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27 octobre 2006

A la source du « génie du capitalisme », les bonnes recettes de tonton Phelps

Ouf ! le nouveau prix Nobel d'économie n'est pas un libéral. Edmund Phelps défend le rôle de l'Etat et la régulation de l'économie. Mais il fustige quand même nos rigidités corporatistesLa théorie économique peut-elle fournir aux hommes politiques des outils fiables ? Lord Maynard Keynes, la référence mythique de la gauche moderne et des défenseurs de l'intervention de l'Etat, mérite-t-ilencore son magistère hégémonique ? Pourquoi l'Europe s'enfonce-t-elle quand l'Amérique fait la course en tête ? Edmund Phelps (73 ans), l'économiste que l'académie Nobel vient de distinguer, n'est pas seulement un touche-à-tout de génie aussi doué pour la philosophie que pour la musique ou le cinéma(ses hobbys) ; les travaux de cet observateur, né pendant la Grande Dépression des années 1930, hanté par les crises peuvent aussi parfaitement inspirer des gou-vernements confrontés au doute et au déclin.Modeste, ravi d'échanger des idées (« la presse française m'a toujours mieux traité que l'américaine »), ce prof à Columbia, chercheur associé à l'OFCE, l'observatoire de Sciences-Po, se définit moins comme un keynésien (« très mal vu aux Etats-Unis ») que comme un « partisan d'une régulation » raisonnable de l'économie. Mais il juge que « beaucoup de pays européens, au nom de la défense de l'emploi, en ont abusé au point d'en faire un usage ritualiste, contre-productif, au risque de tuer la poule aux oeufs d'or ».Attention, cet Américain n'est pas pour autant un libéral. « Phelps est convaincu que l'économie de marché n'aboutit pas à un équilibre acceptable, il pense que l'Etat a un rôle majeur, mais il a détruit le keynésianisme simpliste en réhabilitant l'intervention dans le cadre d'un modèle plus sophistiqué », souligne son ami Jean-Paul Fitoussi, patron de l'OFCE, qui travaille avec lui sur un projet étudiant les rapports entre la taille d'un pays et sa stratégie de croissance. Pour le Nobel d'économie, l'état « normal » de l'économie est le « marasme structurel ». « Phelps démontre qu'il existe un taux de chômage d'équilibre », explique Fitoussi. Ce n'est pas une raison pour que les gouvernements restent les bras croisés. « Le niveau du chômage d'équilibre n'est pas une fatalité, et certaines politiques peuvent le réduire, mais pas celles préconisées par le keynésianisme primaire, observe le patron de l'OFCE. Il trouve en tout cas illusoire d'imaginer acheter une réduction du chômage en acceptant une augmentation de l'inflation. » Avis aux mécaniciens simplistes.
Proche du philosophe John Rawls et de ses idées sur l'équité, Phelps est partisan d'une baisse des charges pour augmenter les bas salaires ou d'un « impôt négatif », cette prime versée aux revenus faibles pour les inciter à reprendre un emploi. Deux mesures controversées appliquées par la France. Le Nobel croit aussi qu'il faut verser aux salariés un salaire suffisant, qu'il appelle le salaire d'efficience. Cette rémunération garantit sinon la loyauté des employés à l'entreprise, du moins une plus grande stabilité en période d'expansion, quand les entreprises se disputent la main-d'oeuvre. Une pierre dans le jardin de ceux qui voient dans le salaire une variable d'ajustement. Partisans de meilleurs salaires, Phelps est en revanche sceptique vis-à-vis des politiques de baisses d'impôts visant à stimuler l'activité : « Les impôts financent des biens publics qui participent au bien-être de la population. Les réduire affecterait l'Etat-providence et la protection sociale, qui est une richesse collective, ce qui entraînerait comme conséquence une baisse du bien-être de la population. » Pas de biens publics sans impôts, pas de destin commun sans pression fiscale.Inquiet de l'asthénie européenne, le nouveau Nobel ne considère pas pour autant qu'elle vienne d'une surtaxation et d'un système de protection sociale trop coûteux. « Le mal profond de l'Europe, ce sont les rigidités corporatistes, hiérarchiques, l'incapacité à encourager l'entreprise autrement que par des subventions. » C'est sa fameuse idée d'implication personnelle au coeur de la croissance. La volonté de chaque salarié de se réaliser personnellement fait, selon lui, la réactivité du modèle américain. C'est ce « génie du capitalisme », inscrit dans son ADN, qui a été dégradé et dévoyé dans le système européen. Il a perdu sa créativité et « semble presque avoir été conçu pour brider la croissance ». L'accent mis sur l'épanouissement par le travail est la source de la productivité outre-Atlantique. Un projet n'a pas besoin d'être génial ou d'avoir le feu vert de l'Etat pour être bon. Chaque échelon, même le plus humble, peut porter son idée et contribuer au foisonnement collectif. On l'aura compris, pour Phelps, le modèle social compte moins que le modèle économique, qui fonde le dynamisme d'une nation. Un conseil que nos gouvernants pourraient utilement méditer, comme sa théorie de la croissance fondée sur l'éducation et la diffusion du progrès technique, avalisée aujourd'hui par la vitalité du système anglo-saxon. Les défauts de ce dernier - déficits record, inégalités - sont patents. Mais l'Amérique fait la course en tête depuis quinze ans.Edmund Phelps , 73 ans, est depuis 1982 professeur à l'Université de Columbia. Opposé à la seule régulation de l'économie parle marché. Au printemps, à propos du CPE en France, il s'était élevé contre l'idée selon laquelle une plus grande flexibilité du marché du travail serait le remède à tous les maux.Proche du philosophe John Rawls et de ses idées sur l'équité, Phelps est partisan d'une baisse des charges pour augmenter les bas salaires ou d'un « impôt négatif », cette prime versée aux revenus faibles pour les inciter à reprendre un emploi. Deux mesures controversées appliquées par la France. Le Nobel croit aussi qu'il faut verser aux salariés un salaire suffisant, qu'il appelle le salaire d'efficience. Cette rémunération garantit sinon la loyauté des employés à l'entreprise, du moins une plus grande stabilité en période d'expansion, quand les entreprises se disputent la main-d'oeuvre. Une pierre dans le jardin de ceux qui voient dans le salaire une variable d'ajustement. Partisans de meilleurs salaires, Phelps est en revanche sceptique vis-à-vis des politiques de baisses d'impôts visant à stimuler l'activité : « Les impôts financent des biens publics qui participent au bien-être de la population. Les réduire affecterait l'Etat-providence et la protection sociale, qui est une richesse collective, ce qui entraînerait comme conséquence une baisse du bien-être de la population. » Pas de biens publics sans impôts, pas de destin commun sans pression fiscale.Inquiet de l'asthénie européenne, le nouveau Nobel ne considère pas pour autant qu'elle vienne d'une surtaxation et d'un système de protection sociale trop coûteux. « Le mal profond de l'Europe, ce sont les rigidités corporatistes, hiérarchiques, l'incapacité à encourager l'entreprise autrement que par des subventions. » C'est sa fameuse idée d'implication personnelle au coeur de la croissance. La volonté de chaque salarié de se réaliser personnellement fait, selon lui, la réactivité du modèle américain. C'est ce « génie du capitalisme », inscrit dans son ADN, qui a été dégradé et dévoyé dans le système européen. Il a perdu sa créativité et « semble presque avoir été conçu pour brider la croissance ». L'accent mis sur l'épanouissement par le travail est la source de la productivité outre-Atlantique. Un projet n'a pas besoin d'être génial ou d'avoir le feu vert de l'Etat pour être bon. Chaque échelon, même le plus humble, peut porter son idée et contribuer au foisonnement collectif. On l'aura compris, pour Phelps, le modèle social compte moins que le modèle économique, qui fonde le dynamisme d'une nation. Un conseil que nos gouvernants pourraient utilement méditer, comme sa théorie de la croissance fondée sur l'éducation et la diffusion du progrès technique, avalisée aujourd'hui par la vitalité du système anglo-saxon. Les défauts de ce dernier - déficits record, inégalités - sont patents. Mais l'Amérique fait la course en tête depuis quinze ans.Edmund Phelps , 73 ans, est depuis 1982 professeur à l'Université de Columbia. Opposé à la seule régulation de l'économie parle marché. Au printemps, à propos du CPE en France, il s'était élevé contre l'idée selon laquelle une plus grande flexibilité du marché du travail serait le remède à tous les maux.