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04 décembre 2006


Technologie - L'avenir de l'industrie du divertissement passerait-il par le cellulaire?

Bruno Guglielminetti
Édition du lundi 04 décembre 2006
Mots clés : Edgar Bronfman, cellulaire, industrie du divertissement, Média, États-Unis (pays)



Pendant qu'à Montréal le Parti libéral couronnait Stéphane Dion et donnait une nouvelle destinée à l'histoire canadienne, à New York, les grands dirigeants de l'industrie du divertissement se rencontraient pour faire le point sur l'ère numérique et les défis à venir dans ce nouvel environnement.

Le témoignage le plus intéressant du week-end, c'est probablement celui d'Edgar Bronfman, le directeur général de la Warner Music Group. Celui-ci admet que la maison de disques tire déjà presque la moitié de ses revenus des ventes numériques avec les produits sans fil. Le meilleur exemple demeure les sonneries de téléphone cellulaire qui sont offertes au prix de

2 dollars l'unité comparativement aux chansons du même artiste qui s'envolent pour 99 cents l'unité chez iTunes. Pour l'année fiscale se terminant au 30 septembre, Warner Music aurait touché des revenus numériques de 355 millions de dollars américains, soit environ 10 % du total des revenus du groupe.

S'exprimant lors d'un forum organisé par le groupe Reuters à New York, Edgar Bronfman a cependant ajouté que Warner Music était encore loin d'une utilisation optimale de l'outil, jugeant même les outils actuels de téléchargement et d'achat de la musique et de sonnerie par téléphone sous-optimaux. Selon lui et d'autres participants de l'événement, les fabricants de téléphones cellulaires et les opérateurs de services cellulaires doivent travailler encore plus fort pour faciliter l'écoute de la musique par téléphone cellulaire.

Le cellulaire d'Apple
Un commentaire qui prend toute son importance alors que la rumeur veut que le fabricant Apple soit en train de préparer son propre téléphone cellulaire iPhone avec une capacité de stockage de 80 Go pour permettre l'hébergement de 7500 pièces musicales. Les Nokia, Sony Ericsson et Motorola auront fort à faire pour maintenir leur part de marché dans un nouvel environnement «téléphonomusical» pensé par Apple.

Dans sa réflexion sur le potentiel de la convergence entre la musique et l'univers cellulaire, le patron de Warner Music indique également qu'il existe encore un espace d'innovation en Amérique du Nord en ajoutant que des systèmes de réservation de billets de spectacles ou même de vente d'écran de veille ou de fonds d'écran laissaient présager un bel avenir à cette plateforme de distribution si les opérateurs de services cellulaires prenaient le train rapidement, car, ailleurs dans le monde, cette théorie est déjà réalité.

Mais l'avenir du groupe Warner Music ne passe plus uniquement par la musique. Contrairement à une certaine époque, elle passe également par des revenus publicitaires. Des revenus qui proviennent d'accords passés avec des portails qui présentent des extraits vidéo comme YouTube. Pionnier dans le domaine, comparativement aux autres grands joueurs de la musique dans le monde, c'est elle la première qui a stratégiquement négocié un accord avec le portail YouTube juste avant sa vente à Google pour 1,65 milliard de dollars américains, en novembre dernier. Même si les revenus publicitaires seront plus significatifs dans ce secteur en 2008, selon Edgar Bronfman, les actionnaires du groupe devraient voir un gain apparaître dans le bilan financier dès l'an prochain.

Mais l'impact de YouYube ne se fera pas sentir uniquement dans les poches des actionnaires de la Warner, car le monde de la télévision américaine regarde également dans cette direction. Même si certains intervenants du week-end s'inquiètent que les jeunes s'intéressent de plus en plus aux contenus créés par d'autres internautes, notamment par au moyen de blogues, de vlogues et de segments vidéo personnels, tous n'ont pas cette même crainte.

C'est du moins ce que l'on peut en déduire en écoutant les propos de la coprésidente de Disney Media Networks, Anne Sweeney. La représentante de cette filiale de Walt Disney déclarait au forum de Reuters que Disney produisait des émissions basées sur du matériel provenant du public depuis plus de 17 ans, donnant comme exemple une émission comme America's funniest home videos. Selon elle, le nouveau contenu personnel disponible sur Internet ne devrait pas causer trop de problème aux grands médias, enfin moins qu'ils ne l'imaginaient il y a quelque temps.

De son côté, le directeur général de Time Warner, Richard Parsons, affirme que même si le public cherche du contenu auprès du public, ça ne devrait pas mettre en danger les productions professionnelles. Et dans les deux cas, autant chez Disney que Warner, on dit trouver plus avantageux de travailler directement avec les internautes pour produire des segments vidéo ou même pour développer des plateformes de diffusion. Cela étant dit, personne n'y voit de profit dans l'immédiat.

bguglielminetti@ledevoir.com

Bruno Guglielminetti est réalisateur et chroniqueur nouvelles technologies à la Première Chaîne de Radio-Canada. Il est également le rédacteur du Carnet techno (www.radio-canada.ca/techno).