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29 novembre 2007

Pourquoi les opérateurs de fibre vont devoir « mutualiser » leurs efforts ?


France Télécom, Free, Neuf Cegetel et Numericable vont devoir partager, de gré ou de force, leurs fibres optiques. Un collaboration indispensable pour que la France maintienne son rang dans le haut débit.
Surtout, n'évoquez plus le dégroupage ! Avec l’arrivée de la fibre optique, il va falloir s’habituer à parler de mutualisation. Certes, les objectifs sont à peu près les mêmes. Dans les deux cas, il s’agit de stimuler la concurrence, en forçant les opérateurs à collaborer, pour que la France, où l’internet est parmi les plus rapides et les moins chers du monde, maintienne son rang. L'enjeu est crucial pour réussir à connecter la moitié des foyers français à la fibre d’ici 2012, selon les plans énoncés mercredi matin par le régulateur. Dans le détail, mutualisation et dégroupage sont pourtant différents, car le déploiement de la fibre optique n’a pas grand chose à voir avec celui de l’ADSL. Grâce au dégroupage, les opérateurs alternatifs peuvent utiliser les lignes téléphoniques tirées par France Télécom depuis le central téléphonique jusqu’aux abonnés. La mutualisation concerne l'autre partie du réseau, c’est-à-dire les tuyaux qui courent sous la chaussée, propriété de France Télécom, auxquels veulent avoir accès les alternatifs. Sans cela, ils devraient en effet se livrer à des travaux pharaoniques pour tirer leur fibre jusqu’aux immeubles, sauf quelques rares exceptions comme à Paris, où ils peuvent emprunter les égouts. Ce scénario catastrophe mènerait à des investissements de plusieurs dizaines de milliards d’euros, totalement irréalistes, freinerait l’arrivée de la fibre et priverait environ 90% des Français de concurrence. Bref, ce serait la reconstitution d’un nouveau monopole. « France Télécom dispose d’un avantage concurrentiel décisif à travers son réseau de génie civil » hérité de l’ancien monopole, résume Denis Rapone, membre du collège de l’Arcep. L’intéressé ne le nie pas. D’ici la fin décembre, il formulera donc une « offre de référence », « non discriminante », avec des « tarifs orientés vers les coûts », qui permettra aux alternatifs d’emprunter ses fourreaux pour y déployer leur propre fibre et passer à la vitesse supérieure. Ces tarifs, justement, ne sont pas encore connus, et devraient faire l’objet de quelques tractations. « Avec France Télécom, il est un peu laborieux de leur faire faire une offre, mais quand ils se sont engagés, ça marche », juge, optimiste, Paul Champsaur, président de l’Arcep. Un premier bilan se tiendra dans un an.
Les abonnés devront pouvoir choisir entre plusieurs opérateursFrance Télécom ne sera toutefois pas le seul visé par la régulation. L’Arcep milite aussi pour une mutualisation de la fibre dans les immeubles. Idéalement, seul un opérateur entrera dans l’immeuble, et louera ses fibres à ses concurrents. Pendant une phase de lancement, ce partage pourrait même courir jusqu’au NRO, les nouveaux centraux de fibre optique. L'objectif est de rassurer les co-propriétés, qui reçoivent des sollicitation de tous les opérateurs et hésitent à leur donner accès pour mener leurs travaux ou à en privilégier un sur les autres. En octobre, UFC-Que Choisir avait d’ailleurs conseillé aux copropriétaires d'attendre avant de se lancer dans l'équipement des bâtiments en fibre optique. L’Arcep publiera au premier trimestre une recommandation, avant qu’une loi vienne vraisemblablement régler la question. A terme, « si Free arrive en premier, il installera sa fibre et la connectera à chaque logement, mais un boîtier au pied de l’immeuble pourra recevoir les fibres de tous les autres opérateurs », détaille Paul Champsaur. Là encore, les premiers arrivés loueront leurs infrastructures. « La mutualisation est indispensable pour ne pas revenir en arrière, pour conserver la diversité actuelle », résume Gabrielle Gauthey, membre du collège de l’Arcep. Autrement dit, pour que chaque internaute puisse choisir son opérateur et en changer où qu’il habite.