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01 avril 2010

L'indien Bharti entre sur le marché africain des télécoms, pas sans risques


Le numéro un indien du téléphone mobile, Bharti Airtel, a conclu un accord portant sur le rachat des actifs africains du groupe koweïtien Zain, pour un montant de 10,7 milliards de dollars (8 milliards d'euros).


Le géant indien de la téléphonie Bharti Airtel, qui vient d'acquérir des filiales africaines du groupe koweïtien Zain pour 10,7 milliards de dollars (huit milliards d'euros), fait son entrée sur l'un des derniers marchés mondiaux à forte croissance, mais les défis qui l'attendent sont énormes.


Le numéro un de la téléphonie mobile en Inde empoche 42 millions de clients supplémentaires, du Burkina Faso à la Zambie, le propulsant du 10e au 5e rang mondial des groupes du secteur avec 179 millions d'abonnés. Et le potentiel est d'ampleur: en Afrique, seuls 32% possède un téléphone mobile, selon Bharti.

En signant la transaction mardi soir, le milliardaire Sunil Bharti Mittal, fondateur et président du groupe, s'est frotté les mains, qualifiant l'accord de "changement de braquet pour Bharti" et d'"une étape pionnière dans la coopération sud-sud". Il couvrira un réseau fort de 1,8 milliard de personnes.

Cette transaction est en outre la deuxième plus importante d'un groupe indien à l'étranger après le rachat du sidérurgiste anglo-néerlandais Corus par Tata Steel pour 13,6 milliards de dollars en 2007. Bharti est aussi le premier opérateur indien à entrer en Afrique.

Les analystes préviennent cependant que le groupe indien, détenu à 32% par Singapore Telecom, va devoir peser de tout son poids pour faire fructifier les filiales de Zain dont certaines accusent de lourdes pertes. Il va devoir aussi s'imposer face à de sévères concurrents en Afrique, comme le sud-africain MTN.

Sur le marché nigérian par exemple, où les ventes de téléphones mobiles progressent à vive allure, Zain a perdu de nombreux abonnés.

"La concurrence dans l'Afrique sub-saharienne est très intense, cela va être très difficile de l'affronter", prévient Chire Spiweka, une analyste du secteur télécom pour le cabinet de consultants Frost and Sullivan.

Le groupe va en outre devoir gérer non pas un mais 15 marchés à la fois, renchérit Romal Shetty, consultant pour le secteur Télécom chez KPMG India. "On ne peut avoir une seule stratégie pour tous ces marchés", juge-t-il.

Pour Shubham Majumder, responsable du secteur Télécom pour Macquarie Capital Securities, le fait que Zain vende ses filiales est révélateur "de la difficulté de rentabiliser ces actifs" sur le marché africain.

Le président de Bharti a indiqué qu'il appliquerait le même "business model" qui a fait son succès en Inde, où il s'est taillé la première place en misant sur des appels à bas coûts pour rallonger la durée des communications et le nombre d'usagers.

Le groupe risque en outre d'attendre des mois avant de pouvoir s'implanter car il doit d'abord recevoir le feu vert des autorités de régulation dans les pays où Zain opérait.

Avant même la signature de l'accord, le Gabon a fait savoir qu'il désapprouvait le rachat, estimant que Zain-Gabon ne respectait pas le cahier des charges imposé lors de l'obtention de sa licence.

Dans un entretien mercredi au quotidien The Economic Times, Sunil Bharti Mittal a affirmé être couvert en cas de procès contre Zain dans plusieurs pays.

Bharti, à l'affût d'opportunités à l'étranger dans un contexte de concurrence accrue sur son marché domestique, avait déjà essayé de pénétrer le marché africain à deux reprises en deux ans, via une fusion avec MTN, le numéro un de la téléphonie mobile en Afrique du sud.

Mais des incompatibilités de législations dans les deux pays avaient fait capoter en septembre le projet, qui avait été baptisé par dérision "safari africain" par la presse indienne.

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