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05 juin 2007

France Télécom : une lutte globale contre la multinationale

Des syndicalistes polonais et sénégalais dénoncent les pratiques du géant de la télécommunication : suppressions massives d’emplois ou externalisation.

Didier Lombard, PDG de France Télécom, devrait recevoir dans les prochains jours des sacs de cartes postales du monde entier. Le veinard ? Voir. À l’initiative de l’Alliance syndicale mondiale de France Télécom qui rassemble des syndicats de tous les pays où la multinationale est désormais implantée, près de 100 000 salariés, employés par le géant des télécommunications hors de France, sont aujourd’hui invités à l’interpeller vertement, et en trois langues (français, anglais et polonais) : « Hé, monsieur le président ! Si vous arrêtiez un peu de nous licencier ? ».


Par ailleurs, des délégations de syndicalistes polonais et sénégalais ont, hier, participé au rassemblement parisien des salariés de France Télécom (1). « Face aux stratégies mondiales des multinationales, le syndicalisme ne peut pas faire autrement que se mettre à la même échelle », explique le Sénégalais Gabou Gueye, président de l’Alliance mondiale, une émanation de la fédération syndicale internationale UNI qui englobe, entre autres, le secteur des télécoms. « Auparavant, on avait des conventions nationales avec les opérateurs historiques, on traitait les revendications à l’intérieur des frontières, mais comme nos États ont cédé leurs prérogatives à des multinationales, on est bien obligés de s’organiser globalement. »

Suppressions d’emplois en Côte d’Ivoire, au Sénégal et en Pologne, externalisations massives des activités jugées trop peu rentables, recours institutionnalisé aux contrats précaires, manque d’investissements dans les réseaux et gouvernement des dividendes : le groupe pratique dans le monde comme il pratique en France, avec souvent les coudées plus franches encore. Racheté en 2000 par France Télécom, l’opérateur historique polonais a vu ses emplois passer de 70 000 à 30 000.

« Dans les trois prochaines années, 5 000 suppressions d’emplois supplémentaires sont programmées, dénonce Elzbieta Pacula, présidente de la fédération des télécoms de Solidarnosc. Juste après le rachat par France Télécom, on nous avait annoncé des plans sociaux en douceur, mais aucun engagement n’a été tenu. Ils font des listes de salariés et tous les ans, ils licencient, avec toujours la même obsession de réduire les coûts. » Au Sénégal, à l’occasion de l’ouverture du capital en 1997, France Télécom a pris pied dans l’opérateur public Sonatel, avant d’en devenir plus discrètement l’actionnaire majoritaire (42 %). « Il y a eu des dégraissages chez nous aussi, témoigne Mamadou Diop, secrétaire général du Syndicat des travailleurs de Sonatel (SYTS). Mais ça n’est pas tout : le groupe utilise massivement des stagiaires et des employés de sous-traitants… Ce que nous subissons au Sénégal comme dans le monde entier, c’est la politique de France Télécom qui consiste à n’enrichir que la spéculation financière. Le prix des actions a été multiplié par cinq depuis l’arrivée de France Télécom et la multinationale exige des dividendes toujours plus juteux. Or, c’est très grave parce qu’en Afrique, on le sait, il y a des besoins d’investissements énormes et une fois les dividendes prélevés, l’entreprise n’a plus les moyens d’investir ! »

(1) Un syndicaliste du Cameroun n’a pas obtenu le visa nécessaire pour venir. Une « première » vivement dénoncée par ses camaradesde France Télécom.*