Ouvrir un espace d'information et de veille stratégique en Afrique sur les télécommunications et les TICs. Promouvoir les échanges entre les acteurs qui s’intéressent à la convergence, le droit, l’économie, la veille concurrentielle, les réseaux, la stratégie des opérateurs et l'intelligence économique en télécommunications et TIC. Echanger et s'informer pour suivre l'évolution des communications électroniques qui sans cesse subissent la vitesse du changement.

18 avril 2008

Cession de Sonatel : L’Etat vendange 1000 milliards


L’Etat du Sénégal sollicite depuis le 3 février 2008 un cabinet d’assistance pour la cession de ses 28% de parts restants dans le capital de la « Société nationale des télécommunications » (Sonatel). Les cadres de la boîte s’interrogent sur « la rationalité » de la démarche des pouvoirs publics qui veulent renoncer ainsi à 1000 milliards de Fcfa au moins d’ici seulement 10 ans en ne gagnant aujourd’hui que 500 milliards de Fcfa. Et même si la boîte profite actuellement plus au capital « étranger » qu’au Sénégal, ils disent ne point comprendre le désir exprimé de se priver du moteur le plus performant de la croissance économique du pays. Plus de 12,5% des recettes budgétaires nationales. Pour quel autre gain ? Au profit de qui ? Pourquoi tout simplement veut-on déposséder l’enfant de huit ans d’aujourd’hui de 500 milliards à sa majorité électorale ? De tout cela, ils invitent l’Etat à débattre publiquement et contradictoirement pour convaincre l’opinion du bien fondé d’une cession de ses parts.
Subrepticement glissé, un vague petit point 8, dans une sollicitation globale en date du 3 février dernier du ministère de l’Economie et des finances allant d’une quête de fournitures de bureau à des travaux de réfection et de construction de locaux en passant par des différentes autres requêtes, la demande d’un cabinet d’assistance pour la cession de la Sonatel. Pourtant il s’agit de l’opérateur national de télécommunications qui surfe sur la vague du succès depuis sa création en 1985. Une société qui a l’objectif affiché et affirmé de devenir le premier du secteur en Afrique de l’Ouest avec un chiffre d’Affaires en 2007 consolidé de 471 milliards de Fcfa.

Enfantée en 1985 des flancs de la société nationale des Postes et télécommunication (Ptt), la Sonatel est devenue très tôt une entreprise compétitive. À la veille de sa privatisation, en juillet 1997, elle disposait déjà d’un des meilleurs réseaux d’Afrique subsaharienne, par son niveau de numérisation et le nombre de lignes par habitant. Depuis, elle n’a cessé de progresser, de gagner des parts de marché dans la sous-région. Présente au Mali, en Guinée Conakry et en Guinée-Bissau, elle ambitionne de mailler le continent si son « partenaire stratégique lui laisse longue vie et les coudées franches » bien évidemment. Certains cadres de la société s’interrogent en effet de la concurrence que France Télécom lui a livré au Niger au point de lui ravir le marché. Mais passons et c’est certainement de bonne guerre.

Ce qui semble moins l’être pour le Sénégal, c’est ce qui apparaît comme un désir affiché du gouvernement de renoncer même à sa « minorité » de blocage dans le capital de la société en se cherchant depuis le 3 février dernier cabinet consultant pour vendre ses 28% de parts. Pourquoi l’Etat veut se retirer du capital de la Sonatel et quels sont les objectifs de ce retrait ? Quelles pourraient être les conséquences ? Entre autres questionnements, voilà ce qui taraude l’estomac noué des cadres de la boîte depuis qu’ils ont été mis au parfum. Dans un mémorandum conçu le 8 février dernier et adressé à l’ensemble des autorités du pays, le président de la République en tête, « sobrement » avec un souci marqué d’aller droit au but, l’amicale des cadres qui regroupe 80% des « têtes pensantes », soit 300 membres sur les 400 employés par la société, a fait part de son inquiétude et de ses interrogations. Elle veut comprendre pourquoi le Sénégal compromettrait-il toute possibilité de concrétiser sa stratégie de croissance accélérée en renonçant ainsi à la Sonatel.

Une locomotive en plein régime

Le Sénégal a amorcé un léger frémissement économique en 2007 avec un taux de croissance de 4,8% presque de 5%. Une situation qui est nettement meilleure que celle de 2006 où le même taux a peiné pour atteindre les 3%. Cette embellie, il la doit en partie au secteur des services, notamment à la Sonatel et aux Btp a constaté la première revue du programme sans décaissement portant Instrument de soutien à la politique économique (Ispe) du Fonds monétaire international (Fmi) qui a séjourné au Sénégal jusqu’au 9 avril dernier. La boîte de Cheikh Tidiane Mbaye contribue pour près de 6% à la croissance du Produit intérieur brut (Pib). Elle génère près de 12% des recettes fiscales et participe pour près de 12,5% aux recettes budgétaires de l’Etat et représente plus de 8% des exportations du Sénégal.

En vérité, la Sonatel bien que profitant encore plus au capital étranger, est depuis quelques années maintenant l’un des rares moteurs qui tirent l’économie nationale, d’autant plus que les Industries chimiques du Sénégal (Ics), la Pêche, le Tourisme entre autres secteurs et activités battent de l’aile s’ils ne sont tout bonnement à l’agonie. La boîte a versé cumulativement plus de 100 milliards de Fcfa de dividendes ces cinq dernières années. Elle a investi plus de 85 milliards de Fcfa ce qui représente quelque 9,5% de tous les investissements privés réalisés dans la période considérée. Que dire des effets induis ? Sinon que 60 milliards de Fcfa ont été versés à 966 Pme-Pmi sénégalaises. Il est vrai, confient certains cadres que ce chiffre est bien moindre à celui qui est « alloué » aux entreprises étrangères, mais il pourrait être beaucoup plus important si et seulement si, le gouvernement avait au sein du conseil d’administration un réel projet d’avenir et marquait sa préférence et son souci de valoriser l’expertise locale. Des pays émergents comme la Chine et l’Inde pour ne citer qu’eux, l’ont bien compris.

La couverture de téléphonie rurale est passée de 3000 villages à 13.500 bourgs, soit la quasi-totalité des villages du pays. La société envisage de parfaire la couverture du territoire national cette année. Elle a apporté un soutien cumulé, sur 3 ans de 2,5 milliards de Fcfa à l’éducation nationale et à la santé. Pourquoi l’enfant de huit ans d’aujourd’hui devrait-il renoncer à 500 milliards dans 10 ans ?

Qu’est-ce qui explique donc que l’on veuille céder ses parts d’une entreprise qui distribue plus de 100 milliards de dividendes, en pleine croissance (18%) de progression ? Pour les cadres de la société, « le statut de la Sonatel dépasse largement celui d’une entreprise commerciale à but exclusivement lucratif ». Selon eux, « il s’agit en vérité du statut de locomotive stratégique de développement économique et sociétal national ».

Même si le commun des Sénégalais n’est point indifférent à l’encontre des « faramineux » bénéfices qu’affiche annuellement la société et s’en interroge, il n’en demeure pas moins qu’il est inquiétant de voir l’Etat vouloir brader ses parts de la société. Cela d’autant plus que selon plusieurs cadres interrogés, « il est possible de tirer plus ou moins 500 milliards de Fcfa de la vente aujourd’hui des 28% de parts, qui, ne l’oublions pas, ont rapporté cette année 28 milliards de dividendes à l’Etat, au rythme de la croissance actuelle de la société au bout de 10 ans seulement, on renoncera ainsi à 1000 milliards de Fcfa de subsides ». Ils ajoutent, « un enfant âgé de 8 ans aujourd’hui se privera ainsi de 500 milliards quand il aura l’âge électoral ». Pourquoi, s’interrogent-ils. Certainement pour de la « liquidité qui semble faire défaut les temps qui courent ». Toujours est-il que les cadres de la société veulent de tout ça débattre publiquement et contradictoirement. « Dans un simple élan patriotique ». 1000 milliards, c’est presque le budget annuel du pays.

17 avril 2008

Docteur Lombard et Mister Messier











Quelle mouche a donc piqué Didier Lombard ? On pensait le patron de France Télécom occupé à repeindre son groupe en Orange, mobilisé par l'exécution de son plan Next (22.000 suppressions de postes d'ici à 2009), concentré sur la réduction des coûts et l'amélioration de la marge... Bref, en train de piloter à vue son lourd paquebot en attendant sagement la fin de son mandat en 2011. Et voilà qu'à 66 ans, notre polytechnicien tranquille lance sans crier gare deux opérations spectaculaires dans les « contenus » et les « tuyaux » qui rappellent furieusement la saga d'un certain Jean-Marie Messier.

Primo, Didier Lombard part la semaine dernière à l'assaut du « monopole » de Canal+ dans la télévision à péage en achetant du cinéma en gros aux majors américaines Warner Bros et HBO, après s'être offert les droits des matchs de foot du samedi soir. Son objectif ? Alimenter en programmes exclusifs un bouquet de six chaînes baptisé « Orange Cinéma Séries », qui sera lancé à l'automne sur tous les écrans (TV, PC, mobile). Secundo, on apprend hier que France Télécom projette d'avaler son homologue scandinave Teliasonera pour 20 à 30 milliards d'euros ! Une opération sans précédent depuis le rachat d'Orange en mai 2000 pour 50 milliards. Si elle aboutit, elle fera de l'opérateur français le numéro un européen des télécoms, devant Deutsche Telekom, avec 63 milliards d'euros de chiffre d'affaires cumulé et 200 millions de clients à travers le monde (lire page 23).

L'effet surprise a joué à plein. Car le poids lourd français des télécoms était réputé « scotché » par son énorme dette (38 milliards d'euros fin 2007). Alors, Didier Lombard serait-il en train de nous refaire le coup de la « convergence des tuyaux et des contenus » ? En clair, peut-il réussir avec France Télécom-Orange là où Jean-Marie Messier a échoué avec Vivendi-Universal ? En déboulant dans les contenus comme un éléphant dans un magasin de porcelaine - celui de Canal+ - le PDG de l'opérateur historique pense effectivement aller dans le sens de l'histoire, comme « J2M » avant lui. Il l'a dit sans complexe lors de sa récente visite au MIP-TV : «Le monde des télécoms et celui des médias sont faits l'un pour l'autre (...). Seule la puissance des réseaux télécoms permet de distribuer des contenus individualisés avec de l'interactivité, et c'est ce que le consommateur veut aujourd'hui », a lancé un Didier Lombard conquérant.

Exit les vieilles chaînes « linéaires», place à la « Télé Orange » ! Le patron de France Télécom, qui faisait jusque-là profil bas, veut carrément révolutionner le « PAF » en mettant nos écrans à l'heure de sa « convergence ». Didier Lombard n'est pas le premier à en avoir rêvé. A la folle époque de la « Net économie », le flamboyant « J2M » avait marié la vieille Générale des Eaux avec le glamour hollywoodien des studios Universal pour construire un empire global susceptible de distribuer un torrent de programmes TV, de musique et de jeux vidéos à des centaines de millions d'abonnés. On sait comment l'histoire a fini : par une débâcle financière et un démantèlement partiel de l'éphémère « World Company ». A la décharge de Messier, la fusion AOL-Time Warner, qui avait inspiré la création de Vivendi-Universal, a elle aussi explosé en vol. Pour les mêmes raisons.

Trop tôt, trop vite, trop fort... Au tournant de l'an 2000, ni les technologies, ni le consommateur, ni les marchés n'étaient prêts pour la convergence. L'imprudente cavalerie financière de l'ex-banquier d'affaires et la panique des investisseurs ont eu raison de sa « vision ». Mais aujourd'hui, le haut-débit et la mobilité pour tous sont au rendez-vous, les contenus sont disponibles partout. Sur le plan technologique au moins, la convergence est en train de devenir une réalité.

« Je ne suis pas Citizen Kane », martèle Didier Lombard pour ne pas dire « Je ne suis pas Messier ». Mais sous ses airs de ne pas y toucher, le PDG de France Télécom fait exactement le même pari « global » que son homologue de Vivendi il y a dix ans. Reste à savoir s'il est mieux placé aujourd'hui pour orchestrer le grand mariage des tuyaux et des contenus. L'expérience cuisante des opérateurs télécoms qui se sont aventurés dans les médias ne plaide pas en ce sens. L'espagnol Telefonica, qui avait racheté Endemol pour 5,5 milliards d'euros en pleine bulle, n'a jamais su quoi faire du spécialiste de la « télé-réalité » : il a fini par le revendre moitié moins cher à Berlusconi. Et Belgacom, qui a dépensé 200 millions d'euros pour les droits du football belge, n'a jamais réussi à imposer sa « pay TV ».

Mais Didier Lombard est mieux armé que Jean-Marie Messier ne l'était à l'aube du XXIe siècle. France Télécom reste le premier opérateur de réseaux dans l'Hexagone avec 23 millions d'abonnés dans le mobile et autant dans le fixe. C'est aussi l'un des tout premiers opérateurs Internet européens avec 11 millions d'abonnés à l'ADSL. Et le groupe va encore se renforcer dans les « tuyaux » s'il parvient à racheter Teliasonera. Tout le contraire de Vivendi-Universal, qui avait mis le paquet sur les « contenus » au détriment des réseaux télécoms. Autre différence de taille, Didier Lombard a jusque-là été très économe de ses deniers.

Celui que l'on compare souvent à un « Guy Roux des télécoms » a acheté des contenus pour une durée (quatre ans pour le foot, cinq ans pour le cinéma) et un risque financier limités (200 millions d'euros par an pour les droits TV de la Ligue 1, près de 100 millions par an pour les films de Warner, HBO, Gaumont et Fidélité). Rien à voir avec Jean-Marie Messier qui avait mis 40 milliards de dollars sur la table pour s'offrir les studios Universal en croyant devenir le roi de la convergence... Bien cher payé pour une seule « Major » quand le consommateur veut accéder à tous les contenus !

C'est là où Didier Lombard a raison : dans l'ère numérique, ce sont les réseaux télécoms qui donnent de la valeur aux contenus en les acheminant jusqu'au consommateur. Mais contrôler la distribution ne suffit pas. « La télévision, c'est un vrai métier. On n'y réussit pas parce que l'on a des tuyaux et beaucoup d'argent. Il faut apprendre longtemps, avoir du talent et être constamment créatif », ironise Rodolphe Belmer, le directeur général de Canal+. « Les contenus sont l'oxygène de nos tuyaux », répond Didier Lombard. Reste à savoir si, à tout vouloir mener de front, le patron de France Télécom ne risque pas d'asphyxier son groupe sous le poids de la dette... comme Jean-Marie Messier avant lui. Aujourd'hui, le ratio d'endettement de l'opérateur français est dans les standards du secteur (avec un ratio de 1,9 en dette nette sur Ebitda). Mais avant même de songer à s'offrir Teliasonera et à acheter de nouveaux droits audiovisuels pour sa « Télé Orange », il doit déjà trouver de quoi refinancer 8 milliards d'euros sur sa dette actuelle d'ici à fin 2008. Heureusement pour Didier Lombard, France Télécom reste une belle « machine à cash » (6,3 milliards d'euros de profits l'an dernier) et la crise financière épargne pour le moment la high-tech. Mais « J2M » vous le dira : quand on échafaude des grands scénarios « convergents », on n'est jamais à l'abri d'un coup du sort...

JEAN-CHRISTOPHE FÉRAUD est chef du service High-tech-Médias des « Echos ». jcferaud@lesechos.fr

11 avril 2008

Un accord et des amendes contre le slamming.




Les fournisseurs d'accès ont signé une convention pour limiter les écrasements de ligne et rétablir rapidement la connexion. Vous êtes abonné chez un opérateur X et du jour au lendemain votre connexion ne marche plus, puis vous recevez un colis avec la box du concurrent Y ? Il y a de fortes chances que votre ligne ait été "slammée". Le slamming est une pratique déloyale (ou accidendelle) qui consiste à écraser la ligne ADSL d'un abonné sans son accord. Outre l'irritation ressentie à cause de l'abus de pouvoir, l'internaute doit faire face à 2 opérateurs et tenter de retrouver une connexion (sans parler d'une éventuelle indemnisation).
Rédigée par l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), la convention prévoit que les FAI s'engagent à rétablir en trois jours maximum et sans frais une ligne écrasée. Pour responsabiliser les opérateurs, une amende de 300€ par ligne sera également infligée.
L'écrasement de ligne peut résulter d'une erreur humaine lors de la commande du câblage (erreur de saisie...).
Avec l'explosion du haut débit, de nombreux foyers comptent aujourd'hui sur la fiabilité de leur connexion ADSL pour profiter de la téléphonie et de la télévision par IP. La convention signée entre France Télécom et les FAI va donc dans le bon sens. Reste à savoir si les mots seront bien retranscrits en actions efficaces pour que les internautes victimes de slamming puissent retrouver rapidement leur connexion. Rappelons au passage que l'ARCEP avait déjà publié une foire aux questions sur le slamming en janvier 2007. Les freenautes, de leur côté, bénéficient depuis 2005 d'une procédure de signalement via leur compte client, et peuvent appeler un numéro vert baptisé "SOS Slamming" au 0805 92 55 55.
Soure :
http://www.ariase.com/fr/news/slamming-convention-amendes-article-1554.html

Signature d’une convention de partenariat entre Tunisie Télécom et l’Office national de la poste


MM. Ahmed Mahjoub, PDG de Tunisie Telecom et Adel Gaaloul, PDG de l’office national de la poste ont procédé aujourd’hui, jeudi 10-4-2008 à la signature d’une convention de partenariat entre leur deux établissement portant sur la commercialisation par la poste d’une panoplie de services de Tunisie Télécom.
Cette convention vise à dynamiser davantage le réseau de distribution de Tunisie Telecom sur tout le territoire tunisien, à consolider son réseau commercial et à rapprocher davantage ses services de sa clientèle.
- Vente des abonnements téléphoniques fixes et mobiles dans les bureaux de poste.
- La poste commercialise les cartes de recharges et les packs téléphoniques.
Dans le cadre de ce partenariat, les bureaux de poste offriront, à partir du 21 du mois en cours des services et produits Telecom notamment à travers la commercialisation des :
- Abonnements téléphoniques fixes et mobiles
- Cartes de recharges fixes et mobiles
- Packs téléphoniques
- Service de TT cash.
MM Mahjoub et Gaaloul se sont félicité de la signature de cette convention et des nouveaux rapports de partenariat qui viennent d’être établis. Monsieur Ahmed Mahjoub à précisé à cet égard que Tunisie Telecom est fière de ce partenariat qui associe la Poste tunisienne aux efforts consentis par TT en vue de rapprocher davantage ses services de ses clients sur tout le territoire tunisien.
« Forte de quelque 1100 bureaux sur tout le territoire national, la Poste assurera une meilleure présence des services et produits de Tunisie de Telecom dans tout le pays. » a ajouté M. Mahjoub.

De son coté, Monsieur Adel Gaaloul, s’et félicité de la signature de cette convention soulignant que le partenariat entre les deux établissements ne peut que faciliter l’atteinte des objectifs fixés par les deux établissements aussi bien au niveau de l’amélioration de la qualité de service que du rapprochement de ses services de nos clients.

La guerre des portables à bas coût aura lieu


Un des piliers de la stratégie de Dell a toujours été de fournir des matériels aux prix les plus bas. L'information fournie par le Wall Street Journal selon laquelle Dell pourrait investir le « marché » des PC portables à bas coût n'a donc rien de surprenant. Plus précisément, Dell introduirait prochainement un portable à 399 dollars. Ce futur matériel serait fabriqué par l'assembleur taïwanais Compal, déjà sous-traitant de Dell. Les prévisions pour cette année sont déjà assez élevées puisque l'on parle d'un à deux millions d'unités livrées en 2008.

Cette annonce semble être une réplique à celle d'HP avec son modèle HP 2133 introduit cette semaine. Doté d'un écran de 8,9 pouces et de capacités de connexion sans fil Wi-Fi, ce matériel HP étant pour l'instant limité au secteur de l'éducation. Mais dans ce nouveau domaine des portables à format réduit et à faible prix, la vedette est pour l'instant l'Eee d'Asus. Le matériel avait fait une entrée tonitruante en France à grand renfort de promotion de la part de SFR en janvier dernier. Celui-ci s'était en effet associée avec Asus pour une offre à 199 euros incluant l'EeePC et de la clé Internet 3G+, pour surfer sur Internet partout. Associé à cet équipement, le Forfait Illimité EeePC était proposé à 29€90/mois pendant une période limité puis de 59 euros.

Il y a également les initiatives d'Intel et de Nicholas Negroponte baptisée respectivement Classmate PC et OLPC (One Laptop Per Child). Ces matériels sont également limités à des marchés spécifiques et des commandes en volume, principalement par des administrations nationales.

L'initiative n'est donc pas nouvelle. Fin 2004, Walmart avait mis à son catalogue un portable à moins de 500 dollars, 498 exactement. Ce matériel sous Linux était construit autour d'un processeur VIA C3 cadencé à 1 GHz et n'offrait pas de capacités de communication sans fil.

Le mieux est-il l'ennemi du bien ?

Ces différentes initiatives font la synthèse des tendances technologiques et des réflexions marketing des constructeurs. Cela rappelle celle d'une autre firme texane, Convex dans le calcul scientifique vers la fin des années 80 avec le lancement des minisupercalculateurs. Elle visait à offrir le quart de la puissance des supercalculateurs de l'époque et surtout le premier d'entre eux, Cray, pour le dixième du prix. Ou encore dans le domaine du logiciel, celle de MySQL dont l'idée simple est de proposer 90 % des fonctionnalités de la base de données d'Oracle pour le dixième du prix.

Jusqu'à une date récente, les PC ont toujours évolué dans la même direction : plus de performances et plus de fonctionnalités. Vista étant le dernier avatar de cette évolution. En dépit des déclarations de Microsoft, les résultats actuels avec Vista ne sont pas à la hauteur des espérances de l'éditeur et traduisent des tendances qui se sont accentuées ces derniers mois.

Le marketing entre en jeu

Ces mouvements récents sont à l'origine de la décision récente de Microsoft de repousser à juin 2010 la date limite de la disponibilité et du support de Windows XP SE (Standard Edition) aux fournisseurs de cette nouvelle catégorie - comme les aiment les spécialistes marketing - de l'ULC PC (Ultra-low-cost PC), autrement dit des PC à bas coûts, ou 12 mois après l'introduction commerciale de la prochaine version de Windows, référencée actuellement Windows 7 et qui devrait remplacer Windows Vista.

Il n'est d'ailleurs pas impossible que les constructeurs commercialisent des « Portables normaux » à ces nouveaux tarifs, mais ce serait aller trop vite et se couper d'une partie importante de leur revenu. D'où l'idée de créer une nouvelle catégorie de matériels qui s'ajoute à l'existant et ne la remplace pas.


On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif

Selon le cabinet Saugatuck (dans une note intitulée Shifting IT Realities Force XP Extension - But Is It Enough for Microsoft?), cette décision résulte de tendances récentes sur le marché des PC et de l'informatique en général qui sont peut être intervenues plus vite que les spécialistes l'auraient pensé.
Avec sa dernière version de Windows, Vista, Microsoft s'est inscrit dans la tradition « plus c'est mieux ». Cela fait un peu penser à une étude faite aux Etats-Unis qui montrait qu'une proportion importante des américains chaussaient des Nike ou des chaussures de sports équivalentes non pas pour faire de la course à pied mais pour des tâches toutes simples comme sortir leur poubelle.
Depuis 15 ans, les deux partenaires objectifs de la plate-forme Wintel ont évolué de concert. Au fur et à mesure qu'Intel (et AMD) proposait des processeurs plus puissants, Microsoft s'empressait d'en « pomper » une partie pour développer de nouvelles fonctionnalités à foison. Il n'y a qu'à utiliser Office 2007 pour s'en rendre compte. De telle sorte que l'utilisateur lambda met en oeuvre 5 % du logiciel. Vista est le dernier avatar de cette course poursuite entre le matériel et le logiciel. S'il offre de nombreuses fonctionnalités nouvelles, il est très consommateur en ressources machines et ne peut donc pas convenir pour cette nouvelle catégorie de matériels.

L'extension de la disponibilité et du support de Windows XP est le signe que les machines à faible coût ou « good enough » selon l'expression américaine répondent peut être aux besoins du moment. Il faut aussi prendre en compte les évolutions de la disponibilité de la bande passante des réseaux, et de l'accélération du cloud computing qui offre, via le réseau, toutes sortes de services : applications, puissance de calcul, stockage, sauvegarde, solutions d'administration... Plus généralement, les architectures SOA qui fournissent les applications sous forme de services Web participent aussi à ce mouvement.

En développant Windows Vista, Microsoft a conçu le phénomène des mobiles comme un phénomène à part, alors que, de plus en plus, il est intégré à l'informatique globale de l'entreprise. De telle sorte que les besoins des DSI sont toujours à plus d'intégration et d'interopérabilité entre les différents systèmes.

Les pays émergents entre en scène

Il faut aussi prendre en compte la présence croissance de logiciels Open Source dans le domaine de la mobilité : Le phénomène Android de Google et le projet LiMo (Linux Mobile).

Dernier élément à prendre en considération, la montée inexorable des marchés émergents qui prennent de plus en plus d'importance dans les chiffre d'affaires des fournisseurs, surtout de matériel (dans le domaine du logiciel, le piratage fausse un peu la situation) et qui n'ont pas connu tout l'historique de l'informatique des années 60 à 90. Dans ces marchés, la réalité technologique liée à la bande passante élevée et au Cloud Computing ainsi que le plus faible pouvoir d'achat de leurs utilisateurs militent dans l'expansion de ces nouvelles machines à bas coût.

Toutes ces considérations étant prises, le cabinet Saugatuck qualifie la décision de Microsoft d'intelligente et de réaliste. Mais il conseille au numéro Un du logiciel de l'étendre au-delà des machines ULC PC pour l'étendre à l'ensemble des machines de la catégorie PC. A la lumière de ces phénomènes, Microsoft est peut-être en train de réévaluer le développement de Windows 7. Mais ce ne sont là que pures spéculations.

08 avril 2008

France Télécom lance une offre de cinéma sur tous écrans


Le président de France Télécom, Didier Lombard, fait savoir que son groupe vient de signer des accords d'achats de droits de cinéma avec Warner, HBO et Gaumont. Dans une interview publiée dans Les Echos, il assure que le groupe n'entend pas produire lui-même de contenus mais indique que les clients se déterminent de plus en plus "sur la qualité et la richesse des services" de chaque opérateur.
France Télécom annonce le lancement prochain d'une offre de cinéma par abonnement disponible sur télévision, internet et les mobiles de sa filiale Orange.
Orange cinéma séries, qui doit être lancé au quatrième trimestre, bénéficiera d'accords d'achats de droits exclusifs de films et de séries signés avec les américains Warner et HBO et les français Gaumont et Fidélités films, précise le groupe dans un communiqué.
Elle sera proposée en option sur la télévision d'Orange accessible par ADSL mais aussi par satellite pour permettre la couverture de l'ensemble du territoire français.
GlobeCast, une filiale d'Orange, a signé à ces fins un accord avec l'opérateur de satellites Eutelsat. Avec cette offre, France Télécom se pose de plus en plus en un concurrent frontal de Canal+ (groupe Vivendi) sur le marché français, même si son président, Didier Lombard, assure dans une interview publiée lundi par Les Echos que l'opérateur télécoms "n'a pas vocation à être un groupe de télévision" et ne produira pas lui-même ses contenus.
"En revanche, on constate que les clients ne se déterminent plus sur la puissance des débits de leur opérateur, mais sur la qualité et la richesse des services qu'il propose," dit-il.
La même logique explique la participation de France Télécom au dernier appel d'offres sur les droits du football français, qui l'a vu remporter une partie des lots mis en jeu par la Ligue de football professionnel.
Didier Lombard a précisé que le groupe présenterait son offre football à la mi-mai et que celle-ci serait aussi disponible sur mobile, internet et sur la télévision par satellite.

Paquet Télécom, troisiéme acte

Quel bilan faites-vous de l’Europe des télécoms ?
Paul Champsaur : le cadre réglementaire européen adopté en 2002 a été remarquablement bien conçu et il a bien fonctionné, comme en témoignent les résultats obtenus. La concurrence s’est beaucoup développée et a été bénéfique tant aux acteurs qu’aux consommateurs. En voici quelques exemples : en 2003, l’Europe comptait 23 millions d'abonnés haut débit ; ils sont 100 millions au 1er janvier 2008. Dans le même temps, le nombre des abonnés mobiles a crû de 370 à 495 millions ; la convergence et le haut débit mobile (la 3G représente 20% des
abonnés mobiles européens) se généralisent et de nouveaux modes de communication apparaissent. Selon le 13ème rapport de la Commission européenne, rendu public le 20 mars dernier, le secteur des communications électroniques a généré en 2007 un chiffre d’affaires
de 300 milliards d’€, soit 2% du PIB de l’Union. 50 milliards d’€ ont été investis dans le secteur en 2007, autant qu’aux Etats-Unis. Tout cela est le fruit d'une concurrence dynamique et de prix en forte baisse. Pour le consommateur européen, la libéralisation des marchés des télécommunications est un vrai succès. Cela dit, chemin faisant, des problèmes sont apparus dans l'application de ce cadre européen, notamment en matière d'harmonisation. Par exemple Prenons l'exemple du dégroupage :
aujourd’hui, le principal objectif de la régulation concurrentielle en Europe occidentale est d’assurer l’accès à l’infrastructure essentielle que constitue la boucle locale fixe. En effet, Nous voici depuis quelques mois déjà – et probablement pour quelque temps encore – entrés dans une phase de révision du cadre réglementaire européen des télécommunications. C’est une période d’autant plus intéressante qu’elle coïncide avec la présidence française de l’Union… Autant d’occasions pour faire un bilan des forces et faiblesses du cadre actuel, et pour nous projeter dans l’avenir afin de jeter les bases de l’Europe des télécoms de demain.
Tout d’abord, force est de constater que le cadre actuel est globalement positif : en soutenant l’indépendance des régulateurs, et en les dotant des outils adéquats, il a permis, par exemple dans le haut débit, d’instaurer une concurrence qui a été un facteur d’innovation et d’investissement à la fois des nouveaux entrants, mais aussi des opérateurs historiques. Qui eût cru qu’en quelques années, il permettrait à 8 pays européens, dont le nôtre, de dépasser les USA en terme de pénétration et à la France de figurer au 2ème rang mondial en terme
d’usage de la VOIP, après le Japon, en pourcentage de la population utilisatrice ? D’ailleurs, plusieurs pays hors d’Europe nous envient ce cadre équilibré et s’en inspirent. C’est aussi l’Europe qui, sur des sujets transnationaux comme le roaming international a permis des avancées significatives. Enfin, en donnant des avis positifs sur les projets de partenariat publics-privés notifiés par les collectivités locales, c’est encore l’Europe qui a permis Gabrielle Gauthey, Membre de l’Autorité Le Parlement européen et le Conseil se sont engagés dans l'examen des propositions de la Commission européenne visant à modifier le cadre réglementaire des télécommunications. Pour le secteur, c’est le 3ème examen du « paquet télécom » en 15 ans. Changements institutionnels, procédures d’analyse des marchés, nouveaux remèdes aux problèmes de concurrence constatés, gestion du spectre des fréquences beaucoup de pays, et non des moindres, il n’y a qu’un réseau de boucle locale couvrant tout le pays, et il est détenu par l’opérateur historique en situation de monopole de fait sur ce segment de marché.
La concurrence ne peut fonctionner que si les concurrents peuvent accéder dans des conditions financières et opérationnelles non discriminatoires à cette boucle locale.
Or, si l’on constate une assez bonne convergence des tarifs de gros du dégroupage dans les
différents pays, j’estime que les conditions opérationnelles n'ont pas convergé en Europe ;
au contraire, il y a des pays qui font nettement mieux que d'autres pour assurer le développement de la concurrence, en particulier la non discrimination entre opérateurs entrants et opérateurs historiques. Ainsi, dans certains pays, les prestations d’accès à sa boucle locale (délais, qualité de service) accordées par l’opérateur historique à ses concurrents sont franchement dégradées par rapport à celles dont il bénéficie en interne pour construire ses propres services de détail.
Ainsi, implicitement, il y a plutôt divergence que convergence. Comment peut-on y remédier ?
C'est compliqué ! Il n’est pas aisé pour le régulateur d’y remédier autrement que par un travail technique opiniâtre basé sur un suivi régulier et des contacts permanents avec tous les opérateurs concernés. Pour cela, il faut développer toute une série d'instruments adéquats, des instruments d'information comptable sur les coûts, des outils de suivi de la qualité de service, c’est à dire des indicateurs de qualité sur les marchés de gros et de détail. Ils permettent de vérifier si l’on converge ou pas, si on approche de la non discrimination ou pas. Je note au passage que le vrai indicateur sur le marché du haut débit est le dégroupage total, tant en
termes de nombre de lignes que de qualité de service. En France, nous avons fait un effort important. Ce n’est pas le cas d'autres pays européens où l’on constate que les opérateurs alternatifs ne bénéficient pas de conditions opérationnelles d'accès au réseau satisfaisantes. Face à ces difficultés résultant de la difficulté de réguler l’opérateur historique verticalement intégré, il peut être tentant d’emprunter une autre voie, celle de la désintégration verticale.
Vous faites allusion à la séparation fonctionnelle ?
Tout à fait. La séparation fonctionnelle est aux télécoms ce que l’arme de dissuasion nucléaire est à la défense. Pour que le régulateur n’ait pas à l’utiliser, sa menace doit pousser les opérateurs à des comportements vertueux. Sur ce sujet, notre ligne est simple : s’il n’est pas question d’empêcher un pays d’adopter la séparation fonctionnelle comme remède approprié à sa situation, il n’est pas souhaitable que la Commission promeuve l’application systématique de ce remède lourd et difficilement réversible. Cette approche, retenue en Grande Bretagne avec la création d’OpenReach, entité séparée au sein de BT, pérennise l’existence d’un monopole naturel, la boucle locale, réputée alors non duplicable et donc durablement régulée.
Prendre cette voie, c’est stopper l’extension de la concurrence par les infrastructures et repousser indéfiniment l’effacement complet de la régulation sectorielle au profit du droit commun de la concurrence alors que ces principes sont au cœur du cadre européen. En outre, la capacité d’opérateurs concurrents à investir dans leur propre boucle locale leur donne une autonomie technologique maximale, source de différenciation dans les services et auprès des consommateurs, qu’ils n’auraient pas s’ils devaient recourir à une boucle locale commune, même bien régulée. Les exemples de la substitution de la fibre au fil de cuivre, ou du raccourcissement de la boucle locale (NRA-ZO par exemple) en témoignent. Par ailleurs, la séparation fonctionnelle est en contradiction avec l’objectif de neutralité technologique, autre pilier du cadre européen.
Que pensez-vous de la réforme du cadre institutionnel ?
Je vous l’ai dit en préambule, le cadre actuel est bien conçu : il fonctionne selon les mêmes principes que le droit commun de la concurrence et offre une flexibilité qui permet d'accompagner l'évolution des marchés. Sa logique et ses grands principes restent d’actualité. Les évolutions à y apporter doivent donc à mon sens être modestes. Je note en second lieu que les télécoms, comme les autres secteurs économiques, doivent s’inscrire dans le schéma de fonctionnement institutionnel de l'Europe tel qu’il existe. Ce cadre institutionnel est marqué par un certain équilibre des pouvoirs entre les Etats membres et les Institutions eurod’asseoir
une jurisprudence sur un modèle d’intervention innovant et dont le bilan est positif pour la couverture en haut débit de notre territoire. Il nous revient aujourd’hui d’adapter ce cadre. Au-delà de l’allègement prévu de la régulation dans les domaines où l’on constate une situation de concurrence pérenne, de nouveaux développements risquent de se heurter à des « goulots d’étranglement » durables sur lesquels la régulation sectorielle doit se concentrer.
Quels sont-ils ?
Tout d’abord, le très haut débit : l’arrivée de la fibre dans le réseau d’accès est structurante pour les décennies à venir ; elle est porteuse de formidables opportunités mais aussi de risque de retour au monopole, en raison du montant des investissements en jeu, notamment dans les infrastructures passives. Très vite, l’Europe a réfuté le « regulatory holiday » en vogue outre-Atlantique. Forte des recommandations des régulateurs réunis au sein du GRE, en particulier de la France, qui était en avance dans la réflexion, elle envisage de doter les régulateurs de nouveaux outils à même de préserver dans ce contexte nouveau, la concurrence et l’incitation à l’investissement : accès aux fourreaux, mais aussi obligation symétrique de partage des
infrastructures, notamment de la fibre, afin d’éviter la reconstitution de monopoles et même, pour les pays qui le souhaitent, séparation fonctionnelle. Il s’agit là d’un outil supplémentaire optionnel, n’ayant vocation à être employé qu’en cas de constat d’échec des outils précédemment mentionnés. Le second sujet est celui de la poursuite de l’harmonisation, là où elle est nécessaire. Elle apparaît déterminante dans deux domaines : le spectre et le traitement des terminaisons d’appels mobiles. L’Europe est trop morcelée pour pouvoir faire l’économie d’une harmonisation européenne plus proactive de certaines bandes de fréquences (télévision mobile, dividende numérique…) si nous voulons qu’une industrie européenne se développe et que les mobiles puissent passer les frontières. « Pour le consommateur européen, la libéralisation des marchés des télécoms est un vrai succès. » péennes, et se traduit notamment par une coopération constructive entre la Commission et les Etats, qu’ils soient représentés par les gouvernements, ou par les régulateurs. Nous souhaitons que le nouveau cadre réglementaire européen des télécoms s’accommode des institutions européennes telles qu’elles sont et permette une collaboration plus dynamique entre les Etats et la Commission.
Comment ?
Actuellement, cette coopération s’effectue à travers le Groupe des Régulateurs
Européens (GRE), qui rassemble la Commission et les 27 régulateurs nationaux. Mais,
embarrassée par la recherche du consensus, une assemblée de régulateurs indépendants ne
peut guère aller au-delà de l’échange d’expériences et, au mieux, de la mise en évidence
prudente des meilleures pratiques. En conséquence, pour progresser, il faut que la Commission soit impliquée et s'implique.
Que proposez-vous exactement ?
Il faut instituer une collaboration constructive permanente entre le GRE, érigé en Comité
Consultatif doté d’une nouvelle gouvernance (NDLR : un peu à la manière du Comité des
autorités nationales de concurrence, cf page 9 ), et la Commission ; que celle-ci, après avoir pris en compte, en y participant, les travaux des groupes de travail du GRE, formule des propositions et demande formellement son avis au GRE ; que ce dernier se prononce à la majorité ; qu’enfin, les mesures adoptées dans la transparence, notamment vis à vis du Parlement européen et du Conseil, soient mises en oeuvre par tous. La Commission s’appuierait ainsi sur les compétences techniques fortes des régulateurs nationaux pour formuler des propositions et ne pourrait se lancer dans des initiatives qui n'accueilleraient pas une approbation suffisante de la part des régulateurs, donc des Etats. La Commission doit s’appuyer sur les compétences des ARN. Mais elle seule a la légitimité pour mobiliser ces compétences au service de l’Europe.
L’EECMA, si elle est créée, n’organise-t-elle pas cette coopération ?
L’EECMA permettrait certes à la Commission de disposer de moyens accrus au niveau européen mais elle ne la forcerait plus à s'appuyer sur les compétences des régulateurs, beaucoup plus en phase avec les réalités techniques du terrain et les problèmes concrets des consommateurs. Par ailleurs, et surtout, l’EECMA bouleverse l'équilibre des pouvoirs entre la Commission et les Etats membres puisque, par son intermédiaire, la Commission se trouve dotée de pouvoirs bien plus forts, notamment celui de veto sur les remèdes, et de modification de ces remèdes. Elle peut donc imposer des décisions sans réellement demander l'avis des Etats, ce qui n’est ni admissible, ni cohérent avec l'équilibre institutionnel actuel. Traditionnellement, pour réaliser ce type de bouleversement dans l'équilibre des pouvoirs entre la Commission et les Etats, il faut un Traité. Je m’interroge sur la cohérence de la Commission en la matière : ainsi, à propos de la demande de certains Etats de créer un « super-régulateur » des marchés financiers, Manuel Barroso, président de la Commission européenne, leur a répondu, dans le cadre d’une interview au Financial Times :
« We certainly have no intention at all of having some kind of European super-regulator. But we want increased transparency and more cooperation among regulators ».
Tout le monde s’accorde à dire qu’il y a un besoin accru d’harmonisation en Europe.
D’où vient le déficit actuel ?
Du fait de sa flexibilité et de son articulation avec le droit commun de la concurrence, le cadre
de 2002 réclamait de la part des autorités de régulation nationales (ARN) un effort important de mise à niveau et de redéploiement (plus d’analyses technologiques et économiques pour justifier les décisions envisagées, plus de transparence). Dans l’ensemble, les ARN ont réussi et la qualité de leur expertise est dorénavant un atout pour le secteur. Par contre, la Commission n’a pas, de son côté, réalisé un effort similaire, en partie parce qu’elle a consacré beaucoup de moyens au contrôle essentiellement juridique des décisions proposées par les ARN. De ce fait, les services de la Commission manquent d’expertise et de moyens dans plusieurs domaines, notamment en matière de spectre.
Par ailleurs, il existe encore une trop grande disparité dans les méthodes de calcul du coût des terminaisons d’appels, à la fois entre les pays, mais aussi entre les opérateurs fixes et mobiles, ce qui induit d’importantes distorsions de concurrence. C’est bien à l’Europe qu’il revient de fixer les lignes d’une nouvelle direction dans ce domaine. Enfin, le troisième sujet est celui de la convergence tant annoncée entre les contenus et les réseaux qui suppose des avancées dans deux domaines : l’évolution des conditions d’accès aux contenus d’une part et une plus grande harmonisation des conditions de gestion du spectre entre les secteurs des télécoms et de l’audiovisuel, tenant compte notamment de la numérisation des contenus. Là encore, sans aller jusqu’à adopter l’extrême flexibilité qui apparaît comme la cible fixée par la Commission dans ses propositions, c’est bien l’Europe qui devrait nous permettre d’avancer.
Il est normal que, comme à chaque révision, se pose la question de l’équilibre des pouvoirs entre Etats membres, régulateurs nationaux et la Commission pour concilier meilleure prise en compte des réalités locales et plus grande efficacité.
Le groupe des régulateurs européens est une instance essentielle où se forge une culture commune de la régulation, où s’élaborent des outils de comparaison de l’efficacité des
politiques de ses différents membres, mais aussi où se pensent les évolutions de la régulation.
Ce réseau informel doit évoluer vers une entité reconnue en droit européen, responsable devant les institutions européennes et doté d’une gouvernance effective. Ce n’est qu’à cette condition qu’il deviendra un partenaire efficace de la Commission et qu’il l’assistera dans
les initiatives d’harmonisation qu’elle seule doit et a le pouvoir de mener. Ne nous leurrons pas, nous sommes à un moment essentiel où il est de notre devoir de collectivement anticiper,
participer au débat qui s’ouvre, proposer, afin de construire ensemble les grandes lignes du cadre européen et français de demain au profit du consommateur, de l’innovation et de
l’investissement dans les communications électroniques.
D’autres questions nouvelles méritent-elles l’attention ?
La convergence fixe-mobile tout d’abord, qui soulève aujourd’hui de nouvelles questions de
concurrence. Le cadre actuel a installé une paroi quasiment étanche entre réseaux fixes et réseaux mobiles. Cette approche s’expliquait par les situations respectives des réseaux fixes, stables, et des réseaux mobiles, en plein développement. Elle n’est plus justifiée aujourd’hui et les conditions de concurrence entre réseaux fixes et mobiles sont déséquilibrées au bénéfice des seconds. Ainsi, le tarif régulé de terminaison d’un appel fixe vers mobile est infiniment plus cher que le tarif réciproque…
Cela n’est aujourd’hui plus justifié. De même, un opérateur de réseau mobile peut
aujourd’hui investir dans la construction d’un réseau haut débit fixe complémentaire de son
réseau mobile de façon à offrir des services convergents fixe-mobile. Par contre, un opérateur fixe peut difficilement s’engager dans la voie réciproque du fait de la rareté des fréquences et des contraintes restrictives imposées par les opérateurs mobiles aux accords de MVNO. Un rééquilibrage harmonisé doit avoir lieu afin que les opérateurs, partout en Europe, puissent faire des offres de convergence fixe- mobile dignes de ce nom. Pour terminer, le nouveau cadre européen aborde, pour la première fois, les questions de l’accès aux contenus.
Quelle est la problématique ?
Si nous voulons que le très haut débit se développe, il faudra des services de qualité. Or,
aujourd’hui, il existe, pour les opérateurs télécoms qui vont investir dans la fibre optique, un
vrai problème d’accès aux contenus. Le développement du très haut débit suppose en effet que les opérateurs aient un accès raisonnable aux contenus audiovisuels, et qu’un partage équitable de la valeur puisse être mis en place. Cette question n’est d'ailleurs qu'un élément
de la problématique contenant/contenus. Il est difficile d'imaginer qu'il puisse y avoir beaucoup d'investissements dans les nouveaux réseaux pour accroître les débits (c'est-à-dire pour faire passer des contenus audiovisuels, ou d'autres contenus) si les opérateurs de réseaux ne récupèrent pas un peu d’argent au passage. Le problème de l’accès aux contenus des réseaux télécom et les questions de neutralité du net doivent clairement être posées. Je ne suis pas partisan de la neutralité pure et dure ; il me semble normal que les services qui tirent effectivement parti des infrastructures, qui utilisent la bande passante, comme les fournisseurs de services audiovisuels,
contribuent au financement des réseaux, c’est à dire à l'investissement réalisé par les opérateurs pour augmenter la bande passante et garantir la qualité de service.
Et cela s’est traduit soit par un manque d’harmonisation, soit par des interventions trop tardives et donc excessives quand les problèmes devenaient criants (par exemple le règlement européen sur l’itinérance internationale ou roaming qui va jusqu’à déterminer les prix de détail) alors que des actions plus précoces, plus modestes et respectueuses de la logique fondamentale du cadre auraient été suffisantes.
Vous considérez donc que la Commission n’aurait pas dû fixer arbitrairement les tarifs de détail du roaming ?
Le cadre actuel est difficilement intelligible par le grand public car il repose sur des principes relativement abstraits et parce que sa mise en oeuvre est inévitablement complexe. Par exemple, le fait que la régulation se concentre sur les marchés de gros et plus particulièrement sur les goulots d’étranglement alors que les marchés et les prix de détail sont peu ou pas régulés, ne se justifie pas de manière simple. Aussi quand un problème est reconnu par le grand public sur un marché de détail, par exemple les tarifs d’itinérance internationale (ou les tarifs des appels surtaxés), il est tentant de court-circuiter la démarche normale du régulateur consistant à examiner et éventuellement influencer les marchés de gros sous jacents avant toute intervention sur les marchés de détail. Pourtant, cette démarche est la seule qui réconcilie les intérêts de long terme des consommateurs, du secteur et de l’économie européenne. Il n’y a donc pas d’alternative à ce que les régulateurs et les institutions concernées expliquent patiemment leur action et développent leurs relations avec les associations d’usagers. Les opérateurs ont aussi un rôle à jouer dans cet effort d’explication. Cela signifie qu’ils doivent accepter de bonne grâce la perspective d’une concurrence saine plutôt que de défendre trop longtemps des rentes susceptibles d’entraîner en réaction une régulation excessive et dommageable à tous.
Vous avez mentionné le spectre hertzien : estimez-vous que le nouveau cadre institutionnel proposé par la Commission est satisfaisant ?
En matière de fréquences, les décisions de répartition entre grands usages (sécurité, audiovisuel, télécommunications, …), ainsi que les modalités financières d’allocation relèvent des Etats nationaux. Les règles que la Commission veut généraliser – neutralité des services, allocation par pur mécanisme de marché en matière d'attribution du spectre – sont louables dans l’absolu, mais ne sont pas adaptées, car l’Europe n’a pas une structure fédérale. La Commission ne peut donc pas adopter des principes et des méthodes dont les bienfaits supposent qu’ils soient mis en œuvre au niveau fédéral, alors qu’en Europe ils le seraient au niveau des Etats avec le risque d’une fragmentation du marché européen. Les Etats savent bien qu’une harmonisation européenne prospective est une condition nécessaire pour que se développent un grand marché intérieur d’équipements et une forte industrie européenne.
Il n'y a donc pas d'alternative à une harmonisation européenne dans le cadre de l'équilibre actuel des pouvoirs. Et jusqu’ici, dans ce domaine, la Commission n'a pas suffisament anticipé. Elle n'a pas mis assez tôt sur la table des propositions d'harmonisation sur lesquelles les Etats auraient pu prendre position ; elle n'a même pas aidé les Etats à faire des choix corrects chez eux. La Commission doit maintenant se doter, si possible en interne, d’une compétence technicoéconomique suffisante pour pouvoir proposer aux Etats une politique d’harmonisation active dont le premier bénéfice serait de les éclairer sur les choix délicats concernant l’affectation du spectre hertzien à différents usages.
Vous pensez au dividende numérique ?
Oui, il s’agit bien d’une mesure d’harmonisation de l’usage du spectre sur le territoire de l’Union Européenne effectivement nécessaire pour qu’un pays européen puisse développer sur les parties les moins denses de son territoire des services mobiles à très haut débit (une à plusieurs dizaines de Mbit/s) sans que ceux-ci soient brouillés par les émetteurs audiovisuels hertziens à forte puissance des pays voisins. Cette mesure d’harmonisation est également une condition pour que l’industrie européenne se lance dès aujourd’hui dans la mise au point des équipements qui pourraient alors être disponibles au début de la prochaine décennie, c’est à dire dès que seraient libérées, par l’extinction de la diffusion hertzienne analogique, les fréquences adéquates. Pourtant, l'Europe est allée en ordre dispersé à la Conférence Mondiale des Radiocommunications de Genève. On peut même dire que la Commission est arrivée après la bataille. « Il me semble normal que les fournisseurs de services audiovisuels contribuent au financement du très haut débit. »