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04 juillet 2008

Brazzaville en proie à la Sap Sap fever


Le nouveau service téléphonique de Celtel séduit les Congolais malgré les couacs

Celtel a lancé il y a environ deux mois Sap Sap, un service permettant de recharger le crédit d’un téléphone cellulaire sans passer par la carte à gratter. Si ceux qui assurent le transfert des unités vantent les mérites de l’option "Sap Sap", d’autres dénoncent les failles du système. Certains clients et vendeurs de cartes prépayées ne sont pas non plus avares de critiques…

jeudi 3 juillet 2008, par Habibou Bangré


Impossible de les rater. La blouse rouge des Sap Sap détonne aux quatre coins de Brazzaville. Ne vous y trompez pas, les Sap Sap n’ont rien à voir avec le courant vestimentaire qui fait la célébrité du Congo. Il s’agit simplement des initiales de la Société d’Agence Publicitaire, un nouveau service que Celtel a lancé il y a environ deux mois.
Le système est simple. Besoin de recharger votre téléphone portable pour un montant allant de 50 F CFA à 45 000 F CFA ? Donnez votre numéro au Sap Sap, qui effectue le transfert d’unités presque instantanément avec son téléphone. En prime, vous recevez un bonus proportionnel à la somme payée. Ainsi, par exemple, pour une recharge de 5 000 F CFA, vous gagnez 750 F CFA.
La cote des Sap Sap
Laure-Bijoux vient tout juste d’acheter 200 F CFA de crédit à une jeune Sap Sap. « J’ai essayé Sap Sap depuis le premier jour et, depuis, je n’utilise plus les cartes à gratter. C’est vraiment bien car c’est plus facile à utiliser », explique-t-elle tout sourire. D’autres abonnés de Celtel apprécient les avantages qu’offre le service Sap Sap.
En témoigne Daryl, vendeur de cartes prépayées dans une cabine. « Depuis que les Sap Sap ont pris de l’ampleur, je vends moins de cartes Celtel. A tel point que je me demande si je ne vais pas en acheter moins parce que ça devient moins rentable », confie le jeune homme de 20 ans. Il reçoit une soixantaine de clients chaque jour.


Le réflexe carte prépayée
Est-ce à dire que les Sap Sap menacent les cartes à gratter ? Pas vraiment. « La nuit, les Sap Sap ne travaillent pas alors que les cabines restent ouvertes tard dans la nuit », indique Richard, un vendeur de cartes prépayées. Sacré, "Sap Sap" depuis un mois et demi, confirme : « On termine tous le travail à 17h. Certains continuent à vendre jusqu’à 18h, mais c’est interdit ».
Certains restent par ailleurs des adeptes du grattage. Joseph a essayé les Sap Sap et les cartes. Son verdict est sans appel : « Le Sap Sap est plus rapide mais je préfère la carte. La carte, c’est une question de réflexe. J’y suis habitué ». D’autres, enfin, choisissent une formule en fonction de leur portefeuille ou de ce qui leur tombe sous la main au moment où ils ont besoin de crédit.
Réseau défaillant
A l’image d’Alfred-Raoul. « Je prends ce qui est disponible. Ce qui est important, c’est le crédit que je veux. Je ne m’occupe pas des histoires de bonus, qui sont souvent insignifiants », précise-t-il. Mais de souligner que le service Sap Sap n’est pas toujours fiable. « Une fois, j’ai demandé une recharge de 5 000 F CFA. A cause du réseau instable, ça n’a pas marché tout de suite », se souvient-il.
Un peu plus tard, Alfred-Raoul, qui était parti, a réalisé que son téléphone avait été crédité. Il explique que, par honnêteté, il a rattrapé le Sap Sap pour le payer. Mais tous les clients ne font la même chose. « Ils ne sont pas là pour t’attendre. Quand ils sont dans un véhicule, par exemple, ils ne peuvent pas stationner en attendant le signal qui indique que le crédit est arrivé », commente Sacré.


La complainte des Sap Sap
Les conséquences sont énormes pour les vendeurs ambulants en blouse rouge, qui ne reçoivent pas de salaire fixe et sont payés à la commission. « On a souvent des dettes à cause des problèmes de réseau. En un mois, j’aurais dû avoir environ 80 000 F CFA mais j’ai gagné 33 500 F CFA et contracté 44 700 F CFA de dettes », se plaint Sacré, qui a marché des heures durant dans tout Brazzaville, jusque « dans les coins les plus reculés », pour vendre du crédit.


De l’argent qu’il a aussi perdu à cause de banales erreurs. « Parfois, poursuit Sacré, la personne se trompe en donnant son numéro de téléphone et le crédit va à une autre personne. D’autres fois, c’est nous qui nous trompons. Dans ces cas-là, on appelle la direction pour qu’elle retire le crédit donné au mauvais client. Mais souvent elle traîne pour rectifier ou ne le fait pas du tout. »
Sacré, qui voit quelque 150 clients par jour, est tellement agacé par ces conditions de travail que si ses dettes sont trop importantes à la prochaine paie il compte s’« éclipser ». D’autant que, à cause des problèmes de réseau, certains abonnés de Celtel commencent à se méfier et préfèrent retourner aux cartes prépayées.