique


Stratégie - Dans un entretien aux Echos, le patron de l'opérateur confirme que Free commencera à relayer les emails de la Haute Autorité à partir de ce lundi, tout en attaquant violemment l'esprit de la loi.


Au centre de l'actualité Hadopi depuis plusieurs semaines, Free a enfin décidé de prendre la parole. Xavier Niel, fondateur et patron de l'opérateur a ainsi répondu aux questions de nos confrères des Echos.


Dans cette interview, le magnat revient donc sur la stratégie de son groupe concernant l'application de la riposte graduée et sur le bras de fer qui l'oppose au gouvernement. Rappelons que le FAI a refusé de relayer les avertissements de la Haute Autorité à ses abonnés, s'appuyant sur un cadre légal bancal et sur l'absence d'indemnisation pour identifier les abonnés fautifs.


Face au refus de Free, le gouvernement a publié en urgence décret afin de débloquer la situation. Il prévoit 1500 euros d'amende par email non transmis. Une arme de destruction massive qui semble avoir fait plier l'opérateur. Reste que Free ne s'avoue pas vaincu.


"Mauvaise loi"

"Nous allons commencer à envoyer des e-mails ce lundi. Nous contesterons ce nouveau décret, qui nous semble illégal. Contrairement aux autres FAI, nous appliquerons strictement la loi, mais seulement la loi".


L'homme conteste également les accusations d'opportunisme marketing en endossant le rôle de Chevalier blanc auprès des internautes. "Notre position n'était ni marketing ni financière. Nous n'avons pas gagné un abonné en refusant de collaborer au-delà de ce que nous imposent les textes", explique-t-il.


Free a en effet les moyens de contester ce décret devant le Conseil d'Etat ou auprès de la Commission européenne puisque. En effet, "une mesure pénale nouvelle qui vise un service de la société de l'information doit préalablement être notifiée à Bruxelles (directive 98/48/CE)". Ce qui n'a pas été fait...


Concernant l'esprit de la loi, Xavier Niel ne mâche pas ses mots. " En 2007, l'Etat a souhaité qu'au travers d'une concertation large il soit mis fin (au) pillage (du piratage). Mais ce sont certains majors qui ont très vite imposé leurs solutions, à l'encontre de l'intérêt des Français, mais aussi des créateurs.


Cette loi est une mauvaise loi qui ne résout rien, qui est très simplement contournable et qui ne tient pas compte de l'évolution de la forme que prend le piratage. Je pense qu'il faudrait revenir à l'intention première et avoir une véritable concertation avec l'ensemble des acteurs, et non pas un simulacre de discussion comme cela s'est passé."


Augmentation du triple play entre 1,50 et 3 euros

Interrogé sur la modification du calcul de la TVA sur le triple play, le patron confirme que Free augmentera bien ses tarifs. "Cette nouvelle taxe sera répercutée au premier jour de l'application de la loi, et au centime près. Nous n'en profiterons pas pour augmenter notre marge.


Mais nous isolerons dans les factures de nos abonnés le montant de la « taxe Baroin », qui sera comprise entre 1,50 et 3 euros par mois selon la formulation de la loi. Nous rendrons ainsi justice à un ministre qui veut rétablir l'équilibre financier de la France en abaissant le pouvoir d'achat de l'ensemble des Français !


Le « triple play » est devenu un bien indispensable comme l'eau ou l'électricité pour l'ensemble des foyers français, le taxer c'est mettre en place une mesure fiscale des plus injustes".


Pour autant, si l'homme conteste cette nouvelle taxe, il estime que certains concurrents n'ont pas joué le jeu : "Le succès d'Internet en France existe notamment grâce à Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Economie de l'époque, qui a eu la perspicacité d'accorder à ces offres innovantes un taux de TVA réduit il y a six ans. Mais certains opérateurs mobiles en ont détourné l'usage, probablement pour environ 800 millions d'euros annuels. Au lieu de sanctionner les abus, on jette le bébé avec l'eau du bain."


Enfin Xavier Niel revient sur le dossier Free Mobile et surtout sur le refus de ses concurrents de lui accorder un accord d'itinérance pour la 3G. "C'est pourtant l'assurance pour celui qui signera avec nous de compenser financièrement notre arrivée.


C'est un contrat de plusieurs centaines de millions d'euros. Nous nous donnons jusqu'à la fin de l'année pour convaincre un opérateur. Aujourd'hui, il nous est impossible de reproduire leurs offres « quadruple play ». En cas de refus de nous accorder l'itinérance 3G, nous n'aurons d'autre choix qu'une procédure contentieuse".


Malgré ce blocage, Niel confirme le calendrier de Free Mobile avec un lancement début 2012 pour une couverture de la population de 27 %. Les objectifs sont ambitieux : "Si nous ne révolutionnons pas le marché du mobile, ça ne marchera pas.


L'équipe fondatrice de Free souhaite faire du mobile uniquement pour bouleverser ce secteur, comme elle l'a fait dans les télécommunications fixes. Nous n'avons pas le droit de décevoir, nous sommes condamnés à réussir.


Si on arrive à la part de marché que nous avons conquis dans le « triple play », à savoir près de 25 %, nous serons ravis. Notre ambition : qu'Iliad atteigne un chiffre d'affaires de 4 milliards d'euros d'ici à 2015, soit un doublement".


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