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13 mai 2009

"Malgré la crise, l’Afrique représente une promesse de gains élevée"




L’investissement dans les TIC favorise l’émergence de nouveaux usages et modèles d’affaires. Retour sur l’impact qu’aura le contexte économique sur ces investissements avec Laura Recuero Virto, économiste à l’OCDE


L’Atelier : Quel est l’impact de la crise sur l’innovation technologique ?

Laura Recuero Virto : Nous sommes en train de voir la même chose qu’après l’éclatement de la bulle Internet en 2000 : l’Afrique est le continent qui résiste le mieux.

Près de la moitié des investisseurs privés déclarent ne pas être affectés dans leurs engagements, contre seulement 9 % dans les pays de l’OCDE.

De tels résultats ne sont cependant pas surprenants : pour les investisseurs, l’Afrique représente une promesse de gains élevés, en comparaison avec les pays développés. Le marché encore à conquérir est en effet très important.

Pour les compagnies du Nord, l’Afrique reste intéressante en temps de crise. Alors que sur les marchés matures, la croissance stagne, elle progresse sur le continent : si l’on regarde les chiffres d’opérateurs, la hausse du nombre d’abonnements mobiles a été de plus de 40 % en 2007 pour Orange en Afrique. Elle n’est "que" de 28 % au niveau mondial. C’est-à-dire Afrique comprise.

Le contexte économique n’aurait donc qu’un impact limité sur le développement continent en matière de TIC...

Malheureusement non. Nous sommes en train de voir malgré tout une baisse des investissements dans les infrastructures télécoms.

Ce sont surtout les petits acteurs qui vont en souffrir. Ils n’ont en effet pas de recettes accumulées qui leur permettent de se diversifier. Ils ne sont pas non plus présents sur plusieurs marchés.

Les grosses entreprises comme Orange, Zain, ou MTN ne devraient pour leur part pas rencontrer de difficultés majeures. Elles vont continuer à gagner des licences. Mais plus que générer d’importants bénéfices, elles vont surtout tâcher de gagner des parts de marché.

On parle beaucoup du mobile, qui permet d’atteindre une frange plus importante de la population. La crise va-t-elle ralentir le développement de services jusqu’ici en pleine expansion comme le m-banking ?

Oui, cela aura certainement un impact. Mais ces services continuent à se développer rapidement en raison d’une demande très forte. Et ce, malgré les freins posés par le système de régulation.

Les acteurs privés qui se lancent sur le marché doivent faire attention au fait que la frontière entre régulation des télécommunications et régulation bancaire est ténue. Ce qui la définit, c’est le temps que l’argent passe sur le réseau.

Les risques de stagnation viennent plutôt de ce côté : les acteurs privés comme les opérateurs qui lancent leurs initiatives savent que les autorités bancaires peuvent les faire stopper ou aller à leur encontre. M-Pesa, par exemple, proposait jusqu’à présent au Kenyans un service de transfert de fonds national qui connaît beaucoup de succès.

Alors qu’elle veut accroître ses activités à l’international, le ministère des Finances du Kenya a annoncé le lancement d’un audit de la société, peut-être sous pression des banques du pays.

Source : atelier.fr