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07 novembre 2006



L’Afrique: marché où le mobile connaît la plus forte croissance au monde
http://www.icicemac.com/nouvelle/index.php3?nid=7339


Dans sa toute dernière publication Indicateurs des télécommunications africaines 2004, mise en circulation au Caire, l’UIT examine les raisons qui expliquent l’expansion rapide du mobile sur le continent et explore ses possibilités de croissance. «La technologie mobile incarne la société de l’information en Afrique», explique Michael Minges, Chef de l’Unité de marché, économie et finance et principal auteur de la publication en question. «C’est une technologie qui s’est implantée plus largement que n’importe quelle autre dans de nouveaux domaines et nous devons voir comment nous pouvons l’utiliser en allant de l’avant, pour aider à réduire la fracture numérique.»
D’après le rapport, la pénétration du mobile était de 6,2 pour 100 habitants à la fin de 2003, contre 3 pour 100 habitants pour la téléphonie fixe (voir la figure 1, graphique de droite). La téléphonie mobile a joué un rôle déterminant dans l’amélioration de l’accès aux télécommunications en Afrique, où le nombre de lignes fixes est limité. Pour confirmer une opinion largement répandue, on peut lire dans le rapport qu’en 2003, près de 70% de la totalité des abonnés au téléphone du continent utilisaient la téléphonie mobile — et ce chiffre était même supérieur en Afrique subsaharienne où trois abonnés sur quatre utilisent un portable. Toujours selon la publication précitée «il s’agit du rapport le plus élevé parmi toutes les régions du monde entre abonnés cellulaires et l’ensemble des abonnés au téléphone». La demande, la réforme du secteur, l’octroi de licences à de nouveaux opérateurs, la concurrence ainsi que l’émergence d’importants investisseurs stratégiques sont cités comme étant des éléments clés de l’adoption de la téléphonie cellulaire.
Par ailleurs, d’après les indications disponibles, le secteur des communications mobiles africaines se porte bien sur le plan financier. En 2003, il a franchi la barrière des 10 milliards USD de recettes avec des bénéfices évalués à plus d’un milliard USD. Selon le rapport, cette manne a profité à d’autres parties intéressées telles que les Etats, qui ont perçu plus de 4 milliards USD sous forme de redevances de licences et aux équipementiers qui ont gagné plus de 5 milliards USD grâce aux contrats conclus en Afrique depuis 2000.
Une demande gigantesque
Au Nigéria, pays le plus peuplé du continent, avec une population estimée à 130 millions d’habitants, le nombre des abonnés cellulaires est passé de 25 000 à peine en 1999 à 3,1 millions en 2003, d’après le rapport qui signale aussi que le réseau cellulaire du pays connaît la croissance la plus rapide du continent africain depuis trois ans. Le rapport cite ensuite un exemple qui s’est produit à la fin de 2002, lorsque la demande de téléphones mobiles a été si forte que les opérateurs n’ont pu y répondre, de sorte qu’ils ont tous été contraints de suspendre la vente des nouveaux forfaits prépayés pendant environ six mois car leurs réseaux étaient surchargés. En août 2003, Globacom, le quatrième titulaire d’une licence, a rejoint la «bande des trois» — MTN, MTel (le service cellulaire de l’opérateur historique NITEL) et Econet1 — et s’est distingué des opérateurs en place en instaurant une facturation à la seconde et des services de transmission de données. Globacom a également proposé un nouveau régime tarifaire à prépaiement avec des droits de connexion plus faibles qui permet à davantage de Nigérians d’entrer dans le monde cellulaire. Peu après l’entrée de Globacom sur le marché, Econet et MTN ont baissé leurs tarifs d’environ 20% et ont également commencé à offrir une facturation à la seconde. En avril 2004, Globacom comptait quelque 700000 abonnés et s’était emparé d’un cinquième du marché cellulaire de plus en plus dynamique du pays.
L’Afrique est le marché le plus important pour les cartes prépayées
Comme on peut le voir sur la figure 2, l’Afrique est le marché le plus important au monde pour les cartes prépayées. Néanmoins, la pénétration cellulaire globale est la plus faible de toutes les régions puisqu’elle se situe à 6% en 2003 par rapport au chiffre mondial de 22%. Le pourcentage de la population africaine se trouvant à portée d’un signal cellulaire est évalué à seulement 60%, soit le plus faible au monde. A la fin de 2003, moins de la moitié de la population de l’Afrique subsaharienne était à la portée d’un signal cellulaire, selon l’enquête de l’UIT.
Des investisseurs stratégiques dans le secteur des communications mobiles
Selon le rapport, les six principaux investisseurs stratégiques du secteur des services mobiles en Afrique comptaient 33 millions d’abonnés en 2003, soit les deux tiers du total (tableau 1). Les cinq principaux investisseurs stratégiques de la région qui publient des informations financières ont fait état de 695 millions USD de recettes nettes en 2003.
Dans le tableau 2, les dix principaux opérateurs mobiles d’Afrique sont classés par nombre d’abonnés. Il semblerait que MTN et Vodacom aient tiré profit de leur succès en République sudafricaine pour s’étendre au reste de l’Afrique. CelTel a tendance à investir en Afrique subsaharienne alors qu’Orascom centre son activité sur la région nord-africaine. Bien que Millicom intervienne dans d’autres régions du monde, il porte son attention sur les marchés en développement. Econet, qui s’est lancé sur le marché comme premier opérateur mobile privé au Zimbabwe, a maintenant des investissements au Botswana, au Lesotho et au Nigéria et vient de se faire octroyer une licence au Kenya. Seul Orange a une stratégie davantage axée sur les pays développés, la plupart de ses investissements en Afrique provenant d’anciennes participations de France Telecom au capital des opérateurs historiques.
Les entreprises d’Asie de l’Est interviennent également et Telkom Malaysia est en tête des investisseurs qui participent à la privatisation de plusieurs opérateurs de télécommunication (Ghana, Guinée, République sudafricaine). Plus récemment, les équipementiers chinois ont fait leur apparition dans la région et s’occupent de services, comme le montre l’achat de l’opérateur historique du Niger par la société chinoise ZTE, exposant présent à Africa 2004.
Transmission cellulaire de données (2G)
Aujourd’hui le moyen d’accès le plus répandu aux services non vocaux dans le cadre d’une plate-forme hertzienne est la téléphonie mobile de deuxième génération. Les premiers signes de l’utilisation de la transmission cellulaire de données en Afrique se font déjà sentir. Bien que la plupart des opérateurs africains ne publient pas de chiffres sur l’utilisation du service de messages courts (SMS), on note une croissance rapide chez ceux qui les publient. Par exemple, sur les marchés parvenus à une plus grande maturité tels que Maurice et la République sudafricaine, cette utilisation est nettement supérieure à la moyenne mondiale (figure 3). La majeure partie du trafic SMS est généralement du type classique de personne à personne, mais il existe, selon le rapport, d’autres applications intéressantes:
En Ouganda, FoodNet, organisation non gouvernementale s’efforçant d’obtenir de meilleurs prix pour les agriculteurs, rassemble sous forme de bases de données, pour plus de 25 produits agricoles, des informations sur les prix de gros et de détail qui sont mises à jour quotidiennement. Les agriculteurs peuvent alors obtenir les prix par SMS. Les utilisateurs du service envoient plusieurs milliers de messages par mois.
Au Kenya, où l’opérateur mobile Safaricom a fait état de l’acheminement sur son réseau de quelque 750 000 SMS par jour en décembre 2002, les résultats des élections ont été communiqués par SMS. Les partisans de tel ou tel candidat ont également utilisé le SMS pendant les élections pour rappeler à des amis de voter.
En République sudafricaine, des SMS sont envoyés aux malades de la tuberculose pour leur rappeler de prendre leurs médicaments.
Poursuivre et développer la croissance du marchéLe prix sera déterminant
A l’heure actuelle, l’une des principales préoccupations des grands opérateurs de télécommunications mobiles est la diminution du revenu moyen par utilisateur. Dans une région où les revenus par habitant sont parfois les plus faibles au monde, le coût des services est la clé de leur succès. Si les prix ne baissent pas, les abonnés potentiels resteront dans l’incapacité de s’offrir un mobile, mais les opérateurs restent dans l’obligation de tirer des recettes suffisantes de leurs activités pour en assurer la rentabilité.
Le mobile, de son côté, se trouve confronté à l’obligation de poursuivre sa croissance en dépit de son prix qui le rend souvent inabordable. Sa croissance à court terme dépendra étroitement de la capacité des utilisateurs potentiels à s’offrir les services que leur proposent les opérateurs. L’important est que la demande soit au rendez-vous et le problème est de réussir à la satisfaire.
Selon la tendance actuelle, l’UIT prévoit qu’en 2010 le marché mobile africain ne comptera à peu près que deux fois plus d’abonnés (100 millions) par rapport à 2003 (figure 4). Le rapport énonce un certain nombre de politiques en faveur de la croissance du marché des communications mobiles.
S’agissant de la politique générale en matière de communications mobiles, il faut impérativement veiller à faire marcher la concurrence et à intervenir en cas de litige. Un examen rapide des marchés des communications mobiles de la région révèle les avantages de la concurrence; dans les pays où celleci s’exerce, les taux de pénétration des communications mobiles sont bien supérieurs par rapport aux marchés où perdure le monopole, même pour des revenus par habitant identiques.
La question de l’interconnexion a été une pomme de discorde dans presque tous les pays d’Afrique, les opérateurs historiques répugnant souvent à signer des accords d’interconnexion, ce qui a compliqué le lancement de services mobiles concurrentiels. Pour résoudre ces différends, les régulateurs choisissent de plus en plus souvent d’adopter des cadres plus analytiques et plus clairs pour calculer les taxes correspondantes.
Les équipementiers doivent trouver des solutions pour réduire le coût de l’équipement à l’intention des régions à faible revenu telles que l’Afrique. Ils devraient également s’impliquer davantage dans des initiatives de lutte contre la pauvreté en faisant don d’équipements pour des causes qui le méritent, telles que le SMS pour les centres de santé et les écoles en zone rurale ou les agriculteurs démunis.
Les opérateurs doivent trouver des moyens novateurs de réduire les coûts à la consommation mais aussi d’étendre la couverture du service et d’en relever la qualité. Par exemple, les opérateurs devraient mieux desservir les utilisateurs itinérants en multipliant les accords afin de s’assurer plus de recettes et de contrebalancer les prix nationaux plus faibles.
Les donateurs pourraient contribuer aux programmes nationaux d’accès universel en fournissant, par exemple, les moyens financiers de participer au coût des portables, des cartes SIM et des cartes à prépaiement à l’intention des utilisateurs à faible revenu. Ils pourraient aussi financer des programmes pour mettre sur pied les infrastructures de réseaux fédérateurs nationaux et régionaux qui, soit n’existent pas, soit sont tout à fait insuffisantes dans la plupart des pays africains, ce qui explique la couverture limitée des réseaux due au fait que de nombreuses zones rurales restent inaccessibles aux réseaux de Terre ou ne permettent pas un accès rentable par satellite.
© UIT 2006