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09 mai 2007

Cameroun: Jean Louis Beh Mengue, "80 millions de lignes de téléphone bientôt disponibles "


Les explications du directeur général de l'Agence de régulation des télécommunications (ART), Jean Louis Beh Mengue.
Monsieur le directeur général, pourquoi le gouvernement a-t-il décidé d'adopter un nouveau plan de numérotation téléphonique qui entre en vigueur dans les prochaines semaines ?
C'est parce qu'on constate une augmentation du nombre d'abonnés qui est d'ailleurs une preuve de la vitalité du secteur. Pour répondre à la demande exponentielle des opérateurs en numéros à l'ART, le gouvernement a annoncé récemment un plan de numérotation à huit chiffres. Le nouveau plan à mettre en oeuvre à l'ART est homogène pour une durée estimée à 30 ans. Avec une capacité de 80 millions de numéros, il garantit des coûts de migration réduits pour les opérateurs. Il suffit d'ajouter un préfixe -chiffre à un ancien numéro- pour former le nouveau numéro. Ce caractère mnémonique est simple à exécuter pour tout usager. Une grande campagne de vulgarisation du mode opératoire est en cours d'élaboration pour assurer un passage en douceur à huit chiffres le 1er juin prochain.
Les membres du Réseau francophone de la régulation des télécommunications (FRATEL) viennent de tenir à Yaoundé un séminaire sur les réseaux de nouvelle génération. De quoi était-il question ?
Il s'agissait du quatrième séminaire organisé par le FRATEL. Il a permis à la centaine de participants, des régulateurs, des équipementiers et des opérateurs venus de divers horizons de débattre et de partager leurs expériences sur une préoccupation actuelle à savoir : la régulation des réseaux de nouvelle génération à l'heure où la migration vers ces réseaux paraît inéluctable.
Quels ont été les sujets débattus ?
Les exposés et les échanges portaient sur les problèmes de plus en plus spécifiques et complexes qui apparaissent avec le passage à ces réseaux performants. Trois questions pertinentes ont animé des débats très enrichissants. D'abord, quels réseaux pour quels services ? Ensuite, quelles actions le régulateur peut-il envisager pour faciliter la migration vers les réseaux de nouvelle génération au bénéfice du consommateur ? Et enfin, comment la régulation des opérateurs dominants est-elle modifiée par le passage aux réseaux de nouvelle génération ?
Que retenir de ce quatrième séminaire FRATEL ?
Je dois d'abord relever le niveau élevé et le caractère hautement enrichissant des échanges de ce séminaire. Celui-ci est un exemple de coopération entre les régulateurs sur un sujet concret. Les régulateurs ont réuni des méthodes pour une bonne adaptation de la régulation aux mutations technologiques telles que les réseaux de nouvelle génération. A Yaoundé, l'accent a été mis sur l'aspect politique du développement de ces réseaux. Car si ces réseaux de nouvelle génération sont une chance, ils peuvent aussi être un problème.
Comment s'explique cette contradiction ?
En fait, les réseaux de nouvelle génération sont une chance lorsqu'un pays n'est pas encore véritablement ouvert à l'exploitation des télécommunications. Ils favorisent la construction à moindre coût d'un système de télécommunications basé sur une plate-forme dite IP. Cela présente entre autres avantages des services fournis à bas prix et avec des largeurs de bande supérieures à celle du réseau traditionnel. Par contre, là où le réseau traditionnel existe et a été construit à grands frais, le développement des services Internet gratuits, comme par exemple la " VoIP " devient perturbateur au niveau économique. Le régulateur doit donc évaluer toutes incidences au niveau de la concurrence pour une intervention efficace. C'est dire combien les contributions ont été fructueuses et les recommandations bien formulées pour que les régulateurs stimulent le développement des services innovants et des investissements efficaces pour le grand bénéfice des consommateurs.
A ce niveau justement, les consommateurs au Cameroun pensent que les tarifs de communications demeurent élevés ?
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Il faut rappeler que l'ART intervient sur la base du principe de l'orientation des tarifs vers les coûts. L'ART demande aux opérateurs de répercuter systématiquement toute baisse du tarif d'interconnexion sur le tarif appliqué au consommateur. C'est ainsi que, de près de 500 F la minute en 2001, la communication est pratiquement à 100 F la minute en 2007 comme cela est affiché dans les points de revente du trafic, les " call box ". Il faut aussi noter que les tarifs des réseaux mobiles étaient élevés parce que les opérateurs ont investi lourdement sur les infrastructures inter-urbaines pour répondre à des obligations de couverture et l'extension vers les zones les plus reculées. C'est pourquoi l'ART encourage le partage ou la mutualisation des infrastructures pour conforter la baisse des coûts d'investissement et d'exploitation.
Est-ce le sens à donner à l'accord-cadre signé sur le partage des infrastructures ?
Bien évidement. Et la protection des consommateurs est l'une des raisons qui permettent de comprendre l'importance de l'accord-cadre signé le 23 décembre dernier pour une exploitation partagée des infrastructures. Nous remercions infiniment tous les signataires de cet accord stratégique qui contribuera au développement des télécommunications. Les réseaux privés (CRTV, Camrail, AES-sonel) ouvrent leurs infrastructures aux opérateurs et exploitants des télécommunications, Camtel, MTN, Orange, etc. Cette mutualisation va élargir la couverture des services, améliorer la qualité et fera encore baisser les tarifs des services offerts aux consommateurs qui sont de plus en plus nombreux.