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20 octobre 2009

HP s’attelle à fixer les cerveaux africains sur le continent




La firme Hewlett Packard favorise la recherche en Afrique en fournissant l’infrastructure technologique.


La firme informatique Hewlett Packard (HP) participe à maintenir les intelligences africaines sur le continent grâce à un programme dénommé "The Brain Gain initiative".


Le programme, conduit en partenariat avec l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), repose sur un principe simple.


Celui de permettre aux scientifiques africains de travailler chez eux et dans les meilleures conditions technologies afin de développer de leur pays, en collaborant avec leur compatriotes évoluant à l’extérieur et avec des chercheurs du monde entier grâce à la mise en place de gigantesques réseaux virtuels baptisés grilles informatiques.


Entretien avec Gabriele Zedlmayer, vice-présidente Corporate marketing et Citoyenneté mondiale HP Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA)

Numéro un mondial et dans la zone Europe, Afrique et au Moyen-Orient (EMEA) en termes de ventes aux entreprises de serveurs et d’applications liées au stockage et à la gestion, leader des ventes de PC et d’imprimantes aux particuliers et aux entreprises, selon les chiffres communiqués par l’entreprise, Hewlett Packard est un acteur important du marché de l’informatique.

Cette position alliée à une âme d’entreprise citoyenne font de la firme américaine un acteur de la lutte contre la fuite des cerveaux sur le continent africain depuis quelques années.

Avec l’aide de l’Unesco et après avoir sélectionné 5 universités [1] , qui ont participé a un projet pilote entre 2006 et 2009, elle a permis officiellement début octobre à une dizaine d’autres de rejoindre la grande aventure du maintien des intelligences africaines sur leurs terres d’origine.

Le Burkina Faso (2), le Cameroun (2), la Côte d"Ivoire (1), l’Ethiopie (1), le Kenya (2), le Maroc (1), la Tunisie (1) et l’Ouganda (2) ont rejoint le projet grâce à quelques unes de leurs universités.

Développement de grilles informatiques (Grid, en anglais), questions climatiques, contribution de la diaspora au développement sont quelques uns des travaux de recherches des nouvelles recrues de "The Brain Gain Initiative", littéralement "gain de cerveaux". D’ici 2011, ils devraient être une centaine.

Afrik.com : Vous avez lancé un projet pilote majeur en 2006. Qu’est-ce qui vous a décidé chez Hewlett Packard à vous engager auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) dans la lutte contre la fuite des cerveaux en Afrique ?

Gabriele Zedlmayer : Hewlett Packard a toujours été une entreprise citoyenne. Nous nous y œuvrons depuis plus de 50 ans.

A ce titre, nous travaillons avec des ONG et des gouvernements, des organisations comme l’Unesco ou l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi).

Avec eux, nous identifions des domaines dans lesquels nous pouvons faire la différence en nous y investissant.

La fuite des cerveaux en Afrique, qui coûte quelque 4 milliards de dollars par an au continent, a été identifiée par l’Unesco comme étant un domaine d’action prioritaire.

Beaucoup d’Africains diplômés quittent leur pays pour travailler à l’étranger au lieu de mettre leur expertise à la disposition du développement de leur pays. Pour y pallier, nous avons mis en œuvre avec l’Unesco un projet pilote qui est aujourd’hui dans sa phase d’extension.

Afrik.com : Vous avez choisi dans le cadre du projet pilote cinq universités dans cinq pays, à savoir l’Algérie, le Ghana, le Nigeria, le Sénégal et le Zimbabwe. Quels ont été vos critères ?

Gabriele Zedlmayer : Encore une fois, c’est un processus dans lequel HP ne s’engage pas tout seul. Nous travaillons en étroite collaboration avec les ministères de l’Education de ces pays et l’Unesco.

Les projets sélectionnés touchent à des domaines très variés comme les nanotechnologies, l’énergie ou encore les questions environnementales.

Les critères qui prévalent vont de la nature des travaux de recherche menés par ces universités à leur contribution au développement, en passant par l’urgence des questions traitées.

Afrik.com : Pour relier d’abord les scientifiques africains entre eux, ceux qui sont restés à ceux qui travaillent à l’étranger d’abord, puis au monde entier, vous utilisez la technologie du Grid, une grille informatique. Pouvez-vous expliquer en des mots très simples en quoi elle consiste ?

Gabriele Zedlmayer : Avant d’arriver au Grid, vous mettez en réseau des ordinateurs, des imprimantes et des serveurs. Vous mettez en place une infrastructure qui permet aux chercheurs de disposer d’un véritable environnement de travail.

Ils peuvent entrer leurs données et les traiter. Mais certains projets demandent d’importantes capacités de stockage, plus importantes que celles qu’offrent les serveurs.

La grille informatique permet d’intégrer les différents réseaux informatiques et de stocker de gros volumes de données de partout et qui, de même, deviennent accessibles de n’importe quel endroit dans le monde.

Le Grid offre une grande capacité de travail tout en accédant à d’autres informations.

Afrik.com : Comment mettez-vous en contact les chercheurs qui travaillent dans leur pays et ceux qui travaillent en dehors du leur ?

Gabriele Zedlmayer : L’Unesco et les ministères de l’Education, avec lesquels nous collaborons, disposent des informations précises sur la localisation de l’expertise.

Afrik.com : Le projet pilote a été mené de 2006 à 2009. Quinze nouvelles autres institutions ont rejoint récemment le projet, désormais baptisé " The Brain Gain Initiative". Vous voulez touchez une centaine d’universités africaines d’ici 2011, la date fixée pour la fin du programme ?

Gabriele Zedlmayer : Nous sommes maintenant dans la phase d’extension du projet. Nous pensons que si nous introduisons toujours plus de technologie en Afrique, il sera d’autant plus facile d’étendre le programme.

A ce stade, toucher 100 universités à l’horizon 2011 est un objectif raisonnable. Pour cela, nous avons besoin de plus de partenaires.

Je rencontre actuellement d’importantes institutions, comme la Banque africaine de développement, pour voir comment nous pouvons donner de l’ampleur à cette initiative.

Afrik.com : Quels ont été les principaux enseignements de la phase pilote ?


Gabriele Zedlmayer :
L’idée derrière tout cela est de renforcer la collaboration entre scientifiques. Pour mettre en place le projet au Sénégal, par exemple, nous avons travaillé avec le Centre national de recherche scientifique (CNRS), l’institut de recherche français qui nous a aidés à installer le Grid à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Ce Grid fait partie de celui lancé par l’Union européenne en 2004, l’EGEE (Enabling Grids for E-sciencE qui intègre les ressources informatiques européennes) [2]

Aujourd’hui, notre ambition est d’étendre ce Grid à tout le Sénégal, puis de reproduire ce schéma dans d’autres pays.

Afrik.com : Les scientifiques restent-ils vraiment dans leur pays ?


Gabriele Zedlmayer :
Nous savons déjà que ces programmes permettent de garder les scientifiques sur place. Avant l’Afrique, ils ont été conduits en Europe de l’Est, une région ravagée par la guerre dans les années 90.

Nous l’avons encore une fois constaté en Afrique. Les scientifiques restent travailler dans leur pays parce qu’ils ont accès à la technologie, qu’ils peuvent conduire leurs travaux là où ils sont et qu’ils peuvent travailler avec des collègues partout dans le monde. Ils n’ont plus besoin dès lors de s’expatrier.

Afrik.com : Dans l’avenir, "The Brain Gain Initiative" misera aussi sur le "Cloud computing" [3] ?


Gabriele Zedlmayer :
C’est une technologie qui est diiférente de celle du Grid. "Le Cloud computing" n’est possible que par le biais d’Internet et nous aimerions mettre cette technologie à la disposition de l’Afrique.

Il ne sera plus nécessaire de stocker ses données sur ses propres appareils, il suffira de les mettre sur le Net pour y accéder de n’importe où avec n’importe quel appareil.

Falila Gbadamassi

www.itmag.sn