Ouvrir un espace d'information et de veille stratégique en Afrique sur les télécommunications et les TICs. Promouvoir les échanges entre les acteurs qui s’intéressent à la convergence, le droit, l’économie, la veille concurrentielle, les réseaux, la stratégie des opérateurs et l'intelligence économique en télécommunications et TIC. Echanger et s'informer pour suivre l'évolution des communications électroniques qui sans cesse subissent la vitesse du changement.

05 octobre 2010

Le russe Vimpelcom met la main sur Orascom


En rachetant la majorité des actifs d'Orascom Telecom et l'intégralité du deuxième opérateur mobile italien, Wind, Vimpelcom explose hors des frontières de la Communauté des Etats Indépendants et se classe au cinquième rang mondial des opérateurs.


D'un seul coup, Vimpelcom surgit sur la scène mondiale des télécoms ... à la cinquième place des opérateurs mobiles. Le deuxième opérateur russe a annoncé hier le rachat de la majeure partie des actifs télécoms du magnat égyptien, Naguib Sawiris.


Cette opération va transformer Vimpelcom, détenu conjointement par l'opérateur norvégien Telenor et par le milliardaire Mikhail Fridman (Altimo), en un géant pesant 21,5 milliards de dollars avec un excédent brut d'exploitation de 9,5 milliards de dollars. Bref, c'est un géant fort de 174 millions de clients mobiles qui est né hier.


Techniquement, l'opération prend la forme d'un apport par les actionnaires de Weather Investments -le fonds d'investissement de Naguib Sawiris (conseillé par Lazard) et d'autres -de leurs actifs à Vimpelcom. Le russe va donc détenir 51,7% d'Orascom et 100% de Wind, l'opérateur mobile italien. L'achat est payé en cash, à hauteur de 1,8 milliard de dollars et en actions.


Les actionnaires de Weather Investments vont détenir 20 % du capital de Vimpelcom à l'issue de la transaction. Seules les filiales grecques, égyptiennes et nord-coréennes, sont exclues de l'opération.


Hors de la grande Russie

Pour Vimpelcom, qui réalisait les trois quarts de son chiffre d'affaires en Russie, c'est l'occasion de se diversifier à grande vitesse et de rentrer dans la cour des grands. Ukraine, Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Géorgie, Arménie, Kirghizstan... le groupe peinait à sortir de la Communauté des Etats indépendants malgré des incursions au Vietnam et au Cambodge.


En acquérant 51 % du capital d'Orascom Telecom et 100 % de Wind Italie, qui est le deuxième opérateur de la péninsule, il établit sa présence sur trois continents : Europe, Asie, Afrique.


Orascom comptait 73 millions de clients en juin (hors Egypte), du Bangladesh à la Tunisie en passant par le Pakistan. Il a également posé des ajlons en Centrafrique, au Rwanda, au Burundi.


«Cette opération confirme que le gros du potentiel télécoms dans les prochaines années sera en Afrique et au Moyen-Orient», commente Mehdi Ben Said, analyste chez Pyramid Research : entre 2010 et 2015, on attend une croissance moyenne annualisée de 7 % du nombre d'abonnés, et de 4 % des revenus. L'été dernier l'indien Bharti a créé un mastodonte en achetant les actifs africains de Zain.


Cette montée en puissance de géants des télécoms issus des pays émergents ne sera peut-être pas sans poser problème aux opérateurs occidentaux, tels qu'Orange ou Vodafone, qui veulent se développer sur les marchés en forte croissance.


Orange vient ainsi de racheter 40 % du capital de Meditel, le deuxième opérateur mobile marocain. Le groupe veut doubler son chiffre d'affaires africain d'ici à 2015. Il devra compter avec un géant de plus sur son terrain de chasse africain.


A moins qu'Alger ne fasse capoter la fusion Vimpelcom/Orascom. Le gouvernement algérien réclame en effet des arriérés fiscaux à Djezzy, la filiale d'Orascom. Gageons que la visite mercredi à Alger du président russe, accompagné du patron de Vimpelcom, saura aplanir les difficultés.


GUILLAUME DE CALIGNON ET SOLVEIG GODELUCK

www.lesechos.fr