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25 juillet 2008

Comment Orange s'est servi du solaire pour étendre son réseau mobile en Afrique


L'opérateur a installé 35 stations solaires au Sénégal pour couvrir des zones blanches en territoire rural. Après cette phase pilote, il compte déployer cette solution pour alimenter en électricité plusieurs centaines de stations de base en Afrique et au Moyen-Orient. Un projet bénéfique à la fois pour son image et pour ses coûts.

Orange, qui comme tous les grands du CAC 40 s'est engagé sur des objectifs en matière de développement durable, s'est fixé pour but de réduire de 20 % ses émissions de CO2 d'ici à 2020. Pour cela, il compte notamment sur le projet Oryx, qui vise à déployer des stations solaires en zones rurales. Mis en œuvre en 2007 sur 35 sites au Sénégal, ce concept d'ingénierie lui permet d'étendre la couverture se son réseau mobile dans des zones qui ne peuvent être reliées au réseau électrique en raison de l'absence d'équipement.Axes de développement. Le projet Oryx répond à trois besoins pour le Groupe : réduire ses charges d'exploitation, améliorer la qualité de service, et s'engager résolument dans une politique de développement durable. « L'objectif est de travailler ces trois axes de manière équilibrée », explique Paul Mesguich, responsable du technical skill center pour le groupe. Oryx s'appuie sur l'optimisation de la consommation d'énergie des sources d'alimentation du réseau, grâce à l'utilisation de générateurs photovoltaïques qui consomment peu et sont équipés d'un système de stockage d'énergie sous forme de batteries. Réduction des coûts.
« L'exploitation des stations solaires coûte moins cher que celle des groupes électrogènes classiques car leur maintenance est simplifiée, elles ne consomment pas de fioul, évitent donc les coûts de ravitaillement en carburant, et limitent les déplacements grâce à un système de monitoring à distance. » L'investissement initial est certes supérieur, mais Orange confie que le projet Oryx « représente une économie de deux tiers par rapport à la solution traditionnelle avec groupes électrogènes Diesel ».Qualité de service. Au Sénégal où les premières stations Oryx ont été installées, les stations de base radio sont soumises à rude épreuve : poussière, chaleur et même parfois pluies diluviennes rendent difficile la maintenance du réseau et entraînent plus souvent que sous nos latitudes des coupures du service. Mais « avec le solaire, on gagne en fiabilité », déclare Paul Mesguich. Dans ces zones où il n'existe pas de lignes téléphoniques fixes, c'est un avantage certain pour l'opérateur et un bénéfice important pour les utilisateurs.Emissions de CO2.
En l'absence de stations solaires et de réseau électrique, le seul moyen d'alimenter le réseau dans ces zones rurales serait d'utiliser des groupes électrogènes fonctionnant en permanence, donc polluants puisqu'ils consomment beaucoup de fioul. « France Télécom cherche à réduire son impact CO2 en travaillant sur tous les fronts, précise Philippe Tuzzolino, directeur de l'environnement du Groupe. Par exemple en rénovant sa flotte automobile, en limitant la consommation d'énergie de ses bâtiments, ou en augmentant la part des énergies renouvelables dans ses consommations. » C'est ainsi qu'en Afrique, le groupe s'est fixé comme objectif d'atteindre 25 % de ses besoins couverts par l'énergie solaire. Et cela grâce au projet Oryx. Dans cette optique, l'entreprise souhaite tant que faire se peut bâtir des stations 100 % solaires.
Déploiements futurs. Ainsi, au Sénégal, la population couverte grâce au solaire est d'environ 3 500 personnes par site, soit près de 120 000 personnes pour les 35 sites Oryx implantés dans le pays. D'autres sites sont en cours de déploiement au Sénégal, et Orange souhaite étendre le projet à tous les pays de la zone Afrique, Moyen-Orient et Océan Indien dans lesquels il est présent. Les premiers déploiements de feront notamment en Côte d'Ivoire, à Madagascar, en Guinée et au Mali, sur plusieurs centaines de sites d'ici à 2009. Projets de recherche. La R&D d'Orange mène en parallèle des projets sur la mise au point de stations hybrides, mariant énergie solaire et groupe électrogène diesel.
Elle teste également l'utilisation de piles à combustible, qui pourraient être utilisées comme source de secours en remplacement des groupes électrogènes. Dans d'autres zones, Orange a également recours à d'autres énergies renouvelables, telles que l'éolien qui alimente en complément de l'énergie solaire une antenne relais au Pays de Galle.Accélération. « L'accélération est très nette depuis 2007, constate Paul Mesguich, du fait de la conjonction d'une volonté de renforcer les objectifs du Groupe en matière de responsabilité sociétale, et des progrès techniques qui ont amélioré le retour sur investissement des projets comme Oryx. »
Une accélération qui pousse aujourd'hui Orange à entamer une nouvelle phase, celle du sourcing. Au cours de la phase pilote au Sénégal, l'opérateur a travaillé avec le fabricant Tenesol, filiale de Total et EDF. Mais avec le déploiement en masse de nouvelles stations, les besoins ont changé et la remise en jeu des contrats avec les fournisseurs est devenue incontournable.

Raphaële Karayan